Santé

Que dit l’Islam sur le suicide ?

Mettre fin à sa vie n’est pas la solution aux malheurs personnels.

Le 10 septembre marque la Journée mondiale de prévention du suicide. Selon l’Organisation mondiale de la santé, toutes les quarante secondes, une personne meurt par suicide quelque part dans le monde et beaucoup plus font des tentatives de suicide.[1]

Les chiffres sont frappants : le suicide est la quatorzième cause de décès dans le monde[2] et la première cause de décès chez les hommes jeunes et d’âge moyen au Royaume-Uni.

Les recherches menées au Royaume-Uni indiquent qu’environ un tiers des personnes décédées par suicide étaient suivies par des services de santé mentale spécialisés, tandis qu’un autre tiers était en contact avec leur médecin généraliste mais ne recevait pas de traitement de santé mentale particulier. Le dernier tiers n’était pas en contact avec les services de santé douze mois avant leur décès.[3]

Plus de la moitié des personnes qui se suicident au Royaume-Uni ont des antécédents d’abus d’alcool ou de drogues. Il est particulièrement préoccupant de constater que les facteurs économiques sont de plus en plus souvent cités comme jouant un rôle dans les suicides, treize pour cent des personnes décédées par suicide ayant connu de graves difficultés financières au cours des trois mois précédents.[4]

Ainsi, le suicide est souvent un acte commis dans le contexte d’autres souffrances, dont la plupart devraient pouvoir être évitées dans des sociétés civilisées. Cette souffrance n’est pas toujours visible, contrairement à d’autres problèmes de santé pour lesquels les manifestations physiques de la maladie sont évidentes.

Pour la personne qui en souffre, l’expérience peut donc être très solitaire et il lui est souvent difficile d’envisager une solution à ses difficultés. Les statistiques montrent à quel point la situation est plus difficile pour les hommes, où le fait de parler de problèmes psychologiques peut être perçu comme une faiblesse. On peut dire aux concernés de « se ressaisir » et de « se débrouiller ». Nous savons que lorsque les personnes sont gravement déprimées, anxieuses ou psychotiques, leur processus de pensée n’est pas aussi rationnel qu’il ne le serait dans des états non cliniques et qu’il peut donc être très difficile de trouver des solutions aux problèmes. Les taux plus élevés d’abus d’alcool et de drogues ou d’autres formes d’automutilation reflètent les tentatives de bloquer les émotions douloureuses de désespoir et de honte.

Le suicide a également un impact sur les familles et la mort d’un membre de la famille par suicide provoque souvent de forts sentiments de culpabilité et de honte pour n’avoir rien pu faire pour empêcher cette personne de mettre fin à vie.

La réponse de l’Islam

Quelle est la réponse de l’Islam à ce sujet ? Le suicide entrepris dans un état d’esprit rationnel est considéré comme un péché et est interdit dans l’Islam car Dieu est le Créateur de toute vie humaine. Le fait de donner et de prendre la vie humaine relève donc de Son droit divin. Dieu a octroyé la vie aux êtres humains et ils sont responsables de son entretien et de sa préservation. L’acte de suicide est une déclaration de désespoir que les choses ne peuvent pas changer et, par extension, que Dieu n’entendra pas la prière de la personne qui souffre et refuse Sa miséricorde.

« Et ne vous tuez pas vous-mêmes. Allāh est assurément Miséricordieux envers vous. »[5]

Si Dieu interdit le suicide, Il assure également à Ses serviteurs que se tourner vers leur Créateur lorsqu’un malheur les frappe les sortira de toute misère.

« Allāh ne charge aucune âme au-delà de ses capacités. » [6]

« Ô vous qui croyez, cherchez le secours avec patience et avec la prière ; assurément, Allāh est avec ceux qui persévèrent patiemment. » [7]

Une personne qui choisit de mettre fin à sa vie renonce à sa chance de recevoir la miséricorde de son Seigneur. Le Saint Coran nous rappelle constamment que Dieu a promis une grande récompense à ceux qui endurent les épreuves avec patience.

« Et certainement Nous vous éprouverons en vous affligeant un peu de crainte, de faim, de pertes de biens et de vies, et de récoltes, mais annonce la bonne nouvelle à ceux qui persévèrent patiemment, qui, quand un malheur les frappe, disent : « Assurément, nous appartenons à Allāh, et certainement c’est à Lui que nous retournerons. » [8]

« Aucun d’entre vous ne doit souhaiter la mort. S’il est vertueux, peut-être pourra-t-il ajouter à ses bonnes œuvres, et s’il est pécheur, peut-être pourra-t-il se repentir. » [9]

L’Islam, tout comme les autres religions abrahamiques, considère notre vie comme un continuum. Il y a le monde actuel et celui de l’Au-delà.

Un jour, une personne a écrit une longue lettre au Messie Promis (as) disant que les épreuves et les difficultés auxquelles elle était confrontée étaient insupportables et qu’à cause de ces épreuves, elle était devenue si lasse qu’elle avait l’intention de se suicider. Le Messie Promis (as) a écrit en réponse : « Le suicide est un péché et n’apporte aucun bénéfice ou confort au concerné. En effet, la vie d’un individu ne s’arrête pas à sa mort, mais une nouvelle vie commence. On peut être confronté à des difficultés dans ce monde, mais si l’on passe à la vie suivante avec le mécontentement de Dieu, alors les difficultés et les acrimonies de l’Au-Delà seront bien plus grandes que les épreuves d’ici-bas. Ainsi, quel bénéfice peut-on tirer d’un suicide ? On doit se consacrer patiemment à prier à Allah et tenter d’améliorer sa condition. En peu de temps Allah le manifestera Sa miséricorde et libérera l’intéressé de toutes ses afflictions. » [10]

Comme évoqué plus tôt de nombreux individus qui se suicident ont des problèmes supplémentaires et ont souvent essayé d’obtenir de l’aide. Il incombe à une société civilisée de s’occuper de ses membres vulnérables et de s’attaquer aux causes du désespoir et de la détresse.

« Quiconque soulage un musulman d’un fardeau de ce monde, Allah le soulagera des fardeaux de l’Au-Delà. » [11]

En tant qu’individus, nous devons être attentifs à ceux qui souffrent autour de nous. Nous devons leur faire savoir que nous sommes prêts à entendre leur souffrance et que nous voulons les aider. Cela peut être aussi simple que de les aider à chercher une aide professionnelle ou de prendre soin d’une personne qui semble s’être éloignée de ses amis et de sa famille en lui demandant comment elle va et en s’intéressant à ce qu’elle dit. Cela est particulièrement vrai pour les jeunes qui sont souvent exposés à des contenus néfastes sur les réseaux sociaux. Il est facile d’oublier que toutes les images sur les réseaux sociaux sont généralement éditées, créant des fantasmes d’individus menant des vies excitantes. La réalité est souvent bien loin de cela. Feu le quatrième Calife de la communauté a commenté sur la condition humaine dans son livre Révélation, rationalité, connaissance et vérité : « Le Saint Coran nous apprend que Dieu n’a pas créé la souffrance comme une entité indépendante, mais seulement comme une contrepartie indispensable au plaisir et au confort. L’absence de bonheur est la souffrance, qui est comme son ombre, tout comme l’obscurité est l’ombre projetée par l’absence de lumière. S’il y a vie, il doit y avoir mort ; toutes deux se situent aux pôles extrêmes d’un même plan, avec d’innombrables degrés et nuances entre les deux ». [12]

Profitons de la Journée mondiale de prévention du suicide pour veiller sur les autres et prêter une oreille attentive et empathique à ceux qui en ont besoin.


Ecrit par Sarah Waseem


[1] Prévention du suicide – Un impératif mondial. Genève, Suisse : OMS p. 3

[2] O’Connor et Nock, 2014 – La psychologie du comportement suicidaire. The Lancet, 1(1), 73-85

[3] https://www.bps.org.uk/sites/www.bps.org.uk/files/Policy/Policy%20-%20Files/Understanding%20and%20preventing%20suicide%20-%20a%20psychological%20perspective.pdf

[4] Ibid.

[5] Le Saint Coran,4:30

[6] Le Saint Coran, 2:287

[7] Le Saint Coran : 2:154

[8] Le Saint Coran, : 2:156-157

[9] Sahih al-Bukhari, Livre 75, Hadith 32

[10] Badr, Numéro 30 Vol. 2, 26 juillet 1906, p. 9

[11] Jami` at-Tirmadhi,Livre 27 Hadith 36

[12] Révélation, Rationalité, Connaissance et Vérité par Hazrat Mirza Tahir Ahmad p. 180

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