Discours du Calife

Une paix mondiale réelle et durable

Le Calife de l'Islam
Les tensions entre les nations sont de plus en plus aiguës et d’autres conflits dans le monde menacent de se déchaîner. C’est dans ce contexte que le Calife a lancé un appel à la paix.
Le monde se trouve à la croisée des chemins car les tensions entre les nations sont de plus en plus aiguës. C’est dans ce contexte que le chef mondial de la communauté musulmane Ahmadiyya a présenté un message important lors du 16e symposium national sur la paix qui s’est tenu au Royaume-Uni, le 9 mars 2019, dans la plus grande mosquée de Grande-Bretagne, Bait-ul-Futuh, à Londres.
Discours prononcé par Sa Sainteté Mirza Masroor Ahmadaba lors du 16e symposium national sur la paix qui s’est tenu au Royaume-Uni, le 9 mars 2019. Le monde se trouve à la croisée des chemins car les tensions entre les nations sont de plus en plus aiguës. La Russie et les États-Unis mènent une dangereuse course aux armements, l’Inde et le Pakistan étaient sur le point de déclencher une guerre généralisée et de nombreux autres conflits dans le monde menacent de se déchaîner. Toute guerre entre les puissances nucléaires pourrait entraîner d’horribles destructions touchant toute l’humanité. C’est dans ce contexte que le chef mondial de la communauté musulmane Ahmadiyya a présenté un message important lors du 16e symposium national sur la paix qui s’est tenu au Royaume-Uni, le 9 mars 2019, dans la plus grande mosquée de Grande-Bretagne, Bait-ul-Futuh, à Londres. Il s’est adressé à un auditoire de plus de 1 000 personnes, dont 700 dignitaires et invités venant de 30 pays, comprenant des ministres, ambassadeurs d’État, parlementaires, chefs religieux et autres. L’événement a été couvert par les médias et les chaînes de télévision du monde entier. La Revue des Religions présente la traduction intégrale du discours prononcé par Sa Sainteté en cette soirée historique. Nous encourageons nos lecteurs à transmettre ce message important à tous leurs amis, connaissances et contacts. Sa Sainteté Hazrat Mirza Masroor Ahmadatba, chef mondial de la communauté musulmane Ahmadiyya, cinquième successeur du Messie Promisas, a déclaré : Bismillahir Rahmanir Rahim, au nom d’Allah, le Gracieux et le Miséricordieux. Chers invités, Assalamo Alaikum Wa Rahmatullah Wa Barakatohu – que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur vous tous. Chaque année, la communauté musulmane Ahmadiyya organise ce symposium sur la paix dans lequel les problèmes contemporains et l’état du monde sont analysés. Dans mon discours, je tente de présenter leurs solutions à la lumière des enseignements de l’Islam. J’ignore l’impact de cet événement sur le monde entier, comme je l’avais déjà évoqué. Cependant, quelles que soient ses retombées, nous ne renoncerons jamais à nos efforts afin de promouvoir la paix et la justice, et je suis certain que vous partagez tous notre ardent désir d’instaurer une paix réelle et pérenne dans le monde. En fait, je suis sûr que vous espérez tous voir la fin des nombreux conflits et guerres qui ont ravagé le monde ces derniers temps, et l’émergence d’un monde pacifique dans lequel tous les peuples et toutes les nations vivront en harmonie et respecteront leurs droits mutuels. Pourtant, la tragique et désastreuse vérité est que chaque année, ces guerres et conflits prennent de l’ampleur au lieu de s’atténuer. Les rivalités s’intensifient, de nouvelles lignes de bataille sont tracées, tandis que les hostilités existantes ne semblent guère se résorber. Bien que nous soyons tous conscients que nous traversons des moments difficiles, la plupart des gens ne comprennent pas à quel point les relations entre certaines nations se sont détériorées et à quel point les conséquences pourraient être désastreuses. À titre d’exemple, dans une chronique publiée récemment par Bloomberg Businessweek, le journaliste Peter Coy écrit ceci : « La guerre nucléaire a très peu suscité l’attention ; ceci est fort étonnant compte tenu du nombre de missiles nucléaires disponibles pour mettre fin à la civilisation humaine en quelques heures […] Cette réflexion est d’autant plus nécessaire car le contrôle des armements – en particulier entre les États-Unis et la Russie – a échoué. Une nouvelle course aux armes nucléaires semble se dessiner. Que pouvons-nous faire ? Le contrôle des armements n’est efficace que sous la pression de la population, quand l’humanité parle plus fort que les marchands d’armes et les leaders belliqueux. » Dans son article, il cite également Nikolai Sokov, membre de l’Institut d’études internationales de Middlebury, qui émet l’avertissement suivant : « Tous les signes indiquent une grave course aux armements nucléaires et conventionnels en Europe. » La suite de l’article renforce l’idée selon laquelle une autre course mondiale aux armements a débuté et que la menace d’une guerre nucléaire ne doit pas être écartée. Ces derniers jours, le monde a été témoin d’une escalade soudaine de tensions entre l’Inde et le Pakistan. Ces deux pays sont des puissances nucléaires et tous les deux ont noué des alliances avec d’autres nations, de manière ouverte ou secrète, ce qui signifie que les conséquences potentielles d’une guerre seraient vastes et d’une grande portée. À maintes reprises, j’ai exprimé mon point de vue sur le fait que les dirigeants de certaines puissances nucléaires avaient la gâchette facile et ne semblaient pas mesurer les conséquences graves d’un conflit nucléaire. Ces armes ont non seulement le pouvoir d’annihiler les pays visés, mais peuvent également détruire la paix et la stabilité du monde entier. Il est impératif que les nations et leurs dirigeants ne se concentrent pas uniquement sur leurs propres intérêts nationaux, mais qu’ils considèrent aussi ce qui convient le mieux au monde. Le dialogue avec les autres nations et les communautés est vital, et chaque partie devra travailler conjointement dans un esprit de tolérance et avec l’objectif commun de favoriser une paix véritable et durable dans le monde. Dans une récente interview accordée à Spiegel Online, l’ancien ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, a mis en garde contre une sous-estimation des dangers posés par la situation géopolitique actuelle. Il compare l’état politique contemporain à la situation du monde en 1945 et en 1989. L’ancien ministre allemand a déclaré : « Le monde change de façon dramatique […] le vieil Ouest s’est effondré […] C’est un changement radical par rapport aux 70 dernières années, lorsque nous pouvions compter sur les États-Unis en tant que nation dirigeante. Nous luttons pour la souveraineté européenne dans un monde complètement différent. » Dans un article du New York Times, Mikhaïl Gorbatchev, ancien dirigeant de l’Union soviétique, écrit qu’une nouvelle course aux armements nucléaires a débuté suite à la récente suspension du traité du FNI entre les États-Unis et la Russie.
  1. Gorbatchev ajoute qu’une « nouvelle course aux armements a été annoncée. Le traité FNI n’est pas la première victime de la militarisation des affaires du monde. En 2002, les États-Unis se sont retirés du traité sur les missiles antibalistiques, et cette année de l’accord sur le nucléaire iranien. Les dépenses militaires ont atteint des niveaux astronomiques et continuent d’augmenter. »
Avertissant du risque d’une guerre nucléaire, M. Gorbatchev écrit ceci : « Il n’y aura pas de vainqueur dans une « guerre de tous contre tous » ; en particulier si elle se termine par un conflit nucléaire. C’est une possibilité qui ne peut être exclue. Une course aux armements sans relâche, des tensions internationales, de l’hostilité et une méfiance universelle ne feront qu’accroître les risques. » C’est pourquoi les experts et les politiciens expérimentés tirent la conclusion que la guerre nucléaire n’est plus une perspective lointaine, mais une menace croissante qui ne peut plus être écartée. Si nous jetons un coup d’œil sur certains des problèmes urgents contemporains, il est clair que le monde part dans une direction inquiétante. Au cours de l’année écoulée, les États-Unis ont affirmé avec une certaine confiance qu’ils étaient sur le point de conclure un accord de paix historique avec la Corée du Nord, mais les événements de ces derniers jours démontrent que rien n’a été accompli. Les conflits au Moyen-Orient continuent de faire rage. En près de dix ans, la Syrie a été ravagée par des effusions de sang et des déchirures. On dit que la guerre civile touche maintenant à sa fin. Mais que nous a apporté la dernière décennie, si ce n’est la mort de centaines de milliers d’innocents et le déplacement de millions d’autres ? Rien de positif n’a émergé et l’avenir reste incertain et précaire, tandis que les tensions montent entre les nations qui ont leurs propres intérêts dans l’avenir de la Syrie. La Russie et la Turquie s’alignent d’une part, tandis que de l’autre, les États-Unis et l’Arabie Saoudite s’unissent et renforcent la pression sur l’Iran et réclament de nouvelles sanctions à son encontre. Les experts politiques expriment ouvertement que l’objectif de ces nations est de dominer le Moyen-Orient. L’aggravation des tensions entre la Turquie et les groupes kurdes en quête d’autonomie est un autre point chaud et source de conflit. Ainsi, le monde est plongé dans un cercle vicieux de conflits et de contre-conflits, tandis que les rivalités couvent et que les haines deviennent de plus en plus profondes. Personne ne sait où de tels problèmes nous mèneront au final ou à quel point les conséquences se révéleront terribles. Les conflits que je viens de mentionner ne sont que la pointe de l’iceberg. De nombreuses autres questions préoccupantes menacent la paix et le bien-être du monde. À titre d’exemple, on dit que le groupe terroriste Daesh est sur le point de s’effondrer et que son prétendu Califat a disparu. Cependant, les experts avertissent également que, bien que Daesh a perdu son territoire, son idéologie haineuse perdure et ses membres qui ont survécu se dispersent et peuvent éventuellement se regrouper et perpétrer des attaques en Europe ou ailleurs. De plus, le nationalisme a refait surface et les partis d’extrême droite gagnent en popularité dans le monde occidental. Ils n’ont peut-être pas obtenu la majorité politique absolue, mais ils continueront à obtenir du soutien si la justice ne prévaut pas à tous les niveaux de la société. L’une des principales raisons de leur popularité est l’immigration généralisée : ceci a engendré du ressentiment et la conviction que les citoyens autochtones sont mis à l’écart afin de financer et de soutenir les immigrants. J’ai longuement abordé cette question dans le passé et je n’ai pas besoin de revenir en arrière. Je souhaite ajouter que si des efforts sincères sont déployés pour cultiver la paix et aider tous les pays à atteindre leur potentiel, les gens, au comble du désespoir, ne fuiront plus leurs foyers. La plupart des gens souhaite tout simplement subvenir aux besoins de leurs familles, et c’est uniquement lorsque de telles possibilités leur sont refusées qu’ils quittent leur foyer pour chercher une vie meilleure. En conséquence, la solution à long terme à la crise de l’immigration est d’établir la paix dans les pays déchirés par la guerre et d’aider les populations locales, qui ont été contraintes à la misère et aux dangers, à vivre en paix. À court terme, lorsque des réfugiés ou des demandeurs d’asile se rendent en Occident en raison des conditions politiques ou religieuses prévalant dans leur pays d’origine, ils doivent être traités avec dignité et respect. De même, le soutien qu’ils reçoivent ne doit pas être aux dépens des citoyens autochtones. Les immigrants doivent être encouragés à entrer sur le marché du travail le plus rapidement possible, au lieu de vivre des prestations [de l’État] pendant de longues périodes. Ils devraient travailler dur, chercher à se prendre en charge et contribuer positivement à leur nouvelle société. Autrement, s’ils sont constamment financés par l’argent des contribuables, cela entraînera inévitablement des griefs. En effet, j’estime que la cause sous-jacente de la plupart des ressentiments dans la société est la frustration économique et financière. Certains groupes profitent de cette anxiété en blâmant les immigrés ou les adeptes d’autres religions et incitent à la haine à leur égard. Ainsi, certains en Europe ont l’impression que les Asiatiques, les Africains et en particulier les immigrants musulmans constituent une menace pour la société. Aux États-Unis, il existe des craintes similaires à propos des musulmans et des Hispaniques souhaitant entrer dans le pays en passant par le Mexique. Néanmoins, je suis fermement convaincu que si les grandes puissances mettent de côté leurs propres intérêts et tentent d’améliorer les conditions économiques des pays plus pauvres en les traitant avec sympathie et respect, ces problèmes ne se poseront jamais. Au Royaume-Uni, le Brexit et ses relations futures avec l’Union européenne font actuellement l’objet de nombreuses incertitudes. Lors de mon discours devant le Parlement européen en 2012, j’ai clairement exprimé mon point de vue sur le sujet en ces termes : « Vous devez faire de votre mieux pour préserver cette unité en respectant les droits de chacun. Les craintes et les inquiétudes du grand public doivent être supprimées. » J’avais aussi déclaré : « Souvenez-vous que la force de l’Europe réside dans son unité. Cette unité ne vous sera pas seulement avantageuse ici ; ce sera aussi un moyen pour ce continent de maintenir sa force et son influence à l’échelle mondiale. Et du point de vue de l’Islam, nous devons nous efforcer d’unir l’humanité entière. » Dans mon allocution devant le Parlement européen en 2012, je me suis concentré sur l’importance de dissiper les craintes du public à propos de l’immigration et de mettre en avant les avantages de l’unité. Cependant, les préoccupations des citoyens n’ayant pas été prises en compte de manière adéquate, les habitants de tous les états européens ont de plus en plus remis en cause les avantages de l’Union européenne. L’exemple le plus frappant est, bien sûr, le Brexit, mais dans de nombreux pays européens, tels que l’Italie, l’Espagne et même en Allemagne, des partis d’extrême droite ou des partis nationalistes gagnent en popularité et des sièges à la table politique au moyen desquels ils tentent de fragiliser davantage le pouvoir européen ainsi que l’Union en poursuivant un programme anti-immigration. Par conséquent, là où j’avais espéré une plus grande unité en Europe, les divisions et les troubles se sont intensifiés ces dernières années. Pourquoi de telles frustrations ont-elles gagné l’Europe ? Elles découlent des difficultés économiques et de l’incapacité des États à agir avec justice et à protéger les droits de leurs citoyens. Je suis d’avis que la coopération internationale est une force positive et unificatrice. Ainsi j’avais également déclaré au Parlement européen : « Du point de vue de l’Islam, nous devons nous efforcer d’unir l’humanité entière. Le monde doit s’unir en ayant une seule monnaie ; il doit s’unir dans ses activités et son commerce. Pour ce qui est de la liberté de mouvement et de l’immigration, des politiques cohérentes et d’autres mesures favorisant l’unité doivent être mises en place. » Le point de vue islamique est que l’unité est le vecteur favorisant la paix. Malheureusement, au lieu de nous unir, nous favorisons la séparation et donnons la priorité à nos intérêts individuels sur les intérêts collectifs du monde. Je pense que pareilles politiques portent d’ores et déjà atteinte à la paix et à la sécurité du monde. Selon l’Islam, la justice entre les nations est une condition préalable pour que la paix prévale. Là où certains pays rencontrent des difficultés, les autres nations doivent tenter de les aider de façon désintéressée, sans imposer leurs propres programmes. Par exemple, le Saint Coran stipule que si une guerre ou un conflit éclate entre deux groupes, les autres pays doivent assurer une médiation impartiale et tenter de trouver une issue pacifique. Toutefois, si l’un de ces groupes continue à être injuste et n’avance pas vers un résultat pacifique, les autres nations doivent s’unir pour l’arrêter. Une fois que les nations ou les partis agressifs se sont abstenus de tout acte répréhensible, l’Islam stipule qu’on ne doit pas se venger en imposant des sanctions injustes et en pillant leurs ressources. Cependant nous avons vu à maintes reprises les exemples de ces grandes puissances qui sont intervenues dans des pays déchirés par la guerre ou qui ont fourni de l’aide à des pays défavorisés sous prétexte de rétablir la paix, tout en y attachant des conditions leur permettant de prendre le contrôle des ressources de ces nations les plus faibles. Au lieu de se contenter de leurs propres richesses, les pays puissants cherchent à contrôler les États les plus faibles. Comme je l’ai mentionné, l’injustice économique est la cause de la frustration et de l’hostilité à l’Est ou à l’Ouest. Il est essentiel de déployer des efforts concertés pour réduire l’écart économique entre les nations et les peuples. En outre, nous devons converger nos efforts pour mettre fin à toutes formes d’extrémisme et de préjugés, qu’ils soient religieux, raciaux ou autres. Là où les personnes souffrent et dont les dirigeants ne protègent pas les droits, les organisations internationales créées dans le but de préserver la paix dans le monde, notamment les Nations Unies, doivent exercer des pressions légitimes et proportionnées pour défendre les droits des citoyens respectueux des lois et favoriser la paix et la justice. Vous pouvez vous demander ce que l’Islam peut nous apprendre sur l’instauration de la paix dans le monde, étant donné que l’instabilité et les conflits de ces dernières années sont en grande partie concentrés dans les pays musulmans. Pourtant, le triste sort de ces nations tient au fait qu’elles se sont éloignées des véritables enseignements de l’Islam. Pour obtenir un portrait fidèle de la gouvernance et du leadership islamiques, nous devons nous référer à l’ère du fondateur de l’Islam, le Saint Prophète Mohammadsa. Après l’émigration du Saint Prophètesa dans la ville de Médine, il a conclu une alliance avec les juifs, aux termes de laquelle ces derniers et les musulmans devaient vivre ensemble dans la paix, dans un esprit de sympathie, de tolérance et d’équité mutuelles. Le pacte s’est révélé être une magnifique charte des droits de l’homme et de la gouvernance et garantissait la paix entre les différentes communautés vivant à Médine. Selon ses termes, toutes les personnes, indépendamment de leur religion ou de leur appartenance ethnique, étaient tenues de respecter les droits des autres. La liberté de croyance et la liberté de conscience sont les pierres angulaires de ce traité. L’unité sous-tendait l’accord : il prévoyait que si Médine était attaquée ou menacée, les musulmans et les juifs uniraient leurs forces pour la défendre ensemble. En outre, chaque communauté avait le droit de résoudre ses problèmes internes en fonction de ses croyances et de ses coutumes. L’histoire témoigne du fait que le Saint Prophète de l’Islam a respecté tous les aspects de cet accord. En tant qu’immigrants, les musulmans ont cherché à servir leur nouvelle société et à respecter les droits de tous les citoyens de Médine. C’était un exemple exceptionnel d’intégration réussie et une manifestation d’une société multiculturelle pacifique et tolérante. Le traité de Médine était directement fondé sur les enseignements du Saint Coran. À titre d’exemple, le verset 91 du chapitre 16 du Saint Coran affirme : « En vérité, Allah enjoint la justice et la bienfaisance envers autrui, et de donner pour Sa cause comme on le fait à des parents proches… » Ainsi, le Saint Coran a défini trois niveaux d’engagement avec d’autres personnes et d’autres communautés. Le premier et le strict minimum est la justice : le Coran prône la nécessité de traiter tout le monde de manière juste et équitable. Les normes de justice requises par l’Islam sont décrites dans le verset 136 du chapitre 4 du Coran : « Ô vous qui croyez ! Soyez fermes dans l’application de la justice et soyez les témoins d’Allāh, quand bien même ce serait contre vous-mêmes ou contre vos parents ou vos proches parents. Que ce soit un riche ou un pauvre, Allāh est plus attentif à eux que vous ne l’êtes. Ne suivez donc pas de vils désirs pour que vous puissiez agir équitablement. Et si vous êtes ambigus dans votre témoignage ou si vous l’éludez, souvenez-vous qu’Allāh est Très-Conscient de ce que vous faites. » Par conséquent, selon le Coran, la justice exige que l’on soit disposé à témoigner contre soi-même et ses proches, afin de protéger la vérité. Le deuxième niveau d’engagement préconisé par le Coran est que l’on ne doit pas être uniquement juste : on doit aller au-delà en faisant « du bien à autrui », en manifestant sa générosité et sa clémence. Comme je l’ai déjà mentionné, le Saint Coran enseigne qu’une fois que vous avez empêché une nation agressive de commettre des actes de cruauté, vous ne devriez pas chercher à vous venger ni à lui imposer des sanctions. Vous devriez plutôt tenter de l’aider à développer son économie et ses infrastructures. Cela aidera ces nations et vous de même à long terme. Si ces pays, qui ont été des centres de guerre ou de division, ont la possibilité de prospérer économiquement, ils ne seront plus source de frustrations ni de haine pour les autres pays. De plus, leurs peuples ne seront plus contraints à l’exil. C’est la sagesse qui sous-tend l’enseignement islamique d’aller au-delà de la justice fondamentale et de faire preuve de gentillesse et de compassion. Le troisième niveau d’engagement enseigné par le Coran consiste à traiter les autres de la même manière qu’une mère traite son enfant, qui est la forme d’amour la plus désintéressée, dans la mesure où elle est accordée sans espoir de récompense. Traiter les autres avec cet esprit bienveillant n’est pas aisé, mais cela devrait être notre aspiration constante. En fin de compte, pour instaurer la paix, que ce soit dans les pays musulmans ou à un niveau international, il est nécessaire que les gouvernements garantissent au minimum les exigences de la justice, de manière à donner à chacun le droit qui lui est dû, et que les intérêts égoïstes laissent place à la justice. En outre, les institutions internationales telles que les Nations Unies devraient traiter chaque pays sur un pied d’égalité, au lieu de se plier à la volonté de certaines puissances. C’est le moyen pour établir la paix. C’est la feuille de route pour un monde meilleur. C’est le seul moyen pour empêcher que l’humanité ne glisse davantage dans le péril. Avec ces quelques mots, je prie sincèrement qu’Allah le Tout-Puissant fasse naître une paix véritable et que les ombres inquiétantes de la guerre et des conflits qui planent au-dessus de nous soient remplacés par un ciel bleu de paix et de prospérité. Je prie pour que cessent les frustrations et les privations qui ont affecté la vie d’innombrables personnes, et qui ont alimenté des guerres et la souffrance dans le monde. Au lieu de chercher à dominer les autres et à faire valoir leurs propres droits, je prie pour que les nations et leurs dirigeants voient le bénéfice du respect des droits des uns et des autres. Au lieu de faire porter le blâme des problèmes du monde à certaines religions ou à certaines ethnies, je prie pour que nous fassions preuve de tolérance à l’égard de nos coutumes et de nos traditions respectives et que nous valorisions la diversité au sein de nos sociétés. Je prie pour que nous puissions voir le meilleur aspect de l’humanité et que nous utilisions les forces et les compétences de chacun pour bâtir un monde meilleur pour nos enfants et instaurer une paix durable dans la société. Les autres options ne méritent pas réflexion. Un peu plus tôt, j’avais cité plusieurs experts mettant en garde contre une guerre nucléaire et une course mondiale effrénée aux armements. Ces articles, et de nombreux autres, laissent entrevoir que le monde est en train de foncer vers une catastrophe titanesque, inouïe dans l’histoire de l’humanité et qu’il sera impossible de contenir. Selon certaines estimations, les effets d’une guerre nucléaire pourraient toucher 90 % du monde. En outre, si elle a lieu, nous ne détruirons pas uniquement le monde d’aujourd’hui, nous laisserons également une traînée durable de destruction et de misère pour les générations futures. Nous devons donc faire une pause et réfléchir aux conséquences de nos actions. Aucun problème ou conflit, affectant un pays ou la communauté internationale, ne doit être insignifiant à nos yeux. Qu’il s’agisse de problèmes économiques, d’immigration ou de toute autre crise, nous devons faire preuve de tolérance et nous efforcer de supprimer les barrières qui nous divisent. Nous devrions utiliser toutes nos énergies et toutes nos facultés pour rechercher la paix en tentant de mettre fin à tout conflit, à l’amiable, par le dialogue et le compromis, et en respectant les droits des uns et des autres. Puisse Allah le Tout-Puissant nous aider à agir de la sorte. Amin. Sur ces mots, je voudrais remercier tous nos invités pour leur présence parmi nous ce soir. Merci beaucoup.
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