Santé

L’euthanasie et les enseignements islamiques

L'euthanasie désigne l'acte délibéré d'abréger la vie d'une personne dans le but de soulager des souffrances insupportables ou une qualité de vie très dégradée. Récemment, l'euthanasie a gagné en acceptation et a été adoptée dans plusieurs pays occidentaux.

La religion de l’islam exprime sans équivoque sa position concernant l’euthanasie. Elle interdit la cessation de la vie de quiconque, même sous prétexte de miséricorde ou d’atténuation de la douleur. Cela est expliqué dans le Saint Coran, où Allah déclare :

« Et ne vous tuez pas vous-mêmes. Allāh est assurément Miséricordieux envers vous. » (Chapitre 4 verset 30)

« Et ne tuez pas l’âme qu’Allāh vous a interdit de tuer, sauf pour une cause juste. » (Chapitre 17 verset 34)

Le Saint Prophète Muhammad (que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui) a déclaré un jour :

« Parmi les nations antérieures, suite à une blessure, un individu succomba à l’impatience due à une douleur. Il prit un couteau et s’entailla la main, et le saignement perdura jusqu’à ce qu’il décède. Allah déclara à ce sujet : “Mon serviteur hâta sa propre mort, en conséquence, Je lui interdis l’accès au Paradis.” » (Sahih al-Bukhari, Ahadith al-anbiya, Hadith 3463)

En revanche, l’Islam inculque la vertu de la patience lorsqu’on est confronté à l’épreuve ou à la maladie. Allah déclare : « Et certainement Nous vous éprouverons en vous affligeant un peu de crainte, de faim, de pertes de biens et de vies, et de récoltes, mais annonce la bonne nouvelle à ceux qui persévèrent patiemment. » (Chapitre 2 verset 156)

 Le Saint Prophète (que la paix soit sur lui) a encore renforcé la valeur de la patience parmi ses adeptes, affirmant que supporter la douleur et l’adversité conduit à des récompenses divines. Il a déclaré un jour : « Aucune calamité ne touche un musulman sans qu’Allah n’expiât certains de ses péchés à cause d’elle, même s’il s’agit simplement de la piqûre qu’il reçoit d’une épine. » (Sahih al-Bukhari, Kitab al-marda, Hadith 5640)

D’un côté, il y a ceux qui soutiennent l’euthanasie, cherchant à soulager la douleur et la souffrance d’un individu en facilitant une fin paisible à sa vie. En revanche, les enseignements de l’islam et d’autres religions mettent en avant la sainteté de la vie humaine, affirmant qu’aucune entité ne devrait avoir le pouvoir de mettre fin à une autre vie humaine, même au nom de la compassion.

Cette opposition soulève une question intrigante : pourquoi privilégier la patience et endurer une souffrance profonde ainsi que des épreuves plutôt que d’envisager l’euthanasie ?

En méditant sur le concept de l’euthanasie, il devient clair que ses inconvénients l’emportent sur les avantages. En tant que société, notre priorité devrait être de trouver des moyens alternatifs pour soulager la douleur, apporter du réconfort et réduire la souffrance des patients, plutôt que de choisir de mettre fin à leurs vies.

En tant que musulmans, nous avons la croyance fondamentale qu’Allah le Tout-Puissant est notre Seigneur et qu’Il possède le pouvoir de guérir. Par conséquent, on ne doit jamais perdre espoir en la miséricorde d’Allah, « ne désespérez pas de la miséricorde d’Allāh, car personne ne désespère de la miséricorde d’Allāh, excepté les gens mécréants. » (Chapitre 12 verset 88) Ainsi, nous devons évaluer, en réfléchissant aux valeurs de la société et à la dignité humaine, les défis posés par l’euthanasie.

1.    Désespoir : un principe clé d’une société en progression repose sur l’espoir et la capacité à surmonter les défis. Cette philosophie de vie est enracinée dans notre rôle de parents lorsque nous transmettons à nos enfants l’importance de la persévérance et la résistance face à l’adversité. Cette détermination à surmonter tout obstacle, aussi redoutable soit-il, est un moteur essentiel du progrès.

À mon sens, l’essor de l’euthanasie au sein de notre tissu social favorise un sentiment de désespoir. Il transmet le message d’accepter sa situation au lieu de rechercher activement des voies d’amélioration. Notre société est déjà aux prises avec le problème du suicide, souvent causé par une absence perçue d’espoir ou de possibilités d’amélioration. Adopter de telles attitudes risque d’aggraver davantage ces problèmes.

2. Relation parent-enfant : Deuxièmement, le lien profond entre les parents et leurs enfants est un sentiment universel chez les êtres humains. Plus les parents vieillissent, et plus leurs enfants se consacrent à assurer leur bien-être et leur confort. Ce souci mutuel et cette dévotion sont des valeurs hautement estimées au sein de notre société. Il est longtemps établi comme une norme sociale que les parents prennent soin de leurs enfants avec attention, et que les enfants s’occupent désintéressés de leurs parents vieillissants.

À mon sens, la normalisation de l’euthanasie érode la précieuse norme de la responsabilité envers les personnes âgées, en introduisant une approche radicalement différente pour offrir du réconfort. À mesure que l’acceptation de l’euthanasie s’étend, il est préoccupant, même inconsciemment, que les parents puissent de plus en plus se percevoir comme des fardeaux pour leurs enfants, altérant ainsi la dynamique de ce merveilleux lien.

3.  Sacralité de la vie humaine : Troisièmement, l’euthanasie représente un départ net du principe fondamental qui sous-tend la sacralité de chaque vie humaine. Ce principe, profondément enraciné dans les fondements éthiques, religieux et sociaux, affirme la valeur intrinsèque de chaque existence humaine. Lorsque nous tolérons l’acte d’un être humain mettant fin à la vie d’un autre, même au nom de la miséricorde, nous risquons de diluer la sacralité qui a longtemps été vénérée. Cela introduit l’idée que la valeur de la vie peut être conditionnelle en fonction d’évaluations situationnelles.

Par conséquent, l’acceptation de l’euthanasie mine la conviction que toutes les vies ont une valeur intrinsèque et méritent d’être préservées. Cette érosion risque de diminuer notre aptitude à plaider en faveur du bien-être de nos semblables, à faire preuve de compassion envers les malades et à défendre la sacralité de la vie sous toutes ses formes.

Par conséquent, nous devrions chercher des voies alternatives plutôt que de mettre intentionnellement fin à des vies comme moyen d’atténuer la souffrance. Bien que l’on puisse reconnaître les motivations bien intentionnées des partisans de l’euthanasie compassionnelle, cette trajectoire orientera notre société vers un cours potentiellement préjudiciable dans les années et les décennies à venir.

Le Saint Prophète Muhammad (que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui) a déclaré un jour : « Nul parmi vous ne souhaite la mort en raison d’une calamité qui le frappe. Cependant, si vous vous trouvez dans une situation sans issue, alors tournez-vous vers la prière :

اللّٰهُمَّ أَحْيِنِي مَا كَانَتِ الْحَيَاةُ خَيْرًا لِي، وَتَوَفَّنِي إِذَا كَانَتِ الْوَفَاةُ خَيْرًا لِي

« Ô Allah ! Accorde-moi la vie tant qu’elle est meilleure pour moi, et permets-moi de mourir si la mort est préférable pour moi. » (Sahih al-Bukhari, Kitab al-Mardha, Hadith 5671)


À propos de l’auteur : Luqman Ahmed est un imam (missionnaire religieux) au sein de la Jama’at musulmane Ahmadiyya d’Ottawa, actuellement en poste à la mosquée Baitun Naseer à Cumberland, en Ontario.

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