Islam

Islam et antisémitisme

Le Coran est le livre révélé par Dieu pour l'humanité toute entière
Le Saint Prophète Mohammad (sa) est la personnification même du Coran.
Il y a quelques jours de cela, un livreur Deliveroo avait refusé de livrer des clients car ils étaient juifs. Cet acte antisémite a été le centre de nombreux débats. D'aucuns avaient même associé l'antisémitisme et islam. Quelle est la réalité de l'antisémitisme dans les enseignements islamiques ?

Par Dr Koné Idrissa

Ces dernières semaines l’actualité a fait écho du comportement d’un jeune d’origine algérienne qui, croyant peut-être défendre l’islam ou protéger son honneur, s’est trompé sur toute la ligne, entraînant un effet contraire. Dans sa parution en ligne du 14 janvier 2021, le journal Le Figaro titrait : « Je ne livre pas les Juifs » : le livreur Deliveroo de Strasbourg condamné à 4 mois de prison ferme.

Le livreur Deliveroo, qui aurait déclaré à deux restaurateurs juifs de Strasbourg « je ne livre pas les Juifs », a été condamné […] par le tribunal correctionnel de Strasbourg à 4 mois de prison ferme avec mandat de dépôt, explique l’article.

Que s’était-il passé précisément ? Les faits ont eu lieu jeudi dernier dans deux restaurants cashers de Strasbourg. « À peu près à la même heure, à quelques minutes d’intervalles, un livreur Deliveroo s’est présenté pour prendre des commandes. Il a ensuite demandé aux restaurateurs quelles étaient leurs spécialités. Les restaurateurs lui ont répondu : « ce sont des spécialités israéliennes », expliquait Me Nisand. « Le livreur a ensuite dit : « Non, je ne prends pas la commande, je ne livre pas les Juifs. » Il a ensuite pianoté sur son téléphone et montré aux restaurateurs le message « commande annulée », avant de partir, détaillait l’avocat.»1

En tant que musulman nous sommes consternés car ce comportement : bien qu’individuel il jette l’opprobre sur l’islam laissant croire que notre belle religion prône l’antisémitisme. L’islam reconnaît, au contraire, l’origine divine de toutes les religions et interdit la discrimination religieuse sous toutes ses formes. Le Saint Coran affirme :

« Le Messager (à savoir Mohammad) croit à ce qui lui a été révélé de la part de Son Seigneur et aussi les croyants ; tous croient en Allah, en Ses anges, à Ses livres et en Ses Messagers. Ils disent : « Nous ne faisons aucune distinction entre Ses messagers. »

Saint Coran : Chapitre 2, verset 286

Ce verset impose à tout musulman d’éviter toute discrimination envers les juifs ou les suivants des autres religions. L’islam va encore plus loin : au-delà du respect des adeptes des religions monothéistes et de leurs Prophètes, il somme les musulmans de respecter aussi les idoles des polythéistes :

« Et n’injuriez pas ceux à qui ils (les incroyants) en appellent en dehors d’Allah afin que par inimité et dans leur ignorance, ils n’injurient pas Allah. »

Saint Coran : Chapitre 6, verset 109

Ces deux versets montrent à quel point l’islam favorise le vivre ensemble et le respect des sentiments d’autrui.

On pourrait imaginer que notre jeune livreur avait en tête le conflit israélo-palestinien : mais même si c’était le cas, l’islam enjoint la justice absolue envers tout le monde. Le service à l’humanité, selon l’islam, dépasse le critère de la religion.

Dieu déclare dans le Saint Coran :

« Ô vous qui croyez ! Soyez ferme dans la cause d’Allah, en portant témoignage avec justice ;et ne laissez pas l’hostilité d’un peuple vous inciter à agir autrement qu’avec justice. Soyez toujours équitables, car l’équité est plus près de la piété. »

Saint Coran : Chapitre 5, verset 9

L’islam, dans sa justice absolue, ne s’approprie pas le monopole du salut et ne considère pas les autres peuples, notamment les juifs, comme des damnés. Dieu dit dans le Saint Coran :

« Assurément, ceux qui ont cru, et les juifs, et les sabéens, et les chrétiens ; ceux qui croient en Dieu, et qui font de bonnes œuvres ; ils n’ont rien à craindre et ils ne seront pas affligés. »

Saint Coran : Chapitre 5, verset 70

Le Saint Prophète Mohammad (sa) était la personnification des préceptes de l’islam. Lorsqu’il a émigré à Médine, son sens de justice a poussé l’ensemble des habitants de la ville, juifs, chrétiens, musulmans et polythéistes, à le choisir comme chef de l’État. Il décida de conclure, d’un commun accord, un pacte qui pour certains historiens était une des premières constitutions. En voici quelques termes relatifs aux juifs tirés de l’ouvrage La vie de Mohammad : « Entre le Prophète de Dieu et les fidèles, d’une part, et tous ceux qui veulent souscrire à ce pacte d’autre part, il est convenu ce qui suit : « les juifs qui entrent dans ce pacte seront aidés par les musulmans ; il ne sera fait aucun mal aux juifs. On n’aidera pas leurs ennemis contre eux […] Les tribus juives liées par ce pacte aux autres tribus de Médine auront des droits semblables à ceux des musulmans. Les juifs conserveront leur foi, et les musulmans la leur. Les partisans des juifs jouiront des mêmes droits qu’eux […] Les juifs supporteront les frais de leur propre organisation, et les musulmans les leurs. Mais, en cas de guerre, ils agiront de concert. La cité de Médine sera considérée comme sacrée inviolable par les signataires du pacte… » 2

L’auteur de ce livre ajoute : « Ce pacte témoigne clairement que le Saint Prophète de l’islam était déterminé à traiter avec civilité et bonté les autres citoyens de Médine, à les considérer comme des frères et à les traiter comme tels. » 3

Tel était le comportement exemplaire de notre bien aimé Prophète (sa). Malgré son statut exceptionnel de Sceau des Prophètes et de Miséricorde pour l’humanité, il a toujours fait preuve d’une grande humilité. Voici un autre récit démontrant son comportement exemplaire :

« Un jour, un juif vint se plaindre à lui qu’Abou Bakr, (un de ses éminents compagnons) avait blessé ses sentiments en disant que Dieu avait élevé Mohammad au-dessus de Moïse. Le Saint Prophète (sa) fit appeler Abou Bakr et lui demanda ce qu’il en était. Ce dernier expliqua que le juif avait commencé par dire qu’il jurait que Dieu avait élevé Moïse au-dessus de l’humanité tout entière ; et lui, Abou Bakr, avait alors répliqué en jurant que Dieu avait élevé Mohammad au-dessus de Moïse. Le Saint Prophète dit : « Tu n’aurais pas dû dire cela, car il faut respecter les sentiments d’autrui. Personne ne doit m’élever au-dessus de Moïse. » 4

Voici un autre exemple de sa tolérance. Sahl Ibn Hounayf (qu’Allah l’agrée) a rapporté : « Un convoi funéraire passa devant le Prophète (sa) : il se leva par déférence. Quelqu’un a commenté : « Il s’agit du convoi funéraire d’un juif. » Le Prophète (sa) a dit : « N’était-il pas un être humain ? ».5

En résumé, le comportement isolé de ce jeune homme est diamétralement opposé aux enseignements islamiques et à la pratique de son Saint Fondateur (sa). Bien que nous souffrons de voir pareils comportements, rappelons que le Saint Prophète (sa) avait prophétisé que les musulmans abandonneront les véritables enseignements de l’islam à une époque. C’est en acceptant le Mahdi Promis qu’ils connaîtront leur gloire d’antan, avait-il aussi déclaré.

Nous musulmans Ahmadi, proclamons depuis plus d’un siècle que ce Mahdi est arrivé en la personne de Mirza Ghulam Ahmad (as) fondateur de la communauté musulmane Ahmadiyya. Dans son dernier livre, intitulé Le message de la réconciliation, écrit quelques jours avant son décès, il a présenté la solution pour établir la paix intercommunautaire :

« Mes amis, nous sommes tous unis malgré nos innombrables différences dans la croyance en un seul Dieu, le Créateur et Maître de ce monde. De plus, nous appartenons tous au genre humain. Et de surcroît, habitant le même pays, nous sommes tous voisins. Il nous incombe donc d’être de vrais amis aux cœurs purs et aux intentions sincères ; nous devons nous témoigner une sympathie mutuelle quand frappent les malheurs temporels ou spirituels. La bienveillance qui nous anime doit faire de nous tous les membres d’un seul corps. Mes chers compatriotes ! La religion qui n’inculque pas une sympathie universelle ne mérite pas le titre de religion ; et la personne qui est dépourvue d’une âme sympathisante ne mérite pas son titre d’être humain. » 6


A propos de l’auteur : Dr Koné Idrissa est Médecin-Radiologue, et membre de l’équipe de rédaction de La Revue des Religions. Il est par ailleurs Secrétaire à la publication et à la prédication de la communauté musulmane Ahmadiyya de Lyon.


  1. « Je ne livre pas les Juifs » : le livreur Deliveroo de Strasbourg condamné à 4 mois de prison ferme (lefigaro.fr)
  2. La vie de Mohammad (sa) par Hadrat Mirza Bashir-Ud-Din Mahmud Ahmad (r.a) publiée au Royaume-Uni en 2013, page 50-52.
  3. La vie de Mohammad (sa) par Hadrat Mirza Bashir-Ud-Din Mahmud Ahmad (r.a) publiée au Royaume-Uni en 2013, page 52.
  4. La vie de Mhammad (sa) par Hadrat Mirza Bashir-Ud-Din Mahmud Ahmad (ra) publiée au Royaume-Uni en 2013, pages 224-225.
  5. Boukhari Sahih n°1312 et Mouslim Sahih n°961.
  6. Le Message de la réconciliation par Hadrat Mirza Ghulam Ahmad publie au Royaume-Uni en 2009, page 13.

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