Ramadan

Le Ramadan est-il le mois des excès alimentaires ?

Une alimentation saine est nécessaire au cours du Ramadan.
Une alimentation saine est nécessaire au cours du Ramadan.
La science d’aujourd’hui a démontré les bienfaits du jeûne. Or, plus de 14 siècles de cela le Prophète de l’Islam l’avait déjà expliqué en disant « jeûnez et vous serez en bonne santé. »

Commune à toutes les religions, le jeûne est une pratique d’intérêt spirituel depuis la nuit des temps. Après avoir été boudé plusieurs années en Occident, il est aujourd’hui expérimenté sous différentes formes. Son impact positif sur la santé attire de plus en plus d’adeptes, faisant du jeûne un véritable mode de vie.

Le jeûne consiste à passer d’un métabolisme qui consomme de la nourriture extérieure à une privation conduisant le métabolisme à consommer la nourriture en réserve. Cette pratique était familière à l’époque de nos ancêtres car leur subsistance provenait essentiellement de l’agriculture et de l’élevage qui dépendaient directement des saisons.

Dans les périodes difficiles, telles que l’hiver, la mousson ou la sécheresse, les faibles récoltes poussaient la population à entrer dans une phase de jeûne saisonnier. Le corps, pour sa survie, est en effet capable de ralentir son métabolisme et de mettre en place des mécanismes biochimiques particuliers, comme l’utilisation des graisses afin de produire de l’énergie, ce qui conduit à un état physiologique dit de « cétose ».

À l’aube du vingtième siècle, le boom du marché international a engendré une profusion de nourriture et ses conséquences sur notre santé sont sans précédent. Les frigos et les placards sont remplis toute l’année et s’il venait à manquer un produit, pas de panique, il n’y a qu’à aller chez l’épicier du coin. Cette abondance a clairement conduit le monde à délaisser temporairement la pratique du jeûne, mais celui-ci n’a pas dit son dernier mot.

En effet, nous avons remarqué que la pratique du jeûne dans le monde occidental est devenue notamment à travers le Intermittent Fasting, un phénomène très en vogue car, selon plusieurs études, le jeûne présente des bienfaits sur notre santé physique. C’est d’ailleurs pour cette raison que bon nombre d’établissements hospitaliers proposent le jeûne comme thérapie pour prévenir voire guérir de certaines maladies.

Pourtant, pour les musulmans les bienfaits du jeûne ne sont pas une nouveauté, bien au contraire. En effet, quatorze siècles de cela, le Saint Prophètesa, qui n’était ni médecin ni scientifique, avait clairement vanté les bénéfices du jeûne sur le corps en déclarant « Sawmou Tassihou » c’est-à-dire « jeûnez et vous serez en bonne santé »[1].

À une autre occasion il a déclaré[2] « toute chose doit s’acquitter de l’aumône, l’aumône du corps est le jeûne ».


L’Islam nous enseigne que l’aumône est un sacrifice qui permet de bénir et de purifier. Par exemple nous pouvons sacrifier nos biens ou notre temps pour attirer des bénédictions divines, et de la même manière, en observant l’aumône du corps à travers le jeûne du mois de Ramadan, nous purifions notre corps et il en découle une meilleure santé.


Le deuxième Calife de la Communauté Musulmane Ahmadiyya a écrit[3] à ce sujet :


« Le jeûne libère le corps de plusieurs maladies et récemment, il a été découvert que la vieillesse et la faiblesse naissent suite à l’accumulation de certaines matières qui causent la maladie ou la mort. Le jeûne y est un excellent remède. »

Les études récentes ont confirmé ces affirmations en prouvant que le jeûne avait effectivement de multiples effets bénéfiques sur notre corps. En effet, la digestion est un processus qui consomme beaucoup d’énergie, surtout après un repas lourd et riche en sucre. D’ailleurs il n’est pas rare de ressentir une fatigue physique après un repas copieux, d’où la fameuse sieste d’après repas que certaines personnes font quotidiennement. L’état de jeûne permet justement d’économiser l’énergie qui est d’habitude consommée à la digestion et cette énergie sera utilisée pour l’autophagie.  


En effet, il est bien connu que l’effet thérapeutique du jeûne est l’élimination des toxines (déchets pour le corps), un meilleur fonctionnement des tissus, le renouvellement des cellules et une régénération des organes souvent surmenés par notre mode de vie stressant. Après environ 24 heures de jeûne, les réserves de glycogène s’épuisent. Le corps va alors produire l’énergie qui lui est nécessaire à partir des réserves de tissu adipeux et de protéines.

D’après certains médecins et neuroscientifiques, le jeûne a des répercussions positives sur le corps humain, notamment sur l’équilibre hormonal, la normalisation de la tension artérielle, le contrôle glycémique, le cholestérol, sur les capacités cognitives (c’est-à-dire sur la façon de percevoir les choses, sur le raisonnement, la concentration, l’acquisition des connaissances, l’adaptation et l’interaction avec les autres). L’arthrite et la polyarthrite, les allergies, l’asthme ou les maladies digestives telles que les colites ou les gastrites évoluent positivement.

De plus, le stress et l’irritabilité diminuent pour laisser place à une meilleure humeur et à un état de bien-être général. La liste est longue mais vous l’aurez compris, le jeûne est un moyen naturel et gratuit pour revitaliser et recharger son corps.

Cependant, il est important de rappeler qu’il faut éviter de manger à profusion la nuit tombée au risque de compromettre les bénéfices physiques susmentionnés. Il n’est pas rare de voir des tables garnies de manière excessive, car pour certains, le Ramadan est malheureusement considéré à tort comme le mois des excès alimentaires, synonyme de privation le jour et d’opulence le soir, d’aucun se voient même consommer plus que d’habitude. Pourtant, le Saint Prophète Mohammad, qui ne changeait en rien ses habitudes alimentaires pendant le mois de Ramadan, a conseillé de rompre le jeûne avec modestie c’est-à-dire avec une datte ou de l’eau[4].

À notre époque où l’alimentation est trop riche, transformée voire ultra-transformée, le jeûne représente une véritable cure à condition bien évidemment de l’observer tel que nous l’a enseigné le Saint Prophètesa afin d’en tirer un maximum de bénéfices, non seulement sur le plan physique, mais aussi moral et spirituel car ces trois aspects sont étroitement liés.


À propos de l’auteure : Jamila Idbelaïd Goncalves est une Française de confession musulmane. Coach sportive diplômée de l’État, elle exerce dans ce domaine depuis 12 ans. Elle est actuellement la secrétaire sport et santé au sein de la branche PAAMA de la Lajna Ima’illah France (la branche féminine de l’Association Musulmane Ahmadiyya de France).


[1] Jami’al-Saghir de l’Imam Al-Suyuti

[2] Ibn Majah, Kitab-Us-Sawm

[3] Tafsir-e-Kabir, volume 2, page 375

[4] Sunan At-Tirmidhi Kitab Uz Zakat

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