Par Dr Idrissa Koné
Ces derniers temps, l’actualité en France est focalisée sur les accusations portées sur certaines personnalités bien connues les accusant de comportements délictueux. Le directeur de Sciences Po Paris, école d’excellence et d’élite, a dû démissionner suite à sa volonté de cacher de tels faits. A l’école Sciences Po de Toulouse, une étudiante a ouvertement accusé un autre de viol : « J’ai été violée. Ces mots crus sont durs à prononcer, quasi impossible à écrire. Figés à jamais sur le papier ils revêtent toute leur signification et l’horreur qui l’accompagne’’. Ce témoignage posté sur un forum de discussion est celui d’une élève de l’Institut d’études politiques de Toulouse qui s’est décidée la semaine dernière à déposer plainte pour viol. Des faits qui remonteraient à la rentrée de septembre 2018, lors des soirées d’intégration. »1
Sous l’hashtag « #Sciencesporcs », la parole se libère et des étudiants ou anciens étudiants racontent leurs histoires douloureuses et l’omerta qui régnerait dans l’établissement. Plusieurs témoignages accusent soit la hiérarchie soit d’autres collègues étudiants. Sous ce même hashtag une étudiante témoigne : « J’ai été violée par un mec de l’IEP de Grenoble en première année et j’en ai informé l’administration il y a quelques jours, ils m’ont proposé pleins de trucs pour ‘’prendre soin de moi’’ mais jamais de mesure par rapport à lui (exclusion, ou autre) ou de mesure générale de prévention, enfin je trouve ça très grave ».
Face à des faits si graves, l’Etat qui est censé protéger ces personnes se trouve impuissant car les mesures qu’elles prônent sont essentiellement une pénalisation de ces actes voire un renforcement de ceux existants, donc on s’oriente uniquement vers la répression. Les leçons du passé nous ont montré que ce type de mesure sont peu efficaces, les multirécidivistes sont légions face à ces types de comportements délictueux. En 2017, une centaine d’actrices accusaient le producteur américain Harvey Weinstein, de viols et d’agressions sexuelles et l’hashtag « #balancetonporc » avait surgit sur la toile afin de créer un éveil de conscience pour que ces dérives s’arrêtent, mais nous en sommes encore loin puisque l’actualité française de ces jours-ci nous rappelle à cette triste réalité.
C’est pourquoi l’islam a toujours proposé une approche essentiellement basée sur la prévention. Il a attiré l’attention de l’humanité sur le fait que l’homme est naturellement attiré par la femme et vice-versa.
Dans son livre La Philosophie des Enseignements de l’Islam, le fondateur de la Communauté musulmane Ahmadiyya, Hazrat Mirza Ghulam Ahmad (pssl), Messie Promis et Imam Mahdi, a écrit une phrase qui résume assez bien toute cette problématique :
« Si nous plaçons du pain moelleux devant un chien affamé, il serait vain d’espérer que le chien n’y prête pas attention. »
L’argument était simple: si vous cultivez chez les hommes dès le début de l’adolescence la pornographie, l’appétit de voir des femmes nues accomplir des actes sexuels, d’objectiver les femmes, de les réduire à des accessoires physiques pour le plaisir sexuel masculin, alors pourquoi s’indigner et être surpris de voir ces mêmes hommes avoir un tel comportement à l’âge adulte, dans leur interaction avec de vraies femmes. Ne soyez pas surpris si la violence domestique, qui est intrinsèquement liée au fait de considérer les femmes principalement comme des objets sexuels, augmente. Ne soyez pas surpris de la multiplication des cas de viol et d’agression sexuelle. Ne soyez pas surpris que les femmes, aussi modestes qu’elles soient vêtues ou se comportent modestement, soient victimes d’agression sexuelle.
Une récente enquête réalisée par l’Ifop montre qu’au cours de leur vie 52% des 15-17 ans ont déjà visionné du contenu pornographique et l’âge moyen du premier visionnage est de 14 ans. Ces chiffres sont justes alarmants !
Afin de prévenir de telles situations, et protéger la société de tels maux, il y a quatorze siècles de cela, l’islam avait apporté une solution en or. L’attirance entre les deux sexes est clairement évoquée Saint Coran :
« Et un de Ses Signes est ceci, qu’il a crée des épouses pour vous de parmi vous-mêmes, afin qu’en elles vous puissiez trouver de la tranquillité d’esprit, et il a mis entre vous amour et tendresse. Assurément, il y a là des signes pour un peuple qui réfléchit. »
(Saint Coran, chapitre 30, verset 22)
Cependant Dieu a également canalisé cette attirance naturelle en préconisant des mesures afin d’éviter tous les maux dont nous sommes témoins impuissants. L’une des premières injonctions à cet égard, contrairement à ce que l’on pense, est adressée aux hommes. Dans le Saint Coran, Dieu dit :
« Dis aux croyants de restreindre leurs regards et de préserver leurs parties intimes. Cela est plus pur pour eux. Assurément, Dieu est très conscient de ce qu’ils font. »
(Saint Coran, chapitre 24, verset 31)
Ce verset du Coran est très important, car avant de demander aux hommes de contrôler leurs pulsions sexuelles, il leur enjoint d’abord de contrôler leur regard. Et comme l’a conclu un article de 2008 publié les Archives of Sexual Behavior, les stimuli visuels jouent (sans surprise) un rôle très important dans l’excitation sexuelle masculine, plus que dans l’excitation sexuelle féminine. Apprendre aux hommes à contrôler leur regard dès leur plus jeune âge est la clé pour leur apprendre à contrôler leurs pulsions sexuelles. La pornographie sape cela, dès le départ.
Commentant sur ce verset, Hazrat Mirza Ghulam Ahmad (pssl) écrit :
« Dites aux croyants d’éviter d’ouvrir grands les yeux pour regarder directement les visages [des femmes] non permis et pour éviter les situations susceptibles d’attiser la lascivité. Il faudra éviter de regarder librement, lascivement ou non, le visage [d’une personne appartenant à l’autre sexe] : au cas contraire l’on est sûr de connaître la tentation. C’est-à-dire que la pureté absolue n’est point garantie par un regard débridé : tôt ou tard l’on commettra un impair. Le cœur ne sera point pur tant que le regard ne l’est point. L’on ne pourra point atteindre le stade immaculé que doit viser le chercheur de vérité. Ce verset nous apprend qu’il faut aussi préserver tous ces accès corporels par lesquels le mal puisse pénétrer. Ces accès évoqués dans ce verset sont les parties intimes, les oreilles, le nez et la bouche. Voyez la grandeur de cet enseignement : il n’accentue point, de manière illogique, un seul aspect et présente un juste équilibre. »2
Cet enseignement sort du cadre du « tout pénal » et enjoint une éducation praticable pour tout individu qu’il soit musulman ou pas, et est applicable dans la société contemporaine d’aujourd’hui pour éviter toutes sorte de dérives.
Pour toujours aller dans le sens de la prévention, le Saint Coran s’adresse ensuite aux femmes en disant :
« Et dis aux croyantes qu’elles restreignent leurs yeux et veillent sur leurs parties intimes, et elles ne doivent pas exposer leur beauté naturelle et ses parures, exceptées ce qui en est apparent de soi, et qu’elles tirent sur leurs poitrines leurs voiles dont elles se couvrent la tête, et elles ne doivent pas exposer leur beauté naturelle et ses parures excepté à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou à leurs femmes, ou à ceux que leurs mains droites possèdent, ou à de tels serviteurs mâles qui sont dépourvus de vils désirs, ou aux jeunes enfants qui n’ont pas encore aucune conscience des parties intimes des femmes. Et qu’elles ne marchent pas avec une telle démarche que des aspects de leur beauté qu’elles dissimulent normalement soient révélés. Et tournez-vous vers Allah tous ensemble avec repentir, ô croyants, afin que vous puissiez réussir. »
(Saint Coran, chapitre 24, verset 32)
Dans ces versets il est enjoint aux femmes de restreindre leur regard, mais également de protéger leur corps autant que possible et de se couvrir la tête. La société occidentale considère le port du voile comme une forme de soumission et d’emprisonnement de la femme, mais tout au contraire, ce tissu la protège contre ces risques car peu d’hommes aborderaient une femme correctement habillée de la tête aux pieds, les parties de son corps suscitant le désir sexuel étant totalement couvertes, d’où la quasi impossibilité de s’adonner à des actes répréhensibles.
Le Messie Promis (as), fondateur de la Communauté musulmane Ahmadiyya va dans le même sens en disant :
« L’on s’attaque aujourd’hui aux [règles] islamiques [régissant] le port du voile [et la pudeur]. Or ces gens ignorent que cela ne signifie point l’emprisonnement. Il s’agit d’une barrière afin que les hommes et les femmes étrangers ne se voient pas. Cette ségrégation permet d’éviter les tentations. Toute personne douée de bon sens admettra que les passions charnelles seront attisées quand les hommes et les femmes étrangers pourront se côtoyer librement. Chez certains peuples il n’est point mal vu qu’un homme et une femme étrangère s’enferment tous seuls dans une maison. Ceci est considéré comme une culture civilisée. La loi de l’islam a interdit, à cet effet, toute pratique qui puisse engendrer ces tentations. L’islam déclare à cet effet que Satan est le troisième compagnon de l’homme et de la femme étrangers [qui sont ensembles]. Réfléchissez sur les conséquences malsaines que subit l’Europe suite à ces pratiques libertines. En certains lieux, d’aucunes mènent une vie dévergondée. Tout cela est le résultat de ces préceptes. Quand on souhaite protéger un dépôt on le surveille. »3
A propos de l’auteur : Dr Idrissa Koné est Médecin-Radiologue, et membre de l’équipe de rédaction de La Revue des Religions. Il est par ailleurs Secrétaire à la publication et à la prédication de la communauté musulmane Ahmadiyya de Lyon.
1-Faits divers : une élève a porté plainte pour viol à Sciences-Po Toulouse (20minutes.fr)
2- Taryaq-ul-Quloob, Rohani Khazain, Volume 15, Pages 164-165 par Hazrat Mirza Ghulam Ahmad
3- Malfoozaats, Volume 1, pages 34-35, édition de 1985
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