Ramadan

L’esprit du Ramadan : générosité, entraide et compassion

Le Ramadan encourage la générosité, l'entraide et la compassion envers les autres.

Habeeba Hajrah Jeeawody, de l’île Maurice

Le Ramadan, mois sacré pour les musulmans, est une période privilégiée pour renforcer son lien avec le Créateur. C’est l’occasion de profiter pleinement des bénédictions d’Allah à travers la prière, les supplications et l’accomplissement de ses devoirs envers Lui et envers autrui. Le jeûne, quatrième pilier de l’Islam, est une discipline religieuse qui demande le sacrifice de soi. Outre l’abstention de la nourriture pendant une partie de la journée, le jeûne encourage à faire de bonnes actions, à se préserver du mal, à se détacher de ce monde matériel et à développer notre sens d’altruisme pour acquérir le plaisir de notre Créateur. Ainsi, pendant le Ramadan, les musulmans redoublent leurs efforts à faire la charité, car les récompenses divines sont beaucoup plus pendant cette période.

Dans cet article, nous explorerons différentes formes de charité en Islam ainsi que l’importance du don et du partage, en particulier durant le mois sacré de Ramadan.

La charité occupe une place essentielle en Islam. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a souligné son importance en affirmant que même un simple morceau de datte offert en aumône peut servir de protection contre le feu de l’enfer.[1] Selon un autre hadith, le Saint Prophète (s.a.w.) de l’Islam a dit : « La meilleure des charités est celle que l’on fait durant le mois de Ramadan. »[2]

De plus, «Le Messager de Dieu était l’homme le plus généreux, et sa générosité atteignait son apogée durant le mois de Ramadan. Il était alors plus prompt à faire le bien que le vent soufflant sans relâche. »[3]

En Islam, la charité revêt plusieurs formes, dont certaines sont obligatoires. La Zakat et la Sadaqat-ul-Fitr, aussi appelée Fitrana, font partie des aumônes obligatoires. D’autres formes de charité incluent le service à l’humanité ainsi que la Sadaqah, un don spontané offert par pure générosité.

Même une bonne parole ou un simple sourire sont considérés comme une forme de charité en Islam. Le Saint Prophète (s.a.w.) a également affirmé que si un musulman plante un arbre et qu’un être humain ou un animal en tire profit, cela sera compté comme une aumône pour celui qui l’a planté.[4]

La Zakat et la Sadaqat-Ul-Fitr

L’Islam enseigne de faire la charité en dépensant de ses propres biens pour le bien des autres. Le troisième pilier de l’Islam est la Zakat, qui incombe le sacrifice d’une portion de ses biens afin de soulager ceux qui sont pauvres, en détresse ou endettés. La Zakat en elle-même est une forme de purification, et ceux qui ont la capacité de payer la Zakat selon le nisab (le minimum de biens que doit posséder un musulman pour être éligible à payer la Zakat), doivent y contribuer.

De plus, selon une injonction coranique, chaque musulman — homme, femme ou enfant — doit offrir la Sadaqat-Ul-Fitr (aussi appelée fitrana), une somme contribuée par chaque musulman avant la prière de l’Aïd-el-Fitr afin de permettre aux pauvres et à ceux qui sont dans le besoin de célébrer l’Aïd convenablement. La fitrana correspond à la valeur monétaire de 2,5 kg de riz, selon la consommation quotidienne d’une personne. Si quelqu’un n’a pas les moyens de donner cette somme en entier, il lui est permis d’en offrir la moitié. En outre, le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) a enjoint aux musulmans de payer la Sadaqat-Ul-Fitr, car il s’agit d’un moyen pour le jeûneur de se purifier et de s’abstenir des paroles inutiles et vulgaires tout en nourrissant le pauvre. Il a ajouté que celui qui paye la Sadaqat-Ul-Fitr avant lAïd, cette charité est acceptée comme une Zakat tandis qu’après l’Aïd, elle est considérée comme une charité [ordinaire].[5]

Le service à l’humanité

Une autre manière de faire la charité est de servir l’humanité, ce qui constitue également un commandement de Dieu. Nous devrions nous efforcer de nous surpasser dans l’accomplissement de bonnes actions et d’exceller dans notre passion pour le service de l’autrui. Le service de l’humanité est l’essence même de l’Islam, qui est une religion de paix, de compassion, d’harmonie et de partage. Le Saint Coran nous enjoint à maintes reprises de faire le bien, de cultiver la gentillesse, l’humilité et l’amour du prochain, et d’assumer notre responsabilité collective envers autrui. Allah, le Très Gracieux et Miséricordieux dit dans le Saint Coran :

« Vous êtes le meilleur peuple, suscité pour le bien de l’humanité… »[6]

Le Messie Promis (a.s.)s’est aussi appesanti sur l’essence de servir l’humanité et a déclaré : « Mon but, mon désir, mon ardente aspiration est de servir l’humanité avec dévotion. Mon travail, ma responsabilité, ma voie, mon chemin. Tout en moi se dévoue à ce noble dessein. »[7] Il a enseigné aux membres de la communauté musulmane Ahmadiyya l’importance d’aider les pauvres et les personnes dans le besoin, ce qui a nourri en eux un profond engagement au service de l’humanité.

Lors de son discours à la Conférence Internationale de Humanity First en octobre 2021, Sa Sainteté le Calife de la communauté musulmane Ahmadiyya, Mirza Masroor Ahmad (a.b.a.), a rappelé cette parole du Messie Promis (a.s.) : « Aimer l’humanité et faire preuve de compassion envers autrui est une forme d’adoration des plus sublimes envers Dieu le Tout-Puissant, ainsi qu’un moyen exceptionnel d’attirer Son plaisir et Ses récompenses. »[8]

Malgré nos différences de religion, de couleur de peau, d’ethnicité ou de statut social, nous sommes tous égaux aux yeux d’Allah, comme l’enseigne le Saint Coran. Il est de notre devoir d’aider les plus vulnérables et de leur témoigner du respect. À ce sujet, le Messie Promis (a.s.) a déclaré : « Si vous êtes riches, ne vous enorgueillissez pas de vos richesses et ne regardez pas les pauvres de haut. Au contraire, servez-les et apportez-leur votre aide. » [9]

À ce sujet, le Calife de la communauté musulmane Ahmadiyya (a.b.a.) a souligné l’importance pour les membres de la communauté d’être toujours prêts à apporter leur soutien à ceux qui sont en détresse, qui sont persécutés ou ceux qui traversent une situation difficile, afin de les soulager de leurs peines et de leurs douleurs. Il a ajouté que nous devons toujours défendre les droits des plus faibles, des vulnérables et des moins privilégiés.[10]

Pendant le mois sacré du Ramadan, les musulmans offrent fréquemment des dons de nourritures aux pauvres et aux orphelins et partagent des petits délices avec leurs proches, voisins et amis, quels que soient leur croyance et leur statut social. Certains offrent également l’iftar (repas de la rupture d’un jeûne) aux jeûneurs.

L’Islam enseigne que nous devons aider les autres, que ce soit pendant le Ramadan ou en dehors de cette période. Il convient de souligner que la communauté musulmane Ahmadiyya, à travers Humanity First, aide activement les plus démunis tout au long de l’année dans plusieurs pays du monde, en faisant des dons de sang, de denrées alimentaires et de repas chauds, et en offrant son assistance aux victimes de tremblements de terre ou de cyclones. Humanity First promeut également des services de soins de santé gratuits à tous dans les hôpitaux de la communauté et offre un accès gratuit à l’éducation et à l’eau potable dans les pays du tiers monde grâce à la construction d’écoles et de puits.

Récompense divine pour les actes de charité

En ce qui concerne les récompenses liées aux actes de charité, nous ne devons point chercher quelque reconnaissance matérielle en retour, à part la récompense divine. Dans le Saint Coran, Allah dit : « Si vous faites l’aumône ouvertement, c’est très bien ; mais si vous la cachez et que vous la donniez aux pauvres, alors c’est encore mieux pour vous ; et Allah vous enlèvera bon nombre de vos méfaits. Et Allah est Très-Conscient de ce que vous faites. »[11]

Une grande récompense est donc promise à ceux qui œuvrent pour le bien et qui dépensent de leurs propres richesses dans le service de l’autrui. C’est là le chemin de la droiture.

« La récompense de la bonté peut-elle être autre chose que de la bonté ? »[12]

Selon un hadith, le Saint Prophète (s.a.w.) a dit : « Celui qui dépense dans la voie d’Allah sera récompensé sept cents fois davantage. »[13]

À ce sujet, Sa Sainteté (a.b.a.) a expliqué qu’Allah nous exhorte à maintes reprises à adopter la droiture. Il a souligné que celle-ci est une condition essentielle de la vertu et le chemin qui y mène. La droiture purifie l’âme des maux de ce monde et répond à nos besoins tant spirituels que matériels.[14] Chaque action doit donc être faite avec piété, humilité et avec un cœur sincère, ayant pour but ultime d’atteindre le plaisir de Dieu. Le Ramadan est ainsi l’opportunité de s’améliorer spirituellement et de développer davantage de qualités et valeurs morales, ainsi que l’esprit de sacrifice.

Pour conclure, nous devons faire de bonnes œuvres pendant toute l’année et non pas seulement pendant un mois. Sa Sainteté Mirza Masroor Ahmad (a.b.a.) a souligné que « puisque les humains sont oublieux, Allah a fait du Ramadan une période récurrente, chaque année, afin que les gens se rappellent de leurs devoirs et de leurs droits envers Dieu et envers Sa création… »[15] Nous devons faire de notre mieux pour accomplir les commandements de Dieu Le Tout Puissant, et reconnaître Ses innombrables faveurs et bénédictions. C’est ainsi que nous allons progresser et atteindre le plaisir de Dieu, et ainsi bénéficier de Sa miséricorde inestimable.

À propos de l’auteure : Habeeba Hajrah Jeeawody, Mauricienne, est titulaire d’une maîtrise en Psychologie Manégériale de l’Université de Technologie, Maurice, et d’une licence en sécurité et qualité alimentaire de l’Université de Maurice. Elle travaille au sein de l’État de Maurice depuis ces huit dernières années, et a servi comme Sadr Lajna pour la région de Triolet à Maurice de 2022 à 2024.


[1]Sahih al-Boukhari, 1417; Riyad as-Salihin, 545

[2]Sunan al-Tirmidhi, Kitabaz-Zakat

[3]Sahih al-Boukhari, 3554

[4] Sahih-al-Bukhari, 6012

[5]Sunan Ibn Majah, 1827

[6]Le Saint Coran, 3:111

[7]Barahin-e-Ahmadiyya, Ruhani Khazaein, vol. 1, pages 73-74

[8]Discours par Hazrat Mirza Masroor Ahmada.b.a, 31 Octobre 2021.

[9]L’Arche de Noé par Hadrat Mirza Ghulam Ahmada.s, Le Messie Promis et Imam Mahdi, page 23

[10]Discours par Hazrat Mirza MasroorAhmada.b.a, 31 Octobre 2021.

[11]Le Saint Coran, 2:272

[12]Le Saint Coran, 55:61

[13]Sunan al-Tirmidhi, 1625

[14]Sermon du Vendredi par Hazrat Mirza Masroor Ahmada.b.a, 15 Mars 2024

[15] Sermon du Vendredi par Hazrat Mirza Masroor Ahmada.b.a, 07 Mars 2025