Par Diaby Moustapha
Faisant partie des mœurs observées au Moyen-Orient, le jihad à la connotation de lutte armée a eu un écho favorable en certains endroits de l’Afrique de l’Ouest. Il représente aujourd’hui une difficile équation à résoudre pour nos États et une source d’inquiétude permanente pour certaines populations. Si moult facteurs exogènes en sont évoqués quant à son expansion de façon générale, les facteurs endogènes n’en sont pas moins négligeables.
Un contexte ouest-africain tendu
Cette partie du continent est relativement sujette à des tensions. Politiquement instables, certains États sont confrontés aux tentatives de déstabilisation ou coups d’État récurrents. Ce qui ne permet pas une gestion efficace de ces États. La porosité de nos frontières favorise la circulation des armes et des produits prohibés. Cela rend plus facile la mobilité des activités jihadistes et peut constituer en soi une source de leur financement.
Faudra-t-il noter désespérément que la marginalisation de certaines contrées et des populations qui y vivent peut contribuer à l’implantation des groupes jihadistes. Car, l’idée de vengeance ou de quête de justice sociale peut susciter une rébellion ou donner quitus à une tierce force, nébuleuse, de perturber l’État de droit. L’action des prêcheurs musulmans issus des écoles de pensées islamiques radicales endoctrine des populations plus jeunes. Sachant que la population ouest-africaine est majoritairement jeune et confrontée à un taux de chômage très élevé, constitue un vaste marché de recrutement à des fins jihadistes. Conséquence, le contexte d’instabilité en Afrique de l’Ouest peut favoriser l’expansion du jihadisme.
Un jihad au visage nébuleux
Autant ce jihad contraste avec les enseignements du Saint Coran, autant son mode opératoire est à la solde de la dégradation de l’image de l’islam.
Autrefois mené dans un contexte purement défensif par des hommes, valeureux et moraux observant un code de déontologie sur le champ de bataille – en épargnant la vie des femmes, des enfants, des vieillards, des animaux et même des arbres – ce jihad observé dans nos pays est dépourvu de tout sens d’honneur. Kidnapping, guet-apens, explosion, exécution sommaire, mariage forcé, pillage des villages : voilà égrainé des attitudes de ceux qui prétendent être les dépositaires de l’ordre moral islamique.
Le journal Allemand Die welt am Sonntag soulignait que de 2001 à 2019 les victimes des attentats terroristes étaient majoritairement des musulmans.[i] Peut-on dire que ce « jihad » sert la cause de l’islam ?
L’islam et le jihad
Lors d’une réception tenue au palais de Westminster à Londres, le 11 juin 2013, le cinquième Calife de la communauté islamique Ahmadiyya, Hadhrat Mirza Masroor Ahmad (aba) a déclaré : « […] l’usage de l’épée ou de la force n’est permis que lorsqu’une guerre de religion est menée contre l’Islam. Dans le monde d’aujourd’hui, personne, que ce soit un pays ou une religion, n’attaque l’Islam sur la base de la religion. Ainsi, il n’est en aucun cas justifiable pour les musulmans d’attaquer un autre camp, au nom de la religion, car cela viole clairement les enseignements du Coran. Le Coran n’avait autorisé le recours à la force que contre ceux qui faisaient la guerre et brandissaient leur épée contre l’Islam. Un autre point crucial est que, si un citoyen cherche à nuire à son pays ou à ses compatriotes de quelque manière que ce soit, il agirait clairement contre les enseignements de l’Islam. Le Saint Prophète Muhammad (sa) a dit que celui qui verse le sang d’une personne innocente n’est pas un musulman. Le Saint Prophète (sa) considère ces gens comme faibles de foi et pécheurs. »[ii]
Quel crédit accorder à ce « Jihad » de l’Afrique de l’Ouest ?
À propos de l’auteur : Diaby Moustapha est agent à l’intendance d’un service de renseignement. Il est également auditeur interne de la Majlis-e-Amla nationale et Secrétaire à la prédication et à l’éducation de la Communauté Ahmadiyya de la Côte d’Ivoire, ainsi que secrétaire à la communication d’Humanity First de la Côte d’Ivoire. Il intervient également régulièrement comme présentateur sur la chaîne MTA Africa.
[i] 18 jahre Terror”,Welt am sonntag n°17,28 avril 2019 p12-14.
[ii] https://www.reviewofreligions.org/9561/islam-a-religion-of-peace-compassion/
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