Mohammad

Le Prophète Mohammad : le modèle par excellence

La Ka'aba est un lieu sacré du culte musulman.
La Ka'aba est un lieu sacré du culte musulman au sein du masjid al-Haram (« La Mosquée sacrée ») à La Mecque
La vie du Saint Prophète de l’Islam est un livre ouvert. Il n’existe pas d’autre maître ou prophète dont la biographie est si bien rapportée et si facile à étudier que la sienne.

La vie du Saint Fondateur de l’Islam est un livre ouvert : on peut y trouver des détails intéressants à chaque page. Cette abondance de détails a donné lieu à des critiques malveillantes. Mais une fois les accusations examinées et rejetées, sa vie inspire une foi et un dévouement sans pareils.

Le Saint Prophète Mohammadsa était un prophète porteur de Loi. Il n’était pas une nouveauté. D’autres prophètes semblables à lui furent suscités avant lui, comme Moiseas, par l’intermédiaire duquel Dieu avait prophétisé l’avènement d’un prophète qui, comme lui, sera aussi porteur de Loi.1

Le Saint Prophète Mohammadsa fut enjoint d’annoncer : « Je ne suis pas une nouveauté parmi les Messagers ».2 Dieu le prépara de sorte qu’il puisse servir de truchement approprié pour la transmission de la Loi divine à l’humanité ; ce qui implique que sa personnalité avait été soigneusement prédisposée à cette fin et qu’il illustrait dans sa propre conduite une stricte conformité aux préceptes établis dans ladite Loi. Nonobstant le fait qu’il vécût dans une région qui n’entretenait que de rares contacts avec le reste du monde, et ce, à une époque où l’histoire comme discipline n’était qu’à ses débuts, Mohammadsa était, sans l’ombre d’un doute, un personnage historique.

Ayant vécu au grand jour, l’on en sait suffisamment sur sa jeunesse pour brosser un portrait assez clair de ses qualités et de son caractère. Après avoir reçu l’appel divin, ses moindres paroles et gestes furent scrutés à la loupe et minutieusement préservés, ce qui s’est avéré nécessaire par la suite, faute de quoi aurait subsisté de l’incertitude au sujet de sa vie, et cette dernière n’aurait pas pu nous servir d’illustration pratique de l’enseignement qu’il avait apporté.

Le Saint Prophète Mohammadsa était un humain – ni plus, ni moins. Ainsi, il pouvait servir d’exemple à l’humanité. Il ne possédait aucun pouvoir transcendant le naturel ni ne prétendait-il en être le détenteur. Il était soumis aux mêmes conditions et aux mêmes restrictions que ses contemporains. Il avait souffert plus que les autres et a connu durant sa vie un succès remarquable. Il eut une vie aux facettes multiples et dut traverser nombre d’épreuves. Comme tant d’autres, il était un fils, un époux, un père. Il fut un employé rattaché au service d’un maître, un citoyen soumis aux autorités de sa ville. Dieu fit de lui un guide pour le peuple. Il devint aussitôt un objet de mépris et de dérision, et très vite se retrouva en proie à une persécution des plus âpres. Il était, à l’égard de son modeste troupeau, un berger doux et soucieux, tandis que son courage, sa fermeté, et son endurance de premier ordre furent mis en évidence face à l’adversité et en temps de dur combat.

Au cours des dix dernières années de sa vie, il fut appelé à exercer le rôle de chef d’une communauté divisée en maintes factions et enlisées, depuis des lustres, dans une lutte intestine. Ainsi, il eut à exercer son pouvoir là où régnait dissensions et conflits de toutes sortes.

Outre les diverses tâches auxquelles il devait s’atteler eu égard à sa charge prophétique, il fut aussi appelé à faire valoir ses qualités à titre d’administrateur en chef et d’homme d’État – tâches qui l’éprouvèrent de manière intense. Il était un homme de paix. Qu’il puisse s’acquitter à juste titre de la responsabilité et de la confiance que Dieu lui avait confiées de si bonne grâce exigeait que la paix soit non seulement établie mais aussi préservée. Or, ses ennemis ne lui accordaient point de paix. Ils le contraignirent à prendre les armes pour défendre l’un des droits les plus fondamentaux de l’homme : la liberté de conscience. Il abhorrait la guerre et le conflit, mais quand la guerre lui fut imposée, il s’évertua à la rendre humaine, abolissant les pratiques incultes et barbares d’alors.

Lors des combats, il commandait, mais se refrénait scrupuleusement de verser le sang. Sa stratégie, toujours irréprochable, avait comme but celui de minimiser les pertes de vies et la souffrance. En huit années de combats, marquées d’affrontements féroces et d’expéditions préventives, les pertes de vies subies par ses adversaires étaient de 759 morts et les siennes s’élevaient à 259. L’exigence d’établir la justice lui imposa le devoir de venger le mal et de punir la méchanceté dans un monde difficile. Ses jugements étaient toutefois toujours tempérés par la clémence. Il ne manqua pas de faire preuve de fermeté quand les circonstances l’exigeaient, faute de quoi il aurait été coupable de négligence dans l’acquittement de ses obligations. Il ne tolérait point la trahison et la traîtrise. Cependant, il n’était jamais vindicatif. Il était pardonnant et indulgent en ce qui concernait le mal qui lui avait été fait.

Dans son livre Life of Muhammad, Sir William Muir le décrit en ces termes :

« Sa stature, quoique dépassant de peu la taille moyenne, était majestueuse et imposante. Le sentiment profond que laissait entrevoir ses yeux, ainsi que l’air triomphant dégagé par son visage attrayant gagnait, à première vue, la confiance et l’amour de ceux qui lui étaient étrangers. Il arborait souvent un sourire plein de grâce et de charisme. Selon l’un de ses fervents admirateurs, il était le plus beau, le plus brave, son visage des plus radieux et en matière de générosité, sans égal : en somme le soleil brillait en sa personne. Sa démarche a souvent été décrite comme celle d’un individu descendant à vive allure une colline. Quand il était pressé, d’aucuns ne pouvaient suivre son rythme qu’avec difficulté. Il ne se retournait jamais, même s’il advenait que son manteau s’accroche à un arbuste épineux, tant et si bien que ceux qui le suivaient pouvaient librement parloter et rire sans risque d’être observés.

Dans tout ce qu’il accomplissait, il faisait preuve de minutie et de complétude. Il ne commençait pas une tâche sans l’achever ; et il avait la même habitude dans ses rapports sociaux. S’il devait s’engager dans une conversation avec quelqu’un, il ne se tournait pas partiellement, mais de tout son visage et de tout son corps. En serrant la main de quelqu’un, il n’était jamais le premier à retirer la sienne et n’était pas le premier non plus à rompre la conversation avec un étranger, ni à détourner son oreille. Sa vie était imprégnée d’une simplicité patriarcale. Son habitude était de tout faire de ses propres mains. S’il faisait de l’aumône, il la plaçait de sa main dans celle du requérant. Il aidait ses épouses dans leurs tâches ménagères, recousait ses vêtements, faisait paître ses chèvres, reparait de ses mains ses chaussures. Ses habits étaient, à l’instar de ceux de ses voisins, faits de coton fin et blanc. Durant ses repas, il ne s’inclinait jamais. Mohammadsa et ses épouses vivaient, comme on a pu le constater, dans des maisonnettes faites de briques de terre séchées au soleil, les chambres cloisonnées à l’aide de branches de palmier enduites de boue, tandis que les fenêtres étaient recouvertes d’un rideau de cuir ou d’un tissu noir. Il était, envers tous, facile d’accès – telle une rivière où l’on y vient librement puiser de l’eau. Les ambassades furent reçues avec la plus grande courtoisie. En ce qui avait trait aux normes de décorum qu’exigeaient de telles rencontres et autres affaires d’État, Mohammadsa afficha toutes les qualités d’un dirigeant compétent et expérimenté. Ce qui est d’autant plus étrange, car il n’a jamais su écrire.Un trait remarquable de Mohammadsa était l’affabilité et la considération avec lesquelles il traitait le plus simple de ses disciples. Sa conduite était imprégnée de modestie, de gentillesse, de patience, d’abnégation et de générosité. Il attirait l’affection de tout le monde autour de lui. Il n’aimait pas dire non. S’il ne pouvait répondre à un requérant dans l’affirmative, il préférait le silence. Jamais n’est-il advenu qu’il refuse une invitation, même dans la maison la plus simple, ni n’a-t-il jamais refusé un présent, aussi modeste soit-il. Il possédait la rare faculté d’engendrer chez chacun de ses convives le sentiment d’être l’invité privilégié. S’il croisait quelqu’un qui se réjouissait de son succès, il lui serrait cordialement la main, tout enthousiaste. Il compatissait avec celui qui était en deuil ou affligé.

Doux et indulgent envers les petits enfants, il ne dédaignait pas les accoster lors de leurs jeux pour leur prodiguer ses salutations de paix. En période de difficultés, il partageait sa nourriture et se souciait immensément du confort des autres. En somme, son caractère était empreint de bonté et de bienveillance. Le Prophète était fidèle comme ami. Il exprimait envers Abou Bakr un amour fraternel, et à l’égard d’Ali la sollicitude d’un père.

Zaid, l’esclave affranchi, était, quant à lui, si attaché au Prophète qu’il préféra rester à La Mecque plutôt que de retourner chez son propre père : « Je ne vais pas te laisser, dit-il, en se cramponnant au Prophète, car tu as été pour moi père et mère. » L’amitié de Mohammadsa se maintint après la mort de Zaid ; Oussama, le fils de ce dernier, fut traité avec la plus haute considération en hommage à son père. Il avait pour Outhman et Oumar un attachement spécial. Il suffit de citer comme preuve de sa sincère amitié avec Outhman le discours émouvant que prononça le Prophète lors du serment sous l’arbre, où il s’était juré de le défendre – alors entre les mains des Mecquois – jusqu’à ce que la mort le prenne. D’autres exemples similaires, où est mise en exergue la haute considération qu’avait Mohammadsa envers autrui, abondent.

Dans l’exercice d’un pouvoir absolu, Mohammadsa était juste et équitable. Il ne manqua pas de modération envers ses ennemis, une fois qu’ils avaient accepté ses revendications. La longue et dure lutte lancée contre lui par les habitants de La Mecque aurait pu le pousser à exprimer sa colère en mettant la ville à feu et à sang quand il y entra en conquérant. Or, il accorda un pardon universel – excepté à quelques criminels endurcis – jetant aux oubliettes, dans une démarche pleine de noblesse, le passé et ses avanies, ses affronts et ses persécutions. Il traita son adversaire le plus acharné avec grâce et considération. Il convient de noter la clémence dont il fit preuve à l’égard d’Abdoullah et de ses compères hypocrites de Médine, eux qui, des années durant, s’évertuaient à entraver ses plans et à résister son autorité, ainsi que sa clémence suite aux requêtes des tribus qui, naguère, lui étaient des plus hostiles. »

Tel est le portrait brossé par Sir William Muir, un biographe qui n’était que très peu disposé envers le Saint Prophètesa.

Au sujet de son caractère et de ses qualités, nous disposons du témoignage de Khadijara, qui était sa plus proche compagne pendant les quinze années précédant la révélation divine.

Le fait qu’elle lui fut une épouse toute dévouée durant les premières années de sa mission, jusqu’à sa mort peu avant la fin de la mise en quarantaine des musulmans, est une autre preuve qui vient fortifier la haute opinion qu’elle s’était faite à l’égard du Saint Prophète Mohammadsa.

Quand elle fut interrogée au sujet du  caractère du Saint Prophète Mohammadsa, Aishara son épouse, répondit en ces mots élogieux : « Il était le Coran personnifié. »

À propos de l’auteur : Sir Chaudhry Mohammad Zafrullah Khan (1893-1985) était un fervent défenseur de l’Islam. Juriste et diplomate, il a servi comme ministre des affaires étrangères du Pakistan, président de l’Assemblée générale des Nations unies et président de la Cour internationale de justice. Il a laissé une marque permanente sur l’histoire contemporaine grâce à son engagement dans la défense des droits des habitants du Pakistan, des Arabes de la Palestine et des citoyens de l’Afrique du Nord. Il a écrit de nombreux ouvrages sur l’Islam, l’Ahmadiyya et le monde contemporain.

Bibliographies et références

  1. Deutéronome 18 : 18
  2. Le Saint Coran, chapitre 46, verset 10
Étiquettes