Spiritualité

Pourquoi Dieu nous fait-il souffrir ?

Hazrat Mirza Masroor Ahmad, le cinquième Calife de la Communauté Musulmane Ahmadiyya.
Hazrat Mirza Masroor Ahmad, le cinquième Calife de la Communauté Musulmane Ahmadiyya.
La Revue des Religions a l'honneur de lancer le projet « Existence » suite aux directives du Calife. Il s'agira d'une section spéciale dédiée à démontrer l'existence de Dieu. La Revue des Religions vous présente la première partie d'un entretien spécial avec le Calife (aba) sur ce sujet.

Par Syed Amer Safir, Royaume-Uni – Rédacteur-en-Chef et Manager

(Première partie de l’entretien)

Le projet Existence est le fruit de la vision de Sa Sainteté le Calife, Hazrat Mirza Masroor Ahmad (aba), et permettra à La Revue des Religions d’atteindre l’objectif pour lequel Hazrat Mirza Ghulam Ahmad (as), le Messie Promis (as) avait lancé ce magazine, notamment celui de démontrer l’existence de Dieu.

Le projet Existence sera une section spéciale dédiée aux questions liées à l’existence de Dieu, aux témoignages, et aux expériences personnelles et aux arguments rationnels.

Dans le cadre du lancement de cette nouvelle section, nous sommes honorés de présenter un entretien spécial avec Sa Sainteté le Calife (aba).

Récemment, j’ai eu la chance bénie de poser au Calife (aba) une série de questions sur l’existence de Dieu. Certaines sont de nature théorique et d’autres concernent les expériences personnelles du Calife (aba). J’espère et prie que les lecteurs bénéficieront des paroles bénies, empreintes de perspicacité, de sagesse et d’un grand savoir, de Sa Sainteté le Calife (aba).

Entretien avec le Calife, Hazrat Mirza Masroor Ahmad (aba)

Amer Safir : Les jeunes demandent souvent pourquoi, selon l’Islam, Dieu fait-il passer les croyants et les mécréants par des épreuves, difficultés, souffrances et châtiments ? La question qui m’a été posée est ceci : « Dieu ne doit-il pas distinguer clairement la situation d’un croyant et celle d’un mécréant au lieu de les faire souffrir tous les deux ? »

Hazrat Mirza Masroor Ahmad (aba) : Le concept de récompense et de punition existe au sein de l’Islam. À l’époque des prophètes ayant précédé le Saint Prophète (sa), les châtiments se sont manifestés sous forme de tremblements de terre, de tempêtes, d’incendies, etc. Ces mêmes châtiments n’étaient pas apparu à l’époque du Saint Prophète (sa). Le Messie Promis (as) explique qu’à l’époque du Saint Prophète (sa) les batailles étaient en elles-mêmes une forme de punition. Les batailles d’Uhud et de Hunain en sont deux exemples : mais de nombreux musulmans sont également tombés en martyrs, tout comme ce fut le cas à Badr. Bien que ce fût une forme de punition pour les mécréants, les musulmans ont également subi des pertes. Si celles-ci devaient impacter uniquement les mécréants, les musulmans auraient tous survécu. Or, ces derniers étaient également tombés en martyrs.

Cela démontre qu’Allah a établi une loi de la nature. Lors d’une bataille les gens meurent des deux côtés. Allah avait informé les musulmans à l’avance que ces derniers infligeraient des pertes de vie (à d’autres) et qu’ils en subiraient également. Or, dans l’au-delà, le croyant recevra sa récompense au paradis et le mécréant recevra sa punition en enfer. La vie véritable n’est pas celle d’ici-bas, mais celle à venir. La vie après la mort est notre vie principale et non celle-ci, nous explique l’Islam.

Allah a conféré un rang et un statut élevés à ceux qui tombent en martyr. Il nous recommande de ne pas dire que les martyrs sont morts, mais qu’ils sont vivants. Les martyrs de Badr et d’autres batailles sont certes vivants au paradis mais leurs noms sont aussi vivants lorsque nous évoquons leurs vertus. Les méchants de ces guerres, quant à eux sont oubliés et personne ne se souvient de leurs noms. C’est uniquement en raison de la mauvaise réputation et du déshonneur de certains qu’on se souvient de certains d’entre eux. Sinon leurs souvenirs ont complètement disparu pour la plupart d’entre eux.

J’avais mentionné récemment comment Ikramah, le fils d’Abou Jahl, s’était plaint auprès du Saint Prophète (sa) que les gens l’appelaient encore par le nom de son père, qui était un ennemi de l’Islam. Même après leur mort, les enfants de ces ignobles gens ont voulu être dissociés de leurs noms en raison du mal qu’ils avaient causé. Or les noms des martyrs sont restés vivants car on les évoque aujourd’hui encore. Voilà ce qui les différencie. En bref, Allah affirme que les martyrs ne sont pas morts, parce qu’on se souvient d’eux aujourd’hui encore. En somme c’est Allah qui récompense et qui châtie.

Pour ce qui est de la souffrance des croyants, le Saint Prophète (sa) avait déclaré que sa fièvre était [parfois] si intense qu’un autre ne pourra l’endurer. Allah l’a éprouvé car s’il menait une vie de confort d’aucuns se demanderaient quelle expérience avait-il eu de la souffrance. C’est pour cette raison qu’Allah éprouve les véritables croyants.

De plus, dans le Saint Coran, Allah déclare que les croyants ne doivent pas penser qu’ils ne seront pas jugés en raison de leur foi. Le Messie Promis (as), en expliquant la philosophie de la prière, déclare que d’une part les musulmans croient en l’énoncé

ادۡعُوۡنِیۡ اَسۡتَجِبۡلَکُمۡ

Suppliez-Moi : J’exaucerai votre prière.

Le Saint Coran, 40 : 61

et d’autre part Allah fait ce qu’Il veut. Il n’est pas nécessaire que chaque supplication soit acceptée.

Si vous considérez cette vie comme une fin en soi, vous ne comprendrez pas. Cependant, si vous considérez que la vie à venir est la véritable vie, vous serez en mesure de comprendre.

Amer Safir : Certains, qui tentent de convaincre les autres que Dieu existe, m’ont posé la question suivante : « Comment discuter du sujet de la souffrance en relation avec Dieu lorsqu’une personne traverse une telle période ? » Par exemple, untel peut être victime d’une catastrophe naturelle ou de la pandémie du Covid-19 qui sévit ces temps-ci. Il est très difficile de parler de Dieu et de la souffrance durant la pandémie à ceux qui en souffrent, car ces derniers réagissent négativement parfois.

Hazrat Mirza Masroor Ahmad (aba) : Le fait est de savoir s’il y existe une chance de 1 sur 30, de 1 sur 60, de 1 sur 100 (de mourir de cette maladie). Il s’agit d’une pandémie et des personnes vulnérables ont été infectées. Selon la loi de la nature certaines personnes sont plus vulnérables que d’autres. En vertu de cette loi la victime tombera malade suite à une infection. La loi de la nature ne distingue pas entre les faibles et les autres. Certains résistent et peuvent survivre. Dans certains cas, des personnes âgées survivent alors que des jeunes en décèdent. De nos jours, un nombre croissant de jeunes tombe malade. En somme une loi de la nature est opérante et un seul individu n’en est pas affecté.

Pour ce qui est de la question de la souffrance, selon un hadith [dire du Saint Prophète (sa)], Allah expie dans l’au-delà les péchés de celui qui souffre d’une maladie en ce monde. Si vous croyez que cette vie est temporaire et qu’il existe une vie éternelle à venir, Allah peut accorder une meilleure vie dans l’au-delà à ceux qui souffrent.

Vous devez tenir compte de la psyché individuelle de la personne à qui vous vous adressez. Mais pourquoi commencer par ce sujet ? Nous devrions éviter, sans réflexion, d’entamer une discussion en disant qu’untel est éprouvé en conséquence d’un manquement envers Allah. Il est possible que la personne se soit acquittée de ses devoirs envers Allah. Vous devez évaluer chaque circonstance avant tout. Parfois, certains deviennent trop émotifs et n’usent pas de leur intellect à bon escient pour aborder ces thèmes.

Premièrement, au lieu de discuter de la souffrance, invitez-les à croire en Dieu. Ceci est la première étape. Parlez-leur de la miséricorde et de la compassion de Dieu. La souffrance est un sujet qui sera abordé ultérieurement. Parfois, nous commençons à parler de la souffrance tout de suite et cela repousse la personne en face. La conversation doit suivre une séquence et vous devez parcourir correctement les étapes lorsque vous abordez ces questions avec vos interlocuteurs. Vous devez suivre cette séquence et planifier correctement comment vous allez procéder.

Amer Safir : On dit que durant la pandémie certains se sont tournés davantage vers Dieu. Vous en avez également fait mention dans vos sermons. Cependant, les gens ont de plus en plus tendance à devenir « spirituels mais non religieux ». Ils désirent une certaine forme de spiritualité mais ne veulent pas nécessairement adhérer à une religion. Pourriez-vous s’il vous plaît nous éclairer à ce sujet ?

Hazrat Mirza Masroor Ahmad, Khalifatul Masih V (aba) : Vous devez d’abord examiner quel pourcentage de la population est réellement religieux. 80 % de la population du monde s’est éloignée de la religion et notamment du christianisme. Que les gens soient attirés par la spiritualité est positif : mais il faut adopter une approche scientifique pour provoquer une révolution. Allah a également établi sa loi spirituelle : Il a envoyé des prophètes pour susciter cette révolution spirituelle. La morale dont nous disposons nous a été apportée par ces prophètes. Ils sont venus pour améliorer le niveau spirituel des gens et ils ont apporté la véritable religion de Dieu. En somme, la religion est nécessaire et il faut finalement revenir vers elle et réfléchir à son besoin.

Dans son ouvrage Haqiqat-Ul-Wahyi [La philosophie de la révélation divine], le Messie Promis (as) se réfère à un certain Abdul Hakim Khan qui disait que la religion n’était pas nécessaire pour atteindre la spiritualité et qu’on devait uniquement croire en l’unicité de Dieu. Ceci n’est pas exacte, sinon on finirait par dire que même le Saint Prophète (sa) n’était pas nécessaire. Le Messie Promis (as) explique que cet individu se trompait et que la religion est nécessaire. Ce sont les prophètes qui démontrent l’existence de Dieu à travers des signes et des miracles. Sans les prophètes, personne n’aura eu de certitude absolue dans l’existence de Dieu.

(Partie 2 à venir)

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