Science

Êtres invisibles dans le Coran

Il y a 1400 ans de cela, dans le Saint Coran, Allah avait déjà révélé de nombreux secrets de l'Univers, dont l'existence d'êtres microscopiques invisibles à l'œil nu.

Par Sajid Ahmad Muslun

Depuis maintenant plusieurs siècles, il est de notoriété publique que des êtres vivants si infinitésimalement petits qu’ils ne sont observables qu’au microscope[1] existent et forment partie intégrante de notre écosystème. Ces « micro-organismes » parmi lesquelles on retrouve les bactéries, les archées et les protistes[2] ont été décrits pour la première fois en 1665 dans les travaux de Robert Hooke et d’Antoni van Leeuwenhoek[3][4]. Il est un fait incontestable que le concept des microbes, un terme définit par la plupart des dictionnaires comme un organisme « invisible à l’œil nu »[5][6][7][8][9], excédait le champ de compréhension des premiers musulmans. Ces derniers vivaient à une époque qui précède par environ un millénaire l’invention du microscope.

Cela étant, que le Saint Coran soit considéré comme une Révélation venant d’un Être dont la Vision transperce toutes choses[10] sous-entend tout naturellement que l’Auteur de ce Livre appréhendait dans Sa Connaissance non seulement ces êtres vivants qui étaient connus des arabes du 7e siècle mais également ceux qui leur étaient inconnus.  Après tout, les adeptes de l’Islam soutiennent que c’est à travers une compréhension parfaite, et non partielle, de l’univers qu’Allah s’adressa aux hommes il y a 1400 ans par le truchement du prophète Mohammad (s.a.w.).  Ceci nous amène à l’interrogation suivante : la perspective dite holistique et exhaustive de la nature que présente le Saint Coran évoque-t-elle les microbes ?

Le Saint Livre use d’une pléthore d’expressions imagées pour illustrer la petitesse mais, au premier abord, aucun passage ne semble concrètement faire référence à l’existence d’êtres si minuscules que l’œil n’est pas en mesure de les percevoir. Par exemple, nous trouvons mention du creux qui se situe sur le noyau de datte (naqir)[11], du tissu léger qui recouvre ce dernier (Qitmir)[12], et du petit fil qui se trouve dans sa fente (Fatil)[13] … ces déclarations évoquent nonobstant des choses visibles qui étaient pleinement connues des arabes.  D’ailleurs, comment et par quel moyen faire comprendre aux premiers musulmans l’existence d’une catégorie d’êtres vivants dont la grosseur est inférieure au plus minuscule organisme qui leur était connu ?

Le terme zarra, qui correspond à l’archétype susmentionné, semble fournir une solution à cette problématique. Ce terme est souvent adjoint à mithqal (poids/magnitude) pour donner l’expression mithqalu zarratin (le poids d’un zarra). Par exemple, les deux derniers versets de la Sourate Ad-Zilzal contiennent la déclaration que quiconque fait un bien ou un mal équivalent au poids d’un zarra le verra[14]. Selon un autre passage, Allah ne fait de tort à  personne, même pas du poids d’un zarra[15]. Aussi, les faux dieux dénoncés dans le Saint Coran sont portraiturés comme des êtres qui ne contrôlent même pas un zarra dans les cieux ou sur la terre[16].

Qu’est-ce donc le zarra et comment expliquer son usage ubiquitaire dans le Saint Livre et les traditions prophétiques ? La réponse à ces questions contient un début d’explication à l’interrogation principale de cet article. De prime abord, fort est de reconnaitre que le zarra dispose d’une étrange propriété que les traducteurs modernes mentionnent trop peu ou pas assez. Souvent traduit comme « atome »[17] ou « particule », le caractère organismique du zarra reste très peu connu du commun des mortel. Il est un fait indéniable que le zarra dénote des grains de poussières qui paraissent aux rayons du soleil dans une chambre sombre. Cependant, une étude des lexiques authentiques, des exégèses du Saint Coran, et des analyses effectuées par l’élite scholastique de l’Islam invitent à nuancer cette thèse, et révèle que cette définition est secondaire et subsidiaire à une autre définition. Selon Lisanul-‘Arab et d’autres dictionnaires authentiques de la langue arabe, zarra, singulier de zarr, est défini comme sigharu-naml[18] (les petites fourmis), un être dont le poids équivaut à un centième du grain d’orge[19][20].

Tous les commentateurs du Saint Coran, d’At-Tabari[21] au huitième siècle, à As-Sharawi[22], décédé en 1998, en passant par As-Suyuti, Qurtubi, Razi, Baidawi, considèrent le zarra comme étant une référence principalement à divers membres de l’espèce myrmicéenne, tantôt décrit par l’épithète namla saghira (La petite fourmi)[23], tantôt par le qualificatif namliya hamra’ saghira[24] (la petite fourmi rouge). Une des plus anciennes exégèses du Saint Livre, celle de Muqatil-bin-Sulayman, mentionne d’ailleurs que le zarra sert à dénoter la plus petite fourmi qui existe sur la surface de la terre.[25]  Le caractère organismique dudit terme est de surcroit soutenu par Al-Jahiz, célèbre pour avoir formulé une première esquisse du principe de l’évolution des espèces un millénaire avant Darwin, dans son livre sur les animaux (Kitabul-Hayawan). Il affirme dans l’introduction de son chapitre sur la fourmi :

نبدأ في هذا الجزء، بعون الله وتأيبده، بالقول في جملة الذرة والنملة [26]

« Nous commençons ce volume avec l’Aide d’Allah, par une exposition sur le zarra et le namla. »

Ainsi, les versets du Saint Coran parlant du poids d’un zarra, outre le fait qu’ils cherchent à illustrer la notion de l’insignifiance et de la petitesse, évoquent de prime abord la magnitude d’un être vivant qui, sans nul doute, faisait partie des organismes les plus minuscules que les arabes connaissaient. D’ailleurs, les estimations modernes auront pour mérite de rappeler que la plus petite fourmi peut peser environ un milligramme et mesurer moins d’un millimètre. Cela dit, il importe de noter que, nonobstant sa petite taille, les linéaments de la petite fourmi se situaient toujours dans la sphère de ce que les arabes du 7e siècle pouvaient percevoir à l’œil nu, et ne conforment pas, par conséquent, à la définition d’un microorganisme. Il existe toutefois un aspect particulier de la petite fourmi qui la singularise des autres termes coraniques comme QitmirNaqir et Fatil (définition présentée plus haut). Il ressort d’une étude des analyses effectuées par les exégètes du Saint Coran que la petite fourmi servait de jonction entre le visible et l’invisible. En d’autres mots, le zarra représentait, selon les dires des commentateurs, l’animal le plus minuscule que les arabes étaient à même de percevoir. As-Sharawi, un commentateur Égyptien moderne reconnu pour ses discours passionnés fait remarquer que :

وقد خاطب الحق سبحانه العرب بأصغر ما عرفوه، و هو الذرة، أى : النملة الصغيرة [27]

« [En ayant recours à l’exemple de la petite fourmi], Dieu s’est adressé aux Arabes en leur évoquant la plus petite chose qu’ils connaissaient, à savoir le zarra, dont la définition est namla saghira, qui signifie la petite fourmi. »

Cette place unique qu’occupe le zarra est confirmée par plusieurs éminents commentateurs du Saint Coran, dont Abu Hayyan, l’auteur du célèbre exégèse Bahrul-Muhit qui vivait au douzième siècle. Il affirme :

والذر صغار النمل، ولما كانت الذرة أصغر الحيوان المتناسل المشهور النوع عندنا جعلها الله مثالا لأقل الأشياء و أحقره، إذ هي أحقر ما نشاهد [28]

Le zarr (pluriel de zarra) est une référence aux petites fourmis, et comme le zarra est le plus petit des animaux reproducteurs dont l’espèce nous est connue, Dieu en a fait un exemple pour illustrer la petitesse et l’insignifiance, car [le zarra] et la plus minuscule des choses que nous connaissons.

Il affirme à un autre endroit, après avoir défini le zarra comme la petite fourmi, dans son exégèse du verset « Assurément, Allah ne fait de tort à personne même pas du poids d’un zarra (4 :41) » :

ولما كانت الذرة أصغر الموجودات ضرب بها المثل في القلة [29]

« Puisque le zarra est le plus petit de tous les êtres, Allah s’en est servi comme exemple pour illustrer la paucité (al-qillah). »

L’exégète Ibn Attiya, né au onzième siècle en Espagne, écrit dans son commentaire :

الذر : صغار النمل، جعلها الله مثالا إذ لا يعرف في الحيوان المتغذي المتناسل المشهور النوع الموضع أصغر منه [30]

« Le terme zarr, qui évoque les petites fourmis, a été cité en exemple par Dieu, car il n’existe aucun animal reproducteur connu de ce type qui soit plus petite que [le zarra]. »

Ces passages indiquent que la sagesse sous-jacente à l’évocation de la petite fourmi est que celle-ci était considérée comme le plus petit organisme visible à l’œil nu par la populace au sein de laquelle le Saint Coran avait été révélé. Tout ce qui était plus petit que le zarra était, pour ainsi dire, au-delà du champ de ce que les hommes et les femmes du 7e siècle connaissaient et pouvaient voir. Cet être représentait aux yeux des arabes, la jonction finale entre les organismes qui étaient visibles et ceux qui, au vu de leur petitesse, leur étaient inconnus. L’existence de ce qui est aujourd’hui connu comme des organismes trop petits pour être visibles à l’œil nu, débute, selon cette perspective, à partir de ces êtres vivants dont le poids et la taille était inférieurs à la petite fourmi.

Partant des postulats susmentionnés, les versets suivants, qui évoquent des êtres plus petits que le zarra, prennent un relief particulier qui est pour longtemps demeurée non apprécié :

« Et ceux qui ne croient pas disent : « L’Heure ne nous atteindra jamais. » Dis : « Mais si, par mon Seigneur Qui connaît l’invisible, elle vous atteindra sûrement ! Rien ne Lui échappe ni dans les cieux ni sur la terre, pas même le poids d’un zarra, ou quoi que ce soit de plus petit ou de plus grand. » [31]

« Et tu n’es plongé dans aucune occupation, et tu ne récites, de Sa part, aucun passage du Coran, et vous n’effectuez aucun travail sans que Nous ne vous surveillions quand vous y êtes occupés. Et rien n’est caché au regard de ton Seigneur, même ce qui ne pèse pas plus qu’un zarra, ou moins que cela ou plus que cela, dans la terre ou dans les cieux. »[32]

Ces deux versets commencent par évoquer le caractère Omniscient du Révélateur du Saint Coran, affirmant que Celui-ci est le Connaisseur de l’invisible et que rien n’est caché de Son Regard. Même le zarra, l’organisme qui se situait à limite de ce que les arabes pouvaient percevoir et qui marquait, façon de parler, la jonction entre le visible et l’invisible, n’est pas caché d’Allah. S’ensuit alors une déclaration des plus fascinantes. La Connaissance de l’Auteur du Saint Coran englobe même une catégorie d’être décrit par l’appellation : أصغر من ذلك – ‘ plus petit que le zarra. A la lumière des faits présentées plus haut, cette déclaration comporte une référence claire à l’existence de type d’êtres encore plus infinitésimaux que le plus petit organisme connu à l’époque de la révélation du Saint Coran, c’est-à-dire des êtres cachés du regard de l’homme en raison de leur petitesse. L’existence de ces êtres est d’ailleurs évoquée dans un hadith du Saint Prophète (s.a.w.) qui évoque des êtres cachés qui se nourrissent d’ossements et de crottin…

 Voir Partie II pour la suite : Les Djinns bactériens


Sajid Ahmad Muslun est un étudiant qui vit à Ontario et membre de la communauté musulmane Ahmadiyya. Il étudie la Biochimie à l’université York. Il intervient également dans des émissions de la chaîne MTA.


Références

[1] https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/biologie-micro-organisme-6183/

[2] https://www.actu-environnement.com/ae/dictionnaire_environnement/definition/micro-organisme.php4

[3] https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsnr.2004.0055

[4]https://bio.libretexts.org/Bookshelves/Microbiology/Book%3A_Microbiology_(Boundless)/1%3A_Introduction_to_Microbiology/1.1%3A_Introduction_to_Microbiology/1.1B%3A_History_of_Microbiology_-_Hooke_van_Leeuwenhoek_and_Cohn

[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Micro-organisme

[6] https://www.actu-environnement.com/ae/dictionnaire_environnement/definition/micro-organisme.php4

[7] https://www.techno-science.net/definition/1025.html

[8] https://www.aquaportail.com/definition-2022-micro-organisme.html

[9] https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/micro-organisme

[10] Le Saint Coran 10:62 – 34:4

[11] Le Saint Coran 4 :125

[12] Le Saint Coran 35:14

[13] Le Saint Coran 4 :50

[14] Le Saint Coran 99 :8-9

[15] Le Saint Coran 4 :41

[16] Le Saint Coran 34 :23

[17] http://www.coran-en-ligne.com/Sourate-010-Yunus-Jonas-francais.html

[18] Lisanul-‘Arab sous le terme zarra : والذَّرُّ: صِغارُ النَّمل، واحدته ذَرَّةٌ

[19] Lisanul-‘Arab sous le terme zarra : قال ثعلب: إِن مائة منها وزن حبة من شعير

[20] Lane’s lexicon: ‘[zarra]is the singular of ذَرّ zarr which refers to] the young ones [or grubs] of ants, one hundred of them weigh one barley-corn: or, accord. To En-Neysabooree, [who perhaps held ذَر to signify ant’s eggs,] seventy of them weigh a gnat’s wing, and seventy gnat’s wings weigh one grain: or the smallest of ants: or small red ants’

[21] Tafsir Jami’ al-Bayan sous le verset 10 :61

[22] Tafsir Ash-Sha’rawi sous le verset 10 :61

[23] Jami’ ul Bayan sous le verset 10:61 :  من مثقال ذرة يعني: من زنة نملة صغيرة

[24] Tafsir Qurtubi sous le verset 10 :61 : (ذرة)، أي : وزن ذرة، أي : نملية حمراء صغيرة[24]

[25] Tafsir Muqatil bil Sulayman sous le verset 10 :61 : أصغر نملة في الأرض

[26] Kitab ul Hayawan volume 4

[27] Tafsir Sha’rawi p. 6018

[28] Tafsir Bahrul-Muhit sous le verset 10 :61

[29] Tafsir Bahrul-Muhit sous le verset 4 :40

[30] Muharrar ul Wajiz sous le verset 10:61

[31] Le Saint Coran 34:4

[32] Le Saint Coran 10:62