Spiritualité

La purification de l’âme

Une lampe pendant du ciel.
Allah est la Lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est semblable à une niche où se trouve une lampe.
Le but de la religion, explique Bashir Ahmad Orchard, est de favoriser une vie saine et de bannir tout comportement nuisant à la spiritualité.

La purification de l’âme est au cœur de toutes les religions révélées. Depuis les temps immémoriaux les Maîtres religieux et les Écritures Saintes  ont souligné que la sainteté, et non le savoir, est l’essence de la foi. Selon l’Ancien Testament, Davidas priait ainsi : « Ô Dieu ! Crée en moi un cœur pur ! » Dans le Nouveau Testament, Jésus aurait dit : « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! » Dieu affirme dans le Saint Coran : « En vérité, prospère vraiment celui qui se purifie. »

Le but de notre existence se résume en ces mots forts simples : s’efforcer de mener une vie pure et sainte. Pour un musulman, il s’agit de conformer sa vie aux préceptes du Saint Coran et au noble exemple du Saint Prophètesa. La purification interne exige à la fois des prières sincères et un effort constant sur la voie de la droiture. Or ceci est impossible sans l’aide de Dieu. Une chose est sûre : Dieu aidera certainement celui qui, parcourant chemin de la vertu, quémande Son soutien par la prière. La meilleure supplication se trouve sans nul doute dans le premier chapitre du Saint Coran : « C’est Toi Seul que nous adorons, et c’est de Toi Seul que nous implorons le secours. Guide-nous sur le droit chemin – le chemin de ceux à qui Tu as accordé Tes faveurs, pas celui de ceux qui se sont attiré le courroux, ni de ceux qui se sont égarés. »

Le suppliant doit aussi s’évertuer à atteindre le but de sa prière. La purification de soi nécessite une attention constante. Il est naturel que le voyageur spirituel trébuche de temps à autre. Rien n’est acquis sans persévérance. Mais tout progrès dans son voyage spirituel lui confère une agréable satisfaction. Le chemin de la purification est sans fin, de nouveaux horizons s’offrent à nous tous les jours. Il ne faut jamais s’arrêter à mi-pente, croyant le chemin trop étroit ou le sommet trop élevé. Ce voyage est en fait très agréable. Dans son ouvrage Ahmadiyyat or True Islam, Hazrat Mirza Bashir-Ud Din Mahmud Ahmadra explique que l’Islam protège l’homme du désespoir et lui rassure qu’il peut, en dépit de ses erreurs, se purifier l’esprit et la conduite : ceci sont ses ultimes buts.

Voici une courte histoire pour illustrer ce point. Traversant la campagne, un voyageur se rendit chez un fermier pour s’abreuver à son puits. « Je trouve votre eau si fraîche et désaltérante, commenta-t-il, on dit que les gens viennent de très loin pour en boire. Mais n’était-ce pas le même vieux puits contenant une eau nauséabonde ? » « Oui, répondit le fermier, naguère il était obstrué par des brindilles, des feuilles et d’autres détritus. L’eau qui s’y trouvait était sale et stagnante. Je l’ai nettoyé et à présent vous buvez de cette eau pure. »

De même, pour maintenir la pureté de nos cœurs, nous devons les purger des immondices spirituelles. Nous devons enlever les obstacles bloquant l’afflux d’eau céleste et nous assurer que les canaux restent ouverts. De ces nombreux obstacles, j’en évoquerai deux : la rancœur et l’arrogance. Ces attitudes souillent le cœur comme un thé fort ternissant l’intérieur d’une théière. Les maintenir à l’esprit altère l’âme. L’amour profond pour Dieu et Son amour pour nous sont à même de la purifier : ils jouent un rôle important dans la religion en raison de leur pouvoir sanctifiant. Voici une prière tirée du Coran à cet égard : « Ne laisse dans nos cœurs aucune rancune contre ceux qui croient. » 

Un cœur terni par la rancune ne connaît ni la sérénité ni l’amour divin. Par la prière et la purification de la pensée, le croyant doit se débarrasser de la jalousie, de la haine, de l’amertume, du ressentiment, du mépris, de la vengeance, du manque de fraternité, du ridicule, du sarcasme, de l’envie, de l’impolitesse et d’autres émotions vénéneuses faisant obstacles à sa purification intérieure. Un cœur pur est la demeure de Dieu et offre le paradis sur terre. En voici une description faite dans le Coran : « En vérité, les vertueux seront placés au milieu des Jardins et des fontaines. « Entrez-y en paix, en sécurité. » Et Nous dissiperons tout ce qu’ils pourraient avoir de rancœur dans leur cœur de sorte qu’ils deviendront comme des frères assis sur des canapés, faisant face les uns aux autres. »

Mirza Ghulam Ahmadas, le Messie Promis et Imam Mahdi affirme : « Je possède une telle maîtrise de mes émotions que même si quelqu’un me maltraite au visage grossièrement pendant un an, il se sentirait honteux en fin de compte et devra admettre qu’il n’a pas pu me vexer le moindrement. »

Maulvi Abdul Karimra – un proche compagnon du Messie Promisas – a décrit son indulgence et sa patience à l’égard de tout le monde, même envers ses pires adversaires. Le Messie Promisas enjoint à ses disciples de ne pas chercher les fautes d’autrui, le vilipender ou le bafouer en public. Il affirme qu’un vrai musulman ne nourrit aucune rancœur, qu’il évite la malveillance et fait montre d’amour et de sympathie à l’égard d’autrui. Il oublie tout ressentiment et pardonne les fautes de son prochain. Ces conseils révèlent la pureté du cœur du Messie Promisas. Il suffit de les exécuter : mais cela est impossible sans prière et la purification de soi.

L’orgueil est un autre obstacle condamné par Dieu. Et ne marche pas hautainement sur la terre, dit-Il dans le Saint Coran. Le Saint Prophètesa a également averti : « Celui dont le cœur contient de l’arrogance équivalente à une graine de moutarde n’entrera pas au Paradis et celui dont le cœur contient une foi équivalente à une graine de moutarde n’entrera pas en Enfer. »

Le Messie Promisas a condamné l’orgueil : « Je vous le dis, en vérité, qu’au Jour du Jugement, après le shirk – le fait d’associer des partenaires à Allah – il n’y aura aucun péché comparable à l’arrogance. C’est un mal qui apporte la disgrâce à l’homme dans les deux mondes. La miséricorde divine réforme tout être qui croit en l’unicité de Dieu, mais pas celui qui est arrogant. »

Le Saint Prophète Mohammadsa a aussi prié : « Ô Allah garde-moi vivant dans un état d’humilité, donne-moi la mort dans un état d’humilité, et élève-moi de parmi les humbles. »

L’humilité est une marque de la taqwa et celle-ci est le fruit de la purification de l’âme. Ceci est l’unique facteur qui compte dans la vie. Dieu affirme dans le Coran : « En vérité, le plus honorable d’entre vous aux yeux d’Allah est le plus pieux parmi vous. »

Jésusas l’explique en ces termes : « Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé. »

Nous devons nous évertuer à accomplir des actes louables tout en bannissant l’intention d’être loué. Nous ne devons pas mépriser ceux dont les habitudes et le mode de vie sont contraires à nos valeurs. Nous devons prier et ressentir de la sympathie à leur égard, tout en étant pleinement conscients de nos propres défauts. Notre pensée et notre comportement doivent refléter l’humilité. Si nous possédons la santé, l’éducation, la richesse, des liens familiaux sains, la beauté, une bonne position sociale, des bénédictions spirituelles ou autre chose, nous devons être davantage reconnaissants et non fiers.

On a demandé à saint Augustin, le fondateur du christianisme en Grande-Bretagne, de décrire le premier précepte de la religion. « L’humilité en est le premier. Le deuxième est l’humilité et le troisième est l’humilité. » a-t-il répondu.

Le Saint Prophète Mohammadsa a comparé la taqwa ou la pratique de la purification de soi à celle d’une personne marchant avec un soin extrême le long d’un chemin étroit bordé de buissons épineux. La personne à la recherche de l’amour de Dieu et soucieuse de cultiver la pureté du cœur observera ses actes et ses paroles avec soin et tentera de suivre le droit chemin à tout instant. Le savoir est certes important, mais la vraie religion ne s’y cantonne pas mais tente de favoriser une vie sainte.

La rancune et l’orgueil sont deux ennemis du progrès spirituel contre lesquels nous devons toujours être sur nos gardes. La pureté du cœur exige qu’à aucun moment nous ne pensions, disions ou ne fassions quoi que ce soit qui puisse déplaire à Dieu. Ayant constamment à l’esprit ce but spirituel il est nécessaire de quémander constamment l’aide et la protection de Dieu.


Adapté de Guideposts, The Review of Religions, octobre 1997.


À propos de l’auteur: Bashir Ahmad Orchard (1920-2002) était un Anglais converti à l’Ahmadiyya et le premier missionnaire musulman ahmadi européen. Il a aussi occupé le poste de rédacteur en chef de The Review of Religions.


Bibliographie et références

  1. Psaumes, chapitre 51, verset 10
  2. Matthieu, chapitre 5, verset 8
  3. Le Saint Coran, chapitre 87, verset 15
  4. Le Saint Coran, chapitre 1, versets 4 à 7
  5. Le Saint Coran, chapitre 59, verset 11
  6. Le Saint Coran, chapitre 15, versets 46 à 48
  7. Le Saint Coran, chapitre 17, verset 38
  8. Sounan Ibn Majah, Al-Mouqaddimah, Bab Fil-Iman
  9. A’inah-e-Kamalat-e-Islam, Rouhani Khaza’in, vol. 5, p. 598
  10. Sounan Ibn Majah, Kitab-uz-Zouhoud, Bab Moujalasatil-Fouqara
  11. Le Saint Coran, chapitre 49, verset 14
  12. Luc, chapitre 14, verset 11