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Relations interethniques et une paix durable

Les violences policières à l’égard des Afro-Américains ont été largement condamnées, aux États-Unis et dans le monde entier, suite au meurtre de George Floyd, le 25 mai dernier à Minneapolis lors de son interpellation.

Ce n’est pas la première fois qu’un Afro-Américain meurt en garde à vue ou est tué par des policiers aux États-Unis : c’est la manière dont M. Floyd a été tué qui a outré des millions de personnes. Derek Chauvin, un policier blanc de Minneapolis l’a étouffé à mort en le clouant au sol avec le genou sur son cou, pendant que trois autres policiers regardaient. M. Floyd a plaidé pour environs dix minutes qu’il ne pouvait pas respirer, jusqu’à rendre son dernier souffle.

Les États-Unis d’Amérique n’a pas vraiment accepté son passé en ce qui concerne les mauvais traitements des Afro-Américains. Beaucoup soutiennent que les injustices commises contre ces derniers sont le résultat du racisme et / ou de la suprématie blanche – la croyance que les blancs sont supérieurs aux gens d’autres origines ethniques et doivent, par conséquent, les dominer. Cette injustice est enracinée dans l’histoire des États-Unis d’Amérique et a des implications sociales, économiques, institutionnelles et politiques. Le racisme n’a cessé de faire souffrir les Afro-Américains et d’autres minorités ethniques aux Etats-Unis.

Certes, ce n’est pas la première fois que des Afro-Américains protestent contre ces actes de violence et réclament justice, une justice d’ailleurs qu’ils ont rarement reçu. Les Afro-Américains ne croient pas que le système judiciaire américain leur est juste. Souvent, les cas de brutalités policières à leur encontre ne sont pas poursuivis et, lorsqu’elles le sont, ne donnent lieu à aucune condamnation. Comme l’a fait remarquer le Dr Martin Luther King, le gouvernement américain n’a pas honoré le billet d’ordre offert aux Afro-Américains.

Comment éliminer pareille injustice ? L’Islam offre des conseils détaillés à ce sujet. Dans son discours historique au Parlement européen le 28 février 2013, Hazrat Mirza Masroor Ahmad (aba) a déclaré : « Un autre principe islamique qui vise à promouvoir la paix est de ne point tolérer l’injustice ou l’usurpation des droits des autres. Si nous n’acceptons point d’être privés de nos droits nous ne devons pas l’accepter pour les autres non plus. »

La vraie paix signifie également que les Etats prennent les mesures nécessaires à tous les niveaux pour démanteler toutes les structures d’injustice sociale. Les Afro-Américains et d’autres minorités ont été touchés de manière disproportionnée par l’impact de l’épidémie mondiale du Covid 19. Nous savons qu’ils ont également plus de difficultés que la population blanche à trouver un emploi ; ils ont aussi plus de difficulté à accéder au crédit au logement, un autre facteur clé de l’écart de la richesse entre les Noirs et les Blancs.

Comment remédier à cette situation ? Que préconise l’Islam concernant l’élimination du racisme et de l’injustice ? Allah déclare dans le Saint Coran : « Ô vous qui croyez ! Soyez fermes dans l’application de la justice et soyez les témoins d’Allah, quand bien même ce serait contre vous-mêmes ou contre vos parents ou vos proches parents. Que ce soit un riche ou un pauvre, Allah est plus attentif à eux que vous ne l’êtes. Ne suivez donc pas de vils désirs pour que vous puissiez agir équitablement. Et si vous êtes ambigus dans votre témoignage ou si vous l’éludez, souvenez-vous qu’Allah est Très-Conscient de ce que vous faites. » (4 : 136).

Le Saint Prophète Mohammad (que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui) a déclaré dans son sermon d’adieu en l’an 632 après J.-C. : « Un arabe n’a aucune supériorité sur un non-arabe, pas plus qu’un non-arabe avoir une supériorité sur un arabe ; le blanc n’a pas de supériorité sur le noir, pas plus qu’un noir n’a de supériorité sur le blanc, sauf par la piété et la bonne action. »

Le chef mondial de la communauté musulmane Ahmadiyya, Hazrat Mirza Masroor Ahmad, (aba) a souligné à maintes reprises la nécessité d’appliquer la justice absolue à tous les niveaux de la société : ceci est l’unique garantie d’une paix durable.

La vraie paix signifie que toutes personnes de bonne volonté doivent être prêtes à réclamer justice chaque fois qu’une injustice est commise. Les dirigeants politiques aux États-Unis affirment que suite au meurtre de M. Floyd, ils ont reconnu qu’un racisme systémique existe dans ce pays et veulent voir des mesures immédiates prises pour y remédier.

C’est en effet l’un de ces moments où, comme l’a dit le Dr King, « le silence est une trahison ». La vraie paix ne pourra exister lorsque le système de justice privilégie les blancs sur les noirs, ou toute autre ethnie, et que les Afro-Américains doivent lutter seuls contre l’injustice.

Dans son sermon du vendredi 13 septembre 2013, prononcé par la mosquée Baitul Futuh à Londres, Sa Sainteté le Calife a rappelé aux dirigeants politiques cette mise en garde du Saint Prophète (sa) de l’Islam : « Sept catégories de personnes seront accueillies sous l’ombre de Dieu au jour où il n’y aura aucune ombre sauf la Sienne […] Le plus aimé des gens auprès d’Allah le Jour de la Résurrection et le plusproche de Lui est un dirigeant juste. Le plus détesté des gens auprès d’Allah le Jour de la Résurrection et qui recevra le plus grand châtiment est un dirigeant injuste. Allah interdit l’accès au Paradis à tout individu à qui Il a confié une communauté et qui meurt tandis qu’il est malhonnête envers celle-ci. »

‘A’ishah (ra) déclare : « J’ai entendu le Prophète (sa) réciter cette prière : « O Allah ! Sois dur envers celui qui a de l’autorité sur ma communauté et qui est dur envers elle. Sois doux envers celui qui a de l’autorité sur ma communauté et qui est doux envers elle. »

Sa Sainteté a en outre déclaré : « Ce hadith contient le résumé de tout [ces] enseignements : éviter toute injustice envers autrui – ni les dirigeants envers les citoyens, ni les citoyens envers leurs dirigeants – en réclamant ses droits par des moyens condamnables. »

Cet avertissement du Saint Prophète (sa) à l’endroit des dirigeants politiques par la voix du Calife de l’époque est opportun. Espérons qu’ils en tiendront compte.


À propos de l’auteur : Hassan Wahab est le rédacteur en chef de la section Race and Equality de The Review of Religions. Il est Professeur de sciences politiques à l’Université du Ghana. Il est titulaire d’une maîtrise en études Afro-Américaine et de diaspora africaine et d’un doctorat en science politique de l’Université d’Indiana Bloomington. Il a servi en tant que rédacteur en chef de l’Africa Today Journal à l’Université de l’Indiana pendant 7 ans, et professeur de sciences sociales et de sciences politiques à l’Olive Harvey College, au Kennedy-King College et à la Chicago State University.

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