Trois physiciens lauréats du prix Nobel en 1979, bien qu’ayant collaboré avec succès sur la théorie de l’unification électrofaible, avaient des visions religieuses divergentes. Sheldon Glashow se disait athée, tandis que Steven Weinberg affirmait que la religion pouvait inciter au mal. Le Dr Abdus Salam, lui, voyait la religion comme essentielle pour l’humanité et compatible avec la science.
Weinberg et d’autres considèrent la religion comme un obstacle au progrès, contrairement à Dr Abdus Salam, à qui la religion servait de motivation.
Peut-être est-il vrai que l’on n’ait pas besoin d’être religieux pour obtenir la renommée dans ce monde. Bien qu’un athée puisse certainement posséder des valeurs telles que la bonté, la sympathie et le pardon, il y aura toujours quelque chose que la religion peut offrir et que l’athéisme ne peut pas — quelque chose qui est fondamentalement incompatible avec sa philosophie, quelque chose qui peut façonner la vie même que nous menons. Et s’il existe une autre vie après la mort ? Nos actions dans ce monde détermineront-elles notre sort ? Et si tel est le cas, que nous arrivera-t-il ?
Aujourd’hui, le monde se dirige rapidement vers un mode de vie « vis maintenant, paie plus tard », mais que se passera-t-il si nous devons réellement payer d’une manière que nous ne pouvons pas imaginer ? C’est là que la religion apporte des réponses, tandis que l’athéisme se révèle limité.
Examinons donc les différents concepts de punition dans l’au-delà que présentent les religions du monde et s’il existe un moyen de les éviter.
Le concept de punition dans l’au-delà dans les grandes religions
Judaïsme
Le Tanakh évoque le « Sheol », un monde souterrain, parfois assimilé à « Hadès ». Certains pensent que cette « fosse sombre et profonde » est le lieu où vont les méchants et où ils sont coupés de Dieu tandis que d’autres l’interprètent comme un lieu où toutes les âmes vont après la mort, sans notion de jugement et sans chemin de retour. Comme il est écrit dans Job 7:9-10 :
« Tout comme la nuée se dissipe et disparaît, ainsi ceux qui descendent dans le Sheol ne remontent pas ; ils ne reviennent plus dans leurs maisons, et leurs lieux ne les reconnaissent plus. »
Après le Sheol, une âme jugée pécheresse passe au Gehinnom (Géhenne), un état de purification temporaire, comparable au purgatoire. Le Talmud précise que cette purification dure jusqu’à douze mois, démontrant ainsi que l’enfer n’est qu’une demeure temporaire. Ainsi, le salut, en cas de non-repentance terrestre, est possible après une purification complète.
Christianisme
La Bible contient de nombreuses références à l’enfer, qui décrivent la manière dont les détenus seront traités, mais aussi la durée de leur séjour. Le concept découle du péché originel, c’est-à-dire le péché d’Adam (a.s) et Ève, transmis à tous. Les chrétiens croient au salut par la repentance, la foi en Jésus (a.s.) comme sauveur unique et le respect de ses enseignements.
Jean 3:36 affirme que « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais devra subir la colère de Dieu. »
Contrairement au judaïsme, l’enfer chrétien est éternel et irréversible, comme le montre Matthieu 25:46 : « Et ceux-ci iront au châtiment éternel, mais les justes à la vie éternelle. »
La croyance en Jésus (a.s.) et la repentance durant la vie sont essentielles au salut puisqu’il est généralement admis qu’une fois entrée en enfer, une personne n’aura plus la possibilité de se repentir.
Hindouisme
Selon les textes hindous, l’âme est éternelle et passe par des cycles de naissances et de morts jusqu’à la libération (Moksha). Après la mort, l’âme va dans deux royaumes temporaires en fonction de ses actes.
Savrga est un royaume comparable au paradis, où les justes connaissent la félicité avant de renaître dans une forme de vie supérieure.
Naraka est un royaume de punition pour les âmes pécheresses. Le Garuda Purana décrit en détail les tortures infligées, chaque châtiment correspondant à une faute.
« Après avoir connu, dans l’ordre, les tourments d’en bas, il revient ici, purifié. »[1]
Cependant, après ces tourments, l’âme revient purifiée.
Contrairement à l’enfer chrétien, Naraka est temporaire. L’accent est mis sur les bonnes actions pour déterminer la libération. Une fois le karma réglé, l’âme renaît dans une forme de vie inférieure, avant de finalement s’unir à Dieu.
Islam
L’Islam enseigne que seul Dieu est éternel et qu’il n’y a pas de retour après la mort. La vie est un test pour l’humanité, déterminant si l’on mène une vie juste ou pécheresse. Dieu accorde Ses faveurs à tous, mais Ses bénédictions spéciales sont réservées à ceux qui suivent Ses commandements.
L’Islam se distingue en décrivant comment le paradis et l’enfer commencent dès cette vie. Ceux qui renoncent à leurs désirs égoïstes pour Dieu et mènent une vie vertueuse atteignent la paix intérieure, un avant-goût du bonheur amplifié dans l’au-delà, dans les jardins du paradis. Dieu déclare : « Mais pour celui qui craint de se tenir devant son Seigneur, il y a deux jardins ». [2]
Cependant, ceux qui s’éloignent de Dieu et suivent leurs désirs brûlent déjà dans les tourments de la vie mondaine, un avant-goût de l’enfer. Le bonheur au paradis et la souffrance en enfer sont amplifiés dans l’au-delà. L’Islam met l’accent sur la foi et les bonnes actions, mais l’accès au paradis dépend de la grâce de Dieu.
Les enseignements islamiques décrivent le paradis et l’enfer comme des lieux de progression continue, tout comme nous progressons dans cette vie, en créant un paradis ou un enfer par nos actions.
Pour illustrer ce propos, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a mentionné huit portes du paradis. Ces portes représentent les différentes bonnes actions comme la prière, la charité et le jeûne. Plus on accomplit ces actions, plus on a de chances d’entrer par une porte.
Le Saint Prophète (s.a.w.) a également parlé de cent niveaux au paradis, la distance entre deux niveaux étant similaire à celle entre les cieux et la terre. Ces niveaux indiquent que plus on excelle dans la foi et les bonnes actions, plus on atteint un rang élevé. Cette progression continue dans l’au-delà.[3]
L’enfer également comporte sept portes (comparé à huit du paradis), chacune associée à un vice. La progression en enfer est comparable à la purification des péchés dans le judaïsme.
Finalement, on quittera l’enfer pour le paradis après une complète purification spirituelle. La porte supplémentaire du paradis reflète la miséricorde divine, comme Allah le déclare : « En vérité, Ma miséricorde l’emporte sur Ma colère. »[4]
Même si les méchants semblent destinés à l’enfer pour l’éternité, la miséricorde de Dieu interviendra et Il les permettra d’entrer au paradis par cette porte spéciale. Le Prophète (s.a.w.) a prédit un temps où l’enfer sera vide de tous les pécheurs.[5]
Peut-on éviter l’enfer sans religion ?
Après avoir analysé les idées religieuses de l’enfer et s’il est possible d’en être épargné, on observe des divergences, mais l’importance de la moralité est universelle. Sans religion, la moralité est subjective. La religion définit les actes moraux. Le Messie Promis et Imam Mahdi, Mirza Ghulam Ahmad (a.s.) a expliqué qu’une action en soi est une impulsion naturelle. Mais lorsqu’elle est manifestée au bon moment et au bon endroit, elle devient morale.
En donnant l’exemple de la punition d’un malfaiteur, le Messie Promis (a.s.) explique :
« […] le Saint Coran ne nous enseigne pas de toujours fermer les yeux sur le mal en toutes circonstances, ou encore que les malfaiteurs et autres scélérats ne doivent jamais être punis. Sa philosophie est que l’on doit peser le pour et le contre, voir si l’occasion exige le châtiment ou le pardon, et adopter la solution qui serait la meilleure tant pour l’inculpé que pour le public. Parfois, le pardon amène le malfaiteur à abandonner le mal ; parfois, il empire la situation en incitant le malfaiteur à commettre davantage de tort. C’est non sans cause que Dieu le Tout Puissant nous a ordonné de ne pas développer cette habitude de tout pardonner aveuglément. Au contraire, Il nous a conseillé de voir laquelle des deux solutions, à savoir le châtiment ou le pardon, serait la plus souhaitable et d’agir en conséquence. Ce faisant, l’acte devient vertu. »[6]
On peut soutenir que l’on sait où et quand faire preuve de moralité, mais la question reste de savoir d’où l’humanité tient cela. Beaucoup se demandent : si la moralité vient de la religion, pourquoi tant de personnes religieuses agissent-elles de manière immorale ? Sa Sainteté, Hazrat Mirza Masroor Ahmad (a.b.a.), le chef mondial actuel de la Communauté musulmane Ahmadiyya, a abordé la question de l’origine de la moralité et de ce qui se produit lorsque l’on suit véritablement la religion. Il déclare :
« Chaque prophète a enseigné la morale, ce qui démontre que le fondement de la morale provient de la religion. De ce fait, on peut dire que ceux qui ont acquis une bonne morale l’on fait grâce à la religion. Il en va tout autrement lorsqu’ils affirment ne pas croire en Dieu et en la religion. Le fait est qu’il existe des personnes qui développent une bonne moralité sans croire en aucune religion, mais Allah le Tout-Puissant déclare que si vous croyez en la religion, si vous honorez vos devoirs envers Lui et possédez une bonne moralité, Il vous récompensera de multiples façons. C’est pourquoi Allah l’Exalté a mentionné dans le Saint Coran que ceux qui croient en la religion et qui font la ‘Salat’, mais qui ne respectent pas les droits des pauvres et ne disent pas la vérité, et qui sont impliqués dans des querelles et usurpent les droits d’autrui, Dieu n’acceptera pas leurs prières et ils seront envoyés en enfer. Ainsi, Allah le Tout-Puissant a Lui-même clairement indiqué qu’il ne suffit pas de croire en la religion, mais de bonnes mœurs sont également primordiales. […] Cependant, celui qui croit en la religion et adopte une bonne morale — nous croyons que la vraie vie est celle de l’au-delà — celui-là sera récompensé par Allah le Tout-Puissant dans l’au-delà, et cette récompense ne peut être accordée à ceux qui ne croient pas en la religion. »[7]
En résumé, à la lumière des enseignements islamiques, on peut être une personne morale pour éviter l’enfer et entrer au paradis, mais nous nous rendrions un mauvais service si nous abandonnions les outils mêmes qui nous guident vers cette destination et nous permettent d’obtenir une récompense bien plus importante.
Vivre sans véritable religion équivaut à tenter de traverser un océan périlleux pour atteindre une île lointaine où règne la paix éternelle. Un croyant est comme une personne qui dispose d’un canot de sauvetage bien équipé, d’une boussole pour le guider, d’un navigateur expérimenté et des provisions qui l’aident à éviter les dangers et à garder le cap. Sans religion, il faut tenter le voyage sans canot de sauvetage et sans ressources. S’il est possible d’atteindre l’île au prix d’une lutte acharnée, le risque augmente de façon exponentielle.
Steven Weinberg a presque tout compris.
Avec ou sans religion, les bonnes personnes peuvent bien se comporter et les mauvaises personnes peuvent faire le mal ; mais pour que les bonnes personnes atteignent le salut, il leur faut la religion.
À propos de l’auteur : Ahmad Nooruddeen Jahangeer Khan est un Imam de la Communauté musulmane Ahmadiyya et membre du comité éditorial de The Review of Religions.
[1]Garuda Purana, 3:49-71.
[2] Le Saint Coran, 55:47.
[3] Jami’ al-Tirmidhi, Hadith 2531.
[4] Sahih al-Bukhari, Hadith 7422.
[5] Hazrat Mirza Ghulam Ahmadas, Our Teaching (Farnham, Surrey : Islam International Publications Ltd., 2018), 41
[6] Hazrat Mirza Ghulam Ahmad (a.s.), La Philosophie des enseignements de l’Islam, (Islam International Publications Ltd., 2017), p. 71. https://islam-ahmadiyya.org/images/stories/pdf/la_philosohie_des_enseignements_de_lislam.pdf
[7] Cette semaine avec le Calife– 3 janvier 2025. https://www.youtube.com/watch?v=7Wet67fwutM
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