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La fête de l’Aïd el-Fitr en Islam

Pourquoi l'Aïd est-il si important pour les musulmans et qu'est-ce que cette célébration représente ?

Mohammad Raffick Nabeebaccus, île de Maurice

Chaque année le monde musulman célèbre l’Aïd el-Fitr, qui marque la fin du Ramadan. Le mot Aïd en arabe signifie célébration.

L’Aïd el-Fitr est un festival très important dans l’Islam qui est fêté par presque tous les musulmans, à travers le monde. Lorsque la nouvelle lune annonçant le début du mois de « Shawwal », c.-à-d. le mois qui suit le Ramadan, devient visible, la fête de l’Aïd el-Fitr est célébrée le lendemain.

Le jour de l’Aïd el-Fitr commence très tôt. Peu après les prières obligatoires avant l’aube, une prière spéciale est offerte en congrégation dans les mosquées où les âgés, les jeunes, hommes et femmes se rassemblent, vêtus de leurs plus beaux vêtements. L’atmosphère est joviale, et les gens se serrent l’un contre l’autre en se souhaitant mutuellement une Aïd rempli de bénédictions.

Après la prière, l’imam prononce un discours dans lequel il exhorte les gens à obéir aux commandements de Dieu, à agir avec bonté et compassion envers les autres, à faire de la charité et à respecter les parents et les droits de l’autrui. Après cette prière, la plupart des gens profitent de ce grand jour pour faire de la charité, afin que les plus démunis de la société puissent également passer une joyeuse Aïd.

L’après-midi est, dans la plupart des cas, consacré à des visites aux proches parents. Certains vont aussi au cimetière pour visiter les tombes de leurs proches décédés, et prier pour eux. En général, la journée se termine en un grand dîner familial, où tous les membres de la famille, les très vieux jusqu’aux très jeunes, sont tous réunis autour d’une table. Il ne fait pas de doute que cela renforce le lien familial, chose sur lequel le Prophète de l’Islam (s.a.w.) a mis beaucoup d’accent. Il est rapporté par le Saint Prophète (s.a.w.) qu’Allah a dit que « […] J’ai créé le lien de parenté et j’ai dérivé son nom de Mon Nom. Quiconque le maintient, Je le maintiendrai […] ».[1]

Cependant la fête de l’Aïd el-Fitr, bien qu’elle ressemble aux autres fêtes mondaines, se démarque par son caractère spirituel. Dans le Saint Coran, Dieu nous parle à propos du jeûne du Ramadan en ses mots :

« Ô vous qui croyez, le jeûne vous est prescrit tout comme il a été prescrit à vos devanciers, afin que vous puissiez développer la Taqwa ».[2]

Le mot Taqwa est difficile à traduire. Il n’existe aucun mot équivalent dans la langue française. On le traduit souvent comme « crainte de Dieu » mais cela ne fait pas justice à l’aspect d’amour profond, et de sentiment de reconnaissance, qui constituent une grande partie de sa signification. Elle veut aussi dire : se protéger, principalement des passions que nous possédons tous et qui nous empêchent de devenir un être moral, si elles ne sont pas contrôlées.

L’objectif principal de la religion est de transformer l’homme en un être spirituel, avec des qualités morales extrêmement élevées, et un amour intense, et une confiance inébranlable en Dieu. Pour cela le jeûne constitue un entraînement spirituel par excellence.

Il est un fait qu’un animal devient plus agressif, et violent, lorsqu’il est soumis à la faim. L’homme, qui est lui aussi le produit d’une longue évolution, ne fait pas exception à cette règle. Donc, lorsqu’une personne jeûne, son instinct primitif essaie de le dominer constamment. Cependant il doit protéger son jeûne, qu’il fait uniquement pour le plaisir de Dieu. Il ne doit pas mentir, il ne doit pas voler, il ne doit pas utiliser un langage grossier ni faire aucune action interdite, ou qui cause du mal à autrui. Si quelqu’un l’insulte, ou tente de se quereller avec lui, il doit simplement répondre : je jeûne. Cette maîtrise de soi est déjà difficile à respecter dans la vie quotidienne, mais pendant le jeûne, elle s’avère être un vrai défi. C’est pourquoi le Saint Prophète de l’Islam (s.a.w.) a fait référence à cette particularité du jeûne lorsqu’il a déclaré que : Allah a dit : « Toute action du fils d’Adam est pour lui, sauf le jeûne. Il est pour Moi, et c’est Moi qui le récompenserai »[3].

Le Messie Promis (a.s.), fondateur de la communauté Ahmadiyya en Islam, a présenté le jeûne d’une façon remplie de sagesse. Il a déclaré que pendant le jeûne, une personne est appelée à délaisser les nourritures matérielles, pour qu’il puisse goûter aux nourritures spirituelles. On dit souvent que pour pouvoir observer les étoiles, on doit s’éloigner de toutes les lumières sur terre. De la même façon, une personne ne peut contempler le monde spirituel sans qu’il se libère de toutes les distractions et contraintes mondaines. Pour une personne qui s’est rapprochée, ne serait-ce qu’un tout petit peu, de ce monde spirituel, il fera définitivement une expérience surprenante, hors de l’ordinaire.

Le Saint Coran fait aussi référence à cela en nous disant que lorsqu’une personne entrera au paradis, il dira qu’il a déjà vécu ce plaisir auparavant. Mais Dieu nous informe que ce ne sera juste une ressemblance, car rien ne peut rapprocher à la vraie grandeur du paradis.[4]

Ainsi la fête de l’Aïd revêt une dimension encore plus grande pour une personne qui, malgré étant dans un état vulnérable pendant le jeûne, a pu résister à toutes les tentations mondaines et est resté plongé dans l’adoration de Dieu.

La religion peut être considérée comme une suite logique de l’évolution physique de l’homme, que nous connaissons tous, plus ou moins. Après que Dieu nous a perfectionnés dans notre forme physique, Il a initié notre perfectionnement spirituel à travers des prophètes, qu’Il choisit parmi les hommes. Sans cet acte de compassion envers l’humanité, nous serions restés dans notre état primitif, constamment assujettis à nos instincts animaux. La civilisation, le progrès et la technologie, telle qu’on les voit aujourd’hui, n’auraient pas existés. Notre futur dépendra maintenant sur notre capacité à évoluer en un être moral, puis spirituel. Et cela ne peut pas se faire sans Cet Être puissant, rempli de compassion, de connaissance, et de sagesse.

Pour celui qui a jeûné avec le même objectif que Dieu lui a enseigné : développer son Taqwa, son Aïd deviendra, sans aucun doute, le plus beau jour de sa vie.


[1] Sahih Boukhari et Sahih Muslim.

[2] Le Saint Coran, 2:184

[3] Sahih Boukhari et Sahih Muslim.

[4] Le Saint Coran, 2:26