Ramadan

Le Ramadan est-il synonyme de grève de la faim ?

Les musulmans sont-ils bons uniquement pendant le Ramadan et mauvais les autres mois de l’année ?

Par Asif Arif

Le mois béni du Ramadan a déjà commencé et nous sommes aujourd’hui proches du second Ashra’ (deuxième décade) de ce mois béni. Comme chaque année, les mosquées, que d’aucuns oublient toute l’année, sont pleines à craquer avec des rangs pleins et des prosternations émotionnelles. Souvent, au cours de ce mois du Ramadan, on rappelle volontiers aux musulmans qu’ils doivent tenter de maintenir les bonnes habitudes acquises pendant ce mois béni tout au long de l’année. Mais dès que le Ramadan est passé, les mauvaises habitudes reprennent le dessus.

Dualité des musulmans ?

Il est alors nécessaire, face à ce constat, de dresser d’abord un état des lieux de notre précédent Ramadan et ce que nous nous sommes promis de faire ou de ne pas recommencer. Si nous avons échoué, cela veut dire que quelque part, nos prières n’ont pas été assez intenses ou que notre volonté nous a fait défaut. Si dès le mois béni du Ramadan passé nous nous remettons à nos mauvaises habitudes, est-il étonnant que les personnes qui ne partagent pas notre religion posent le constat d’une forme de dualité musulmane ? Bons pendant le Ramadan, mauvais pendant les mois qui suivent.

Cela serait un lourd fardeau que nous ferions peser sur notre religion. Nous trahirons notre noble Prophète de l’islam, qui, jour et nuit, a dévoué sa cause à l’islam, a passé son temps à prier pour nous, pour l’islam, pour sa communauté de croyants (les musulmans) et que remercions par la dualité de notre conduite. Nous insultons la mémoire des compagnons du Prophète qui ont été les martyrs sur les théâtres les plus atroces des guerres qui ont été menées contre l’islam.

La réalité est que le Prophète de l’islam nous a laissé un joyau, un rubis, un diamant dont la valeur matérielle est certes dérisoire mais dont la valeur spirituelle est assurément la plus importante. Il nous a laissé son exemple en démontrant que l’on peut être encore plus pieux, encore plus altruiste, encore plus fraternel, encore plus proche de Dieu pendant ce mois sacré qui est celui du Ramadan.

Introspection

A l’heure où nous posons les jalons de notre attitude à venir, il est fondamental de se poser la question de notre attitude passée. Combien avons-nous fait d’effort pour se concentrer davantage dans nos prières ? Combien avons-nous fait d’effort pour se rapprocher de Dieu ? Dans un monde dicté par le matérialisme et ses dragons aux quatre mains qui tentent d’accaparer nos vies, combien a-t-on pensé à ouvrir le trésor spirituel qui nous a été laissé qui n’est d’autre que le Coran ?

Ces questions nous devons également nous les poser dans toutes les sphères de notre vie. A-t-on aidé une personne âgée ? A-t-on aidé son frère dans la détresse en priant pour lui ou bien en lui donnant une aide physique ou matérielle ? A-t-on aidé nos communes à nettoyer les rues qui ont fait l’objet d’incivilité ? A-t-on pensé nos voisins, à nos parents, à notre famille, fût-elle éloignée ?

Avons-nous fermé les portes de l’enfer ?

Le Ramadan ne commence pas là où la nourriture s’arrête. Le Ramadan devrait imprégner chacun de nos faits et gestes. Car celui qui maintient ses mauvaises habitudes mais qui jeûne, ne fait qu’un jeûne thérapeutique et dès lors ne pourra jamais dire que les portes de l’enfer se sont refermées puisqu’il se maintient dans l’enfer de ses actes. Or, le Ramadan au sens de l’islam a une signification bien plus profonde que le simple fait de s’affamer. Le fait de ne pas manger vous fait penser à ceux qui n’ont rien dans leurs assiettes pendant plusieurs jours ; le fait de ne pas manger vous permet d’accorder davantage de temps à Dieu et de rester concentrer sur les aspects spirituels.

Or, le titre de notre présent papier n’est pas sans intérêt. Lorsqu’on entame une grève de la faim, c’est souvent avec une action de contestation, afin de faire passer un message et de décrire sa détresse. Pendant le Ramadan, les musulmans font également passer un message à Dieu : nous avons eu 11 mois pour nous, et ce mois-ci nous Te le dédions totalement. Pendant ce mois, nous n’allons pas manger mais cette absence d’alimentation n’a qu’un seul but : plaire à Dieu, augmenter sa spiritualité et sa méditation.

Nous aurons l’occasion dans un prochain papier de développer d’autres éléments et notamment discuter de la situation générale du monde et analyser comment nos prières peuvent inverser la situation actuelle, qui ne fait qu’appeler à une guerre globale. Cet article était dédié à la réforme personnelle, le prochain sera destiné à prier pour le monde.


À propos de l’auteur : Asif Arif est membre de la Communauté musulmane Ahmadiyya, avocat aux Barreaux de Paris et de Californie, et auteur spécialiste des questions de religions et laïcité.