La femme en Islam

Le défi de la scolarisation des filles en Côte d’Ivoire

Aujourd'hui la scolarisation des filles en Côte d'Ivoire représente un défi majeur pour les pouvoirs publics. Quelle solution l'islam apporte-t-il ?

Par Diomandé Mamadou

L’islam accorde une place de choix à l’éducation des enfants y compris celle des filles. La scolarisation des jeunes filles qui est un élément primordial d’instruction et un moyen de parvenir à leur autonomie est un défi auquel se confronte le monde depuis longtemps. Aux lendemains des indépendances, en Afrique, la scolarisation féminine et la formation des femmes sont apparues comme peu importantes. Les discours optimistes et les différents engagements internationaux recommandant l’avènement proche de la scolarisation primaire universelle, laissaient supposer qu’il suffisait d’atteindre la généralisation de l’enseignement primaire pour que, les filles puissent également bénéficier de l’enseignement primaire [1]. Quelle est la position de l’islam sur la question de l’instruction des filles ?

La formation des femmes est devenue une préoccupation pour les gouvernants africains pour des raisons sociales et économiques, suite à l’échec de plusieurs projets de développement résultant principalement du manque de participation des femmes qui représentent l’essentiel de la main d’œuvre. C’est ainsi que nous notons une augmentation du nombre d’enfants au primaire et une chute du pourcentage d’enfants n’ayant jamais été scolarisé. Cependant la scolarisation féminine demeure toujours faible et le fossé constaté entre filles et garçons est large. En Afrique subsaharienne, le taux de scolarisation des filles, quelle que soit la fourchette d’âges, reste le plus faible de par le monde.

En Côte d’Ivoire, en 2012, et ce depuis l’accession du pays à l’indépendance, le taux de scolarisation des femmes avait connu un accroissement. Il apparait, néanmoins, en matière de scolarisation primaire, de fortes inégalité entre les sexes au détriment de la grande majorité des filles malgré l’importante hausse de la population féminine scolarisable ces dernières années [2]. La sous-scolarisation et la déscolarisation constituent des entraves dans l’atteinte  à l’éducation primaire universelle, principalement chez les jeunes filles. Toutefois, il est à noter que la Cote d’Ivoire revient de loin en matière d’éducation. Pendant près de deux décennies (1992-2011), le système éducatif ivoirien n’a pas fonctionné en raison des crises multiformes qui ont qui secoué le pays ; situation qui a amené nombre d’observateurs à qualifier cette génération scolaire de génération sacrifiée. Depuis 2011, le gouvernement ivoirien a consenti à beaucoup d’efforts en vue de changer cette donne.  Ainsi, en 2015, l’Etat ivoirien a alloué ¼ ou presque 5% de son PIB à l’éducation [3]. Ces efforts consentis de l’Etat se sont révélés payants puisque le taux de scolarisation des femmes s’est accru.

Quoi qu’il en soit, comme indiqué plus tôt, les enseignements de l’islam mettent un accent sur l’éducation des enfants sans discrimination de genre, de sexe. Ces enseignements sont conformes à la déclaration universelle des droits de l’homme qui édicte que les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droit (art.1) et de renchérir que tout homme a également droit à la santé et à l’éducation (art.23), qui a vu le jour quatorze siècles plus tard.

Le Prophète de l’islam a d’ailleurs qualifié la scolarisation des filles comme un devoir, et pas que comme un droit. Selon un hadith d’Ibn Majah il a déclaré :

« Il est du devoir de chaque croyant et croyante d’acquérir de la connaissance »

D’ailleurs, il ressort que l’éducation des filles a de nombreux avantages pour une nation. Sur ce point, signalons entre autres qu’une femme qui a fréquenté l’école peut assurer à ses enfants une meilleure santé tout en diminuant l’éventualité de la mortalité infantile. La scolarisation des filles participe à mettre fin aux mariages forcés, et des enfants. Les femmes ayant fait des études secondaires et supérieures peuvent espérer avoir un salaire plus important et accéder à une certaine indépendance financière au détriment de celles n’ayant pas fréquenté l’école.

Cependant, plusieurs entraves sont perpétuellement à l’origine de la sous-scolarisation et du maintien des filles à l’école en Côte d’Ivoire dont les mariages forcés, les clichés sur les rôles sexistes, le traitement préférentiel donné par les parents à l’apprentissage des garçons, et dans une certaine mesure s’ajoutent des obstacles déguisés en injonctions religieuses qui imputent un autre rôle à la femme.

La position de l’islam sur la question de la scolarisation des filles est sans équivoque. Qualifiées de femmes musulmanes rétrogrades et présentées comme vivant sous la tutelle perpétuelle des hommes  par l’occident, l’islam a éé la première religion à honorer clairement le statut de la femme et à lui accorder sa liberté tout en reconnaissant ses droits fondamentaux. Dans le Saint Coran, il y a de nombreux versets qui s’adressent simultanément aux hommes et aux femmes. L’islam rejette le paradigme qui veut que la femme soit inférieure à l’homme. Il importe de souligner qu’une telle bienfaisance est essentielle pour la paix, le confort, le bonheur, la continuation de l’espèce et le progrès [4]. Le Saint Coran nous enseigne que l’homme et la femme ont été créés de la même espèce comme en témoigne le verset ci-après :

Il vous créa d’un seul être ; ensuite de cet être il fit sa compagne [5].’

L’islam décourage, en société, toute discrimination à l’égard des femmes. Ainsi selon l’islam, l’implication des femmes peut se faire à tous les niveaux de la vie sociale et civique. L’islam insiste sur le traitement honorable des femmes et la protection de leurs droits. C’est parce que l’islam ne badine pas avec l’éducation des filles qu’une femme à l’image de la mère des croyants, A’isha (ra) reçut ce titre du Saint Prophète saw qui a mentionné : « Vous pouvez apprendre la moitié de la foi de A’isha [6] (ra). »

L’islam a accordé le droit à la scolarisation aux femmes il y a plus de 1400 ans de cela. Si l’on compare avec la situation des pays occidentaux qui ne manquent pas de critiquer les enseignements de l’islam au sujet du droit des femmes, il est intéressant de noter que les femmes n’avaient pas le droit de passer un examen en présentiel à l’université de Cambridge et obtenir un diplôme d’université jusque les années 80. Elles ont également été admises à l’université d’Oxford pour la première fois en 1920.

En clair, l’éducation en islam n’est pas l’apanage d’un seul sexe.


A propos de l’auteur : Diomandé Mamadou est titulaire d’un Master en Histoire Moderne et Contemporaine de l’Université Alassane Ouattara, en Côte d’Ivoire. Il est le Secrétaire à la publication au sein de la Majlis-e-Amla nationale et de la Khouddam-ul-Ahmadiyya de Côte d’Ivoire.


Références

[1] – L’école et les filles en Afrique, Scolarisation sous conditions, sous la direction de Marie-France Lange, p.7-8

[2] – Yéo Soungari et Kei Mathias, Le Défi de la Scolarisation Primaire Universelle des Filles dans la Région du Worodougou en Côte d’Ivoire, p.394

[3] – Groupe de la Banque Mondiale, Le Défi des Compétences : Pourquoi la Cote d’Ivoire doit réformer son système éducatif ?, Quatrième édition/Janvier 2017, p.26

[4] – Chaudhry Muhammad Zafrullah Khan, La femme en Islam, p.1

[5] – Le Saint Coran, Chapitre 30 verset 7

[6] – Hadhrat Mirza Masroor Ahmad aba, La dignité de la Femme au sein de la Communauté Islamique Ahmadiyya, p.6

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