Le « Dry January », ou « Janvier sobre », est une initiative encourageant les individus à s’abstenir de consommer de l’alcool durant le mois de janvier. L’idée est de permettre au corps de récupérer suite aux excès des fêtes de fin d’année. Ce mouvement compte de plus en plus d’adeptes d’année en année et s’inscrit dans une prise de conscience croissante des dangers liés à la consommation d’alcool.
Alors que le mois de Janvier arrive à sa fin, et que l’envie ressurgit chez ces personnes de reprendre une consommation d’alcool, il est important de rappeler les risques liés à sa consommation en partageant six données inquiétantes et alarmantes sur l’impact de l’alcool sur la santé et le corps humain.
1. L’alcool est une toxine et un cancérogène reconnu
La dangerosité de l’alcool peut déjà se mesurer par le fait que cette substance a été classée substance cancérogène de groupe 1 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Cette classification place ainsi l’alcool dans la même catégorie que des substances telles que le tabac et l’amiante, ce qui souligne la gravité de ses effets sur la santé.[1]
Le lien entre une consommation d’alcool, même modérée, et le développement de cancers mortels est maintenant bien établie. Selon l’Institut National du Cancer, parmi les causes de décès associées à la consommation d’alcool, les cancers occupent la première place avec 16 000 morts par an. Les pathologies cardiovasculaires arrivent en deuxième position avec près de 10 000 décès par an. Et parmi les cancers les plus fréquents liés à l’alcool, on trouve les cancers de la bouche, du larynx, du pharynx, de l’œsophage, du foie, du côlon-rectum et du sein.[2]
L’alcool est responsable de 5,3 % des décès dans le monde, soit environ 3 millions de morts chaque année. Parmi ces décès, 12 % sont liés à des cancers. Les données scientifiques montrent que même des niveaux modérés de consommation augmentent significativement les risques pour la santé.[3]
Ces données montrent l’impact majeur de l’alcool sur la santé, notamment en termes de cancers. Une sensibilisation accrue est ainsi essentielle pour limiter les risques.
2. L’alcool est dangereux dès la première goutte
De récentes méta-analyses et études scientifiques confirment qu’aucune quantité d’alcool ne peut être considérée comme sans risque pour la santé. En 2018, une étude d’envergure publiée dans le prestigieux journal scientifique The Lancet3 a provoqué une onde de choc dans la communauté scientifique et au-delà. Cette étude, menée dans 195 pays entre 1990 et 2016, a démontré que la consommation d’alcool constitue une cause majeure de maladies et de décès à l’échelle mondiale, quel que soit le niveau de consommation.
Les résultats ont mis en évidence qu’une consommation, même faible, augmente significativement le risque de développer des pathologies graves, telles que les cancers, les maladies cardiovasculaires et les troubles neurologiques. Cette étude a ainsi remis en question les croyances largement répandues selon lesquelles une consommation modérée d’alcool pourrait avoir des effets protecteurs, notamment sur le plan cardiovasculaire. En réalité, les dangers associés à l’alcool surpassent largement tout bénéfice potentiel, établissant un consensus scientifique clair sur la nocivité de cette substance.
L’Institut National du Cancer va également dans le même sens en affirmant que même une faible consommation d’alcool augmente le risque de cancers, et qu’un verre de vin aura le même effet cancérigène qu’un verre d’alcool fort.[4] Tout comme la conclusion de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) : aucun niveau de consommation d’alcool n’est sans danger pour notre santé.[5]
Ces données récentes illustrent que l’alcool, même en faible quantité, est un danger pour la santé publique. Toute consommation, même minime, expose les individus à des risques, soulignant l’importance de promouvoir des politiques visant à réduire la consommation globale et à sensibiliser la population aux dangers de l’alcool.
3. L’alcool affecte presque tous les organes du corps
L’alcool n’a pas d’impact limité que sur le foie, contrairement à ce que beaucoup pensent. Il affecte presque tous les organes du corps, entraînant des dommages profonds et à long terme, avec des conséquences graves pour la santé globale. Cette caractéristique en fait une toxine particulièrement insidieuse.
Altération du cerveau
L’alcool a des effets profonds sur le cerveau, affectant la mémoire, la concentration et, dans les cas graves, pouvant mener à des troubles cognitifs sévères. De plus, l’alcool peut impacter des régions clés telles que l’hippocampe, qui est essentiel pour la formation de nouveaux souvenirs. Cette réduction du volume cérébral est associée à des déficits cognitifs, y compris des troubles de la mémoire et de l’apprentissage.[6]
Impact sur le cœur
L’alcool a des effets profonds sur le système cardiovasculaire, augmentant le risque d’hypertension, de cardiomyopathie (affaiblissement du muscle cardiaque) et d’autres maladies cardiaques. Une consommation régulière d’alcool peut entraîner des changements dans la pression artérielle et favoriser l’insuffisance cardiaque. Selon une revue publiée par l’Université du Québec à Rimouski, l’alcool peut provoquer des troubles du rythme cardiaque et aggraver l’hypertension.[7] En France, l’alcool est responsable d’environ 12 000 décès par maladies cardiovasculaires chaque année.[8]
Compromission du système immunitaire
L’alcool a des effets profonds sur le système immunitaire, le rendant plus vulnérable aux infections. Une consommation excessive d’alcool peut altérer la fonction des cellules immunitaires, réduisant ainsi la capacité de l’organisme à combattre les agents pathogènes. Selon l’Institut national de la santé publique du Québec, chez les personnes qui consomment de façon excessive, l’alcool peut diminuer la réponse du système immunitaire, ce qui peut accroître la susceptibilité aux infections.[9]
Dommages au foie
La consommation excessive et prolongée d’alcool entraîne des lésions hépatiques, notamment la stéatose hépatique (accumulation de graisses dans le foie) et les hépatites alcooliques, qui peuvent évoluer vers la cirrhose.[10] Ces pathologies hépatiques augmentent le risque de complications graves, telles que l’insuffisance hépatique et le cancer du foie.[11]
Ainsi, L’alcool, en impactant presque tous les organes du corps, se révèle être une toxine aux effets systémiques graves.
4. L’alcool perturbe le sommeil
L’alcool perturbe la qualité du sommeil en altérant son architecture. Une consommation excessive d’alcool réduit la durée du sommeil paradoxal (REM), une phase essentielle pour la récupération cognitive et émotionnelle. Cette diminution entraîne des réveils fréquents et des difficultés à se rendormir, contribuant à une sensation de fatigue et de somnolence diurne.[12]
De plus, l’alcool favorise le relâchement des muscles de la gorge, augmentant ainsi le risque d’apnées du sommeil, ce qui perturbe davantage la qualité du sommeil.[13]
L’alcool a ainsi un impact majeur que la qualité de vie des consommateurs et leur productivité.
5. L’alcool affecte la fertilité
Dans un contexte, où la fertilité des hommes et femme diminue d’année en année, il est important de souligner que la consommation d’alcool a des répercussions significatives sur la fertilité, tant chez l’homme que chez la femme. A titre d’exemple, chez l’homme, l’alcool altère la qualité du sperme, réduisant le nombre et la motilité des spermatozoïdes, ce qui diminue les chances de conception.[14]
Il est recommandé ainsi aux couples souhaitant concevoir de limiter, voire d’éliminer, la consommation d’alcool pour optimiser les chances de fertilité.
6. Bien tolérer l’alcool est un signe de danger
La tolérance à l’alcool se manifeste lorsque des consommations répétées d’alcool entraînent des effets progressivement moins prononcés, incitant l’individu à augmenter les doses pour obtenir les mêmes sensations. Ce phénomène est le résultat de mécanismes d’adaptation du cerveau aux effets de l’alcool.
Contrairement à la croyance commune, le développement d’une tolérance à l’alcool est préoccupant car il peut conduire à une escalade de la consommation, augmentant ainsi le risque de dépendance et de dommages aux organes internes.[15]
Conclusion
L’alcool, perçu comme un moyen de détente ou de socialisation, est une menace pour la santé, même à des doses jugées « raisonnables ». Les preuves scientifiques révèlent les risques de maladies chroniques, de cancers, et de complications cardiovasculaires, quelles que soient les quantités consommées. La campagne « Dry January » offre une opportunité pour sensibiliser à ces dangers et encourager des comportements plus responsables.
Le Saint Coran, dans la sourate Al-Ma’idah (5:91), dit :
« O vous qui croyez ! Les intoxicants et les jeux de hasard et les idoles et les flèches divinatrices ne sont qu’une abomination découlant de l’œuvre de Satan. Éloignez-vous en afin de pouvoir prospérer. »
Cette interdiction vise à préserver la santé, en concordance avec les découvertes scientifiques contemporaines.
L’OMS considère la réduction de l’alcool comme une priorité de santé publique. Des initiatives comme « Dry January », associées à des politiques restrictives, sensibilisent à ces risques et favorisent des comportements sains. Il est crucial de renforcer les actions préventives pour protéger la santé de tous.
A propos de l’auteur : Talha Rashid est titulaire d’un doctorat en biologie moléculaire et cellulaire de l’Université Paris Descartes. Il est Rédacteur-en-Chef de La Revue des Religions, et intervient régulièrement dans différents programmes sur la chaîne MTA.
[1] https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/alcohol
[2] https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/alcool/articles/quels-sont-les-risques-de-la-consommation-d-alcool-pour-la-sante
[3] https://www.thelancet.com/article/S0140-6736(18)31310-2/fulltext
[4] https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Reduire-les-risques-de-cancer/Alcool
[5] https://www.who.int/europe/fr/news/item/04-01-2023-no-level-of-alcohol-consumption-is-safe-for-our-health
[6] https://www.niaaa.nih.gov/sites/default/files/publications/Blackouts_French.pdf
[7] https://www.uqar.ca/app/uploads/2024/06/acfa.pdf
[8]https://ozensemble.fabrique.social.gouv.fr/blog/impact-alcool-mortalite
[9] https://www.inspq.qc.ca/substances-psychoactives/alcool/dossier/alcool-consequences-consommation
[10] https://www.inserm.fr/dossier/cirrhose/
[11] https://liverfoundation.org/fr/centre-de-ressources/Articles/statistiques-sur-les-maladies-du-foie
[12] https://ozensemble.fabrique.social.gouv.fr/blog/amelioration-sommeil-arret-alcool
[13] https://www.therasomnia.com/dossiers/alcool-et-insomnie-impact-causes-et-solutions?utm_source=chatgpt.com
[14] https://www.mdpi.com/1660-4601/19/1/328
[15] https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/alcohol
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