Discours du Calife

Le Calife lève toute ambiguïté au sujet de l’apostasie

Face aux différents sons de cloches que nous pouvons entendre dans le monde musulman au sujet du châtiment réservé à la personne coupable d’apostasie, le Calife de la Communauté musulmane Ahmadiyya, dans l’une de ses récentes prises de position, n’a laissé place a aucun doute sur la position de l’Islam à cet égard.

Dans la terminologie islamique, un apostat est celui qui s’écarte de la religion de l’islam et qui sort du giron de l’islam après l’avoir accepté. Une étude du Saint Coran révèle qu’Allah a mentionné les apostats en maints endroits sans pour autant indiquer qu’ils méritent la mort ou quelque autre châtiment ici-bas. [Je] présente quelques versets en guise d’exemple. Le premier est :

وَمَنْ يَرْتَدِدْ مِنْكُمْ عَنْ دِينِهِ فَيَمُتْ وَهُوَ كَافِرٌ فَأُولَئِكَ حَبِطَتْ أَعْمَالُهُمْ فِي الدُّنْيَا وَالْآَخِرَةِ وَأُولَئِكَ أَصْحَابُ النَّارِ هُمْ فِيهَا خَالِدُونَ

« Et ceux d’entre vous qui se détourneront de leur foi et qui mourront incroyants, leurs œuvres seront vaines dans ce monde et dans l’autre. Ceux-là sont les gens du Feu et ils y resteront longtemps. » (2 : 218)

Ce verset évoque celui qui devient un apostat et meurt dans un état d’incrédulité. Ceci indique clairement que l’apostat ne mérite pas la peine de mort comme châtiment, sinon le verset n’aurait pas stipulé [la condition] « si l’apostat meurt dans un état d’incroyance. »

Le Coran affirme:

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آَمَنُوا مَنْ يَرْتَدَّ مِنْكُمْ عَنْ دِينِهِ فَسَوْفَ يَأْتِي اللَّهُ بِقَوْمٍ يُحِبُّهُمْ وَيُحِبُّونَهُ أَذِلَّةٍ عَلَى الْمُؤْمِنِينَ أَعِزَّةٍ عَلَى الْكَافِرِينَ يُجَاهِدُونَ فِي سَبِيلِ اللَّهِ وَلَا يَخَافُونَ لَوْمَةَ لَائِمٍ ذَلِكَ فَضْلُ اللَّهِ يُؤْتِيهِ مَنْ يَشَاءُ وَاللَّهُ وَاسِعٌ عَلِيمٌ

« Ô vous qui croyez ! Ceux d’entre vous qui renient leur foi, sachez qu’Allah certainement fera venir un autre peuple, qu’Il aimera et qui L’aimera, et qui sera bienveillant et humble envers les croyants, dur et ferme envers les mécréants. Ils se battront pour la cause d’Allah, et ne craindront les reproches d’aucun blâmeur. C’est là la grâce d’Allah ; Il l’accorde à qui Il veut ; et Allah est Munificent, Omniscient. » (5 : 55).

En évoquant les apostats ici, Allah annonce la bonne nouvelle aux croyants qu’Il leur accordera en échange des nations toutes entières. Mais nulle part Allah ne demande [aux croyants] de tuer les apostats ou les punir d’une manière ou d’une autre.

Un autre verset dissipant tout doute et toute interrogation est tiré de la sourate Al-Nisâ’.

إِنَّ الَّذِينَ آَمَنُوا ثُمَّ كَفَرُوا ثُمَّ آَمَنُوا ثُمَّ كَفَرُوا ثُمَّ ازْدَادُوا كُفْرًا لَمْ يَكُنِ اللَّهُ لِيَغْفِرَ لَهُمْ وَلَا لِيَهْدِيَهُمْ سَبِيلًا

« En vérité, ceux qui croient et qui ensuite perdent la foi, puis croient de nouveau et reperdent la foi et dont la mécréance augmente, Allah n’est pas Tel qu’Il leur pardonnera, et Il ne les guidera pas non plus sur le droit chemin. » (4 : 138)

Ce verset nie très clairement que la peine de mort est la punition pour l’apostasie. Ceci est également expliqué dans notre littérature. Les exégètes l’ont également expliqué. Feu le quatrième Calife (r.h.) a offert une brève explication à ce propos dans sa traduction du Coran. Il déclare : « Ce verset réfute la croyance que la punition pour l’apostasie est la mort. Il y est dit : Si un individu devient un apostat et ensuite croit et ensuite devient un apostat et ensuite devient un croyant, la décision à son égard n’appartient qu’à Allah ; et s’il meurt dans un état d’incrédulité il ira certainement en enfer. Si l’apostat méritait la mort comme châtiment, il n’aurait pas été question de sa croyance et de son incrédulité répétées. »

D’autres versets du Coran nient en principe la peine capitale comme châtiment de l’apostat.

وَقُلِ الْحَقُّ مِنْ رَبِّكُمْ فَمَنْ شَاءَ فَلْيُؤْمِنْ وَمَنْ شَاءَ فَلْيَكْفُرْ إِنَّا أَعْتَدْنَا لِلظَّالِمِينَ نَارًا أَحَاطَ بِهِمْ سُرَادِقُهَا وَإِنْ يَسْتَغِيثُوا يُغَاثُوا بِمَاءٍ كَالْمُهْلِ يَشْوِي الْوُجُوهَ بِئْسَ الشَّرَابُ وَسَاءَتْ مُرْتَفَقًا

« Et dis : « C’est la vérité de la part de votre Seigneur ; ainsi, que croie celui qui le veut, et que ne croie pas celui qui ne le veut pas. » En vérité, Nous avons préparé pour les injustes un feu dont les murs les entoureront. Et s’ils demandent à boire, ils seront abreuvés d’une eau tel le cuivre fondu qui leur brûlera le visage. Quel breuvage redoutable ! Et quel mauvais lieu de repos que le Feu ! » (18 : 30)

La religion nie toute forme de contrainte. Le Coran déclare à ce propos :

لَا إِكْرَاهَ فِي الدِّينِ قَدْ تَبَيَّنَ الرُّشْدُ مِنَ الْغَيِّ فَمَنْ يَكْفُرْ بِالطَّاغُوتِ وَيُؤْمِنْ بِاللَّهِ فَقَدِ اسْتَمْسَكَ بِالْعُرْوَةِ الْوُثْقَى لَا انْفِصَامَ لَهَا

« Il n’y a point de contrainte en religion. Assurément, le bien s’est distingué du mal ; alors, quiconque refusera de se laisser guider par les transgresseurs et qui croira en Allah, aura assurément saisi une poignée solide et incassable. Allah est Celui Qui entend tout et est Omniscient. » (2 : 256)

J’ai cité certains versets du Coran en guise d’exemple, des versets condamnant toute forme de sévérité, de contrainte et de châtiment au nom de la religion. Ils ne mentionnent aucun type de châtiment eu égard aux apostats.

A noter que la Charia de l’islam ne préconise aucun châtiment physique pour les apostats. Cet enseignement et cette idéologie coraniques sont en outre soutenus par le fait que les hypocrites sont mentionnés à divers endroits dans le Saint Coran. Les maux des hypocrites sont davantage accentués que ceux des mécréants. Ils ont aussi été qualifiés de Fâsiqs (transgresseurs) et de Kâfirs (mécréants). On trouve mention du fait qu’ils avaient adopté la mécréance après s’être convertis à l’islam, mais aucune punition n’a été mentionnée pour pareils hypocrites. L’histoire de l’islam témoigne qu’aucun hypocrite n’a été puni pour son hypocrisie. Le Coran affirme au sujet des hypocrites :

قُلْ أَنْفِقُوا طَوْعًا أَوْ كَرْهًا لَنْ يُتَقَبَّلَ مِنْكُمْ إِنَّكُمْ كُنْتُمْ قَوْمًا فَاسِقِينَ ۞ وَمَا مَنَعَهُمْ أَنْ تُقْبَلَ مِنْهُمْ نَفَقَاتُهُمْ إِلَّا أَنَّهُمْ كَفَرُوا بِاللَّهِ وَبِرَسُولِهِ وَلَا يَأْتُونَ الصَّلَاةَ إِلَّا وَهُمْ كُسَالَى وَلَا يُنْفِقُونَ إِلَّا وَهُمْ كَارِهُونَ

« Dis : « Dépensez de plein gré ou à contrecœur ; rien ne sera accepté de votre part. Vous êtes en vérité un peuple désobéissant. » Et rien n’empêche leurs contributions d’être acceptées, sauf qu’ils ne croient pas en Allah et en Son Messager. Et ils ne se rendent à la Prière que dans la paresse et ils ne donnent qu’à contrecœur pour la cause d’Allah. » (9 : 53-54)

Ce verset qualifie les hypocrites de pécheurs qui ne croient pas en Allah et en Son Messager. Le verset suivant évoque la gravité de leur incrédulité :

يَحْلِفُونَ بِاللَّهِ مَا قَالُوا وَلَقَدْ قَالُوا كَلِمَةَ الْكُفْرِ وَكَفَرُوا بَعْدَ إِسْلَامِهِمْ وَهَمُّوا بِمَا لَمْ يَنَالُوا وَمَا نَقَمُوا إِلَّا أَنْ أَغْنَاهُمُ اللَّهُ وَرَسُولُهُ مِنْ فَضْلِهِ فَإِنْ يَتُوبُوا يَكُ خَيْرًا لَهُمْ وَإِنْ يَتَوَلَّوْا يُعَذِّبْهُمُ اللَّهُ عَذَابًا أَلِيمًا فِي الدُّنْيَا وَالْآَخِرَةِ وَمَا لَهُمْ فِي الْأَرْضِ مِنْ وَلِيٍّ وَلَا نَصِيرٍ

« Ils jurent par Allah de n’avoir rien dit, mais ils ont assurément proféré des blasphèmes, et après avoir embrassé l’islam, ils sont devenus mécréants. Et ils ont médité sur ce qu’ils n’ont pu atteindre par la suite. Et ils ont nourri de la haine à l’égard des croyants seulement parce qu’Allah et Son Messager les avait enrichis de Sa munificence. Si donc ils se repentent, cela vaudra mieux pour eux. Mais s’ils se détournent, Allah les châtiera d’un châtiment douloureux ici-bas et dans l’Au-delà, et ils n’auront ni ami ni aide sur la terre. » (9 : 74)

Dans le verset 66 de la sourate Tawbah il est dit :

لَا تَعْتَذِرُوا قَدْ كَفَرْتُمْ بَعْدَ إِيمَانِكُمْ

« Ne vous excusez pas. Maintenant il est certain que vous êtes devenus mécréants après avoir été croyants. » (9 : 66)

La sourate Al-Mounâfiqoun a été entièrement révélée au sujet des hypocrites. Il y est dit :

اتَّخَذُوا أَيْمَانَهُمْ جُنَّةً فَصَدُّوا عَنْ سَبِيلِ اللَّهِ إِنَّهُمْ سَاءَ مَا كَانُوا يَعْمَلُونَ ۞ ذَلِكَ بِأَنَّهُمْ آَمَنُوا ثُمَّ كَفَرُوا فَطُبِعَ عَلَى قُلُوبِهِمْ فَهُمْ لَا يَفْقَهُونَ

« Ils ont fait de leurs serments un bouclier ; c’est ainsi qu’ils empêchent les gens de suivre la voie d’Allāh. Mauvais est assurément ce qu’ils faisaient ! C’est parce qu’ils ont d’abord cru, et qu’ensuite ils ont mécru. Aussi, un sceau a été mis sur leur cœur, donc ils ne comprennent pas. » (63 : 3)

Ici aussi, on trouve mention du fait que ces gens ont cru et ont ensuite mécru. Mais aucune punition n’a été prescrite ou infligée.

De nombreux versets similaires évoquent ceux qui croient pour ensuite mécroire ouvertement ou qui le démontrent dans la pratique. Ces gens ont été traités de pécheurs, d’infidèles et d’apostats mais n’ont pas été condamnés à mort.

Que disait le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à propos des apostats ? Après le Coran, tournons-nous vers l’être béni à qui le Noble Coran a été révélé et qui en était la personnification. Il a laissé son exemple en appliquant les injonctions du Coran. Qu’a dit cet être béni en référence aux apostats ?

L’incident suivant rapporté par le Sahih d’Al-Boukhari sert ici de verdict notamment que la Charia ne prescrit aucune punition pour le crime de l’apostasie. Ce hadith affirme : Jâbir Ibn ‘Abdillah raconte qu’un Arabe est venu voir le Prophète (s.a.w.) et lui a juré allégeance tout en acceptant l’islam. Le lendemain, l’Arabe a attrapé une fièvre à Médine. Il est revenu voir le Prophète Muhammad (s.a.w.) et lui a dit : « Rendez-moi mon allégeance ! » Il est encore revenu et a déclaré : « Rendez-moi mon allégeance ! » À trois reprises, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a refusé et ne lui a pas répondu. Finalement, ce Bédouin a quitté Médine. Alors, le Prophète (a.s.) a dit : Médine est comme un fourneau ; elle enlève les impuretés et nettoie le [métal] pur. »

Hazrat Maulana Sher Ali avait écrit un livre intitulé « La mise à mort des apostats et l’islam. » Il l’avait écrit sous l’égide du deuxième Calife (ra) et il y consigne ce hadith. Il commente à ce propos : « Les visites répétées de cet individu auprès de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) montrent également que la peine de mort n’a pas été prescrite pour les apostats, sinon il ne serait jamais venu voir le Prophète (s.a.w) mais aurait tenté de s’enfuir sans prévenir qu’il avait apostasié. On dit que l’islam condamne à mort l’apostat dans le but de prévenir l’apostasie et de forcer les gens à vivre dans l’islam. Si cela est vrai, alors pourquoi le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’avait-il pas averti celui qui venait le voir encore et encore et pourquoi ne lui a-t-il pas dit : « Sache que l’apostasie en Islam est punie par la peine de mort. Si tu apostasies, tu seras exécuté » ? Il avait exprimé à plusieurs reprises son intention d’apostasier et si on craignait qu’il allait partir en tant qu’apostat, pourquoi ne l’a-t-il pas placé sous surveillance afin soit arrêté s’il apostasie et souhaite partir et qu’il soit puni en accord aux lois de la Charia ? Pourquoi les compagnons ne lui ont-ils pas dit : « Si vous voulez rester en vie, ne parlez pas d’apostasie, car dans cette ville la règle est que quiconque se convertit à l’islam puis apostasie, est tué sur-le-champ. » Ainsi donc, ce Bédouin a exprimé à plusieurs reprises son souhait d’apostasier, il s’est rendu chez le Prophète à maintes reprises, celui-ci ne l’a pas averti des conséquences de l’apostasie et n’a pas ordonné à ses compagnons de le tuer ; et en fin de compte il a quitté Médine sans entrave. Tout ceci indique clairement que la Charia islamique ne préconise aucune peine pour les apostats. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a exprimé une sorte de joie suite à son départ et a déclaré que Médine est comme un fourneau qui débarrasse de toute souillure. Tout cela démontre clairement qu’il était contre l’idée de convertir quelqu’un de force à l’islam et d’empêcher les gens d’apostasier en ayant recours à des moyens coercitifs. Si un impur se séparait de la communauté des musulmans, il n’était pas mécontent et il ne disait pas qu’il devait être converti à l’islam contre sa volonté. Selon lui le départ de pareil individu était à l’exemple de l’idiome : « Bon débarras ! ».

S’il avait pour principe de contraindre un individu à rester dans l’islam par tous les moyens après l’avoir accepté et de le tuer s’il renonçait à l’islam afin qu’il soit un exemple pour autrui, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) aurait dû se fâcher suite au départ de ce Bédouin et réprimander les Compagnons pour l’avoir laissé partir et leur demander pourquoi ils ne l’avaient pas saisi et menacé de mort. Il aurait dû ordonner aux compagnons d’arrêter cet être infâme afin qu’il soit exécuté.

Or, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ne l’a pas fait. Il a déclaré : « C’est bien qu’il soit parti. Il n’était pas digne de vivre parmi les musulmans. Dieu l’a séparé de nous de Sa main. » L’exemple de ce Bédouin est une preuve définitive du fait que la Charia ne prescrit aucun châtiment pour l’apostasie et que les musulmans ne tuaient pas chaque apostat en raison de son apostasie. »

La deuxième preuve que la Charia ne prescrit aucun châtiment pour l’apostat est la condition entérinée par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) dans son traité de paix avec les polythéistes de La Mecque à Al-Houdaybiyyah. Le récit de Bara Ibn Azib relate que le jour d’Al-Houdaybiyyah, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait conclu ce pacte avec les polythéistes en acceptant les trois conditions suivantes : la première était que si l’un des polythéistes devenait musulman et se rendait chez le Prophète (s.a.w.), celui-ci le renverrait aux polythéistes. La deuxième était que si un musulman apostasiait et se rendait chez les polythéistes, ces derniers ne le renverraient pas chez les musulmans.

La deuxième condition de ce traité démontre clairement que la Charia n’avait prescrit aucune peine pour l’apostasie. Sinon, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’aurait jamais accepté la condition des polythéistes vu la prescription de la Charia. En effet, il existe de nombreux incidents démontrant très clairement qu’à l’époque du Saint Prophète (s.a.w.) certains individus avaient abandonné l’islam, mais qu’ils n’avaient pas été confrontés pour la seule raison de leur apostasie, tant qu’ils n’avaient pas commis des actes aussi odieux que la brutalité et la rébellion. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) a clarifié cette question à la lumière d’un autre verset du Saint Coran, dans lequel il est dit :

وَمَا عَلَى الرَّسُولِ إِلَّا الْبَلَاغُ الْمُبِينُ

« Ce verset souligne que la prédication, au lieu de l’épée, est le principe de longue date. Le prophète Ibrahim (a.s.) avait adopté le même principe et les gens de son temps avaient également reçu la même information : la tâche de ce messager qui est le nôtre est seulement de transmettre le message et non de contraindre par l’épée. Ceci est le résumé de tout le Coran : persuader avec des arguments est le devoir des gens religieux. Ils n’ont pas pour tâche de persuader par la force. Mais il est dommage que jusqu’à présent le monde n’ait pas compris cette question, voire parmi les musulmans, le meurtre des apostats est considéré permis. »

Le Mouslih Maw’oud (r.a.) ajoute : « Que la croyance d’autrui soit fausse ou vraie, il la considère vraie tout comme un musulman considère que sa religion est vraie. Le christianisme est faux, mais la question est : quelle est l’opinion de la plupart des chrétiens à propos du christianisme ? Ils croient certainement qu’il est vrai. L’hindouisme est faux. Mais la plupart des hindous dans le monde pensent de leur religion est vraie. Le judaïsme contemporain n’est certainement pas vrai. Mais la question est : que pense la majorité des Juifs à propos du judaïsme ? Ils croient certainement que leur religion est vraie. S’il est donc permis de tuer autrui parce qu’on pense que sa propre religion est vraie et mais pas celle d’autrui, pourquoi un chrétien n’aurait-il pas le droit de tuer un musulman ? Pourquoi l’hindou n’aurait-il pas le droit de le convertir de force ou de le tuer ? Pourquoi les adeptes du confucianisme en Chine n’auraient-ils pas le droit de forcer les gens à adhérer à leur religion ? Aux Philippines, où il y a encore 15 000 musulmans (à l’époque – à présent ils sont plus nombreux –), pourquoi les chrétiens n’auraient-ils pas le droit de forcer les musulmans à se convertir au christianisme ? Pourquoi l’Amérique n’aurait-elle pas le droit de convertir de force au christianisme les musulmans qui y vivent ? Pourquoi la Russie n’aurait-elle pas le droit de convertir de force tout le monde au christianisme ou au communisme ?

Si les musulmans peuvent contraindre autrui à accepter leur doctrine, logiquement, les autres auront eux aussi le droit de le faire. Or, la paix du monde subsistera-t-elle si l’on accorde pareil droit ? En appliquant ce droit, pourrez-vous dire à votre fils ou à votre femme que les chrétiens ont le droit de convertir les musulmans de force au christianisme ? Les musulmans ont-ils le droit de convertir de force des chrétiens à l’islam ? Les Iraniens ont-ils le droit de forcer tous les hanafites à devenir chiites ? Les hanafites ont-ils le droit de forcer tout le monde à devenir sunnite ? Ainsi, il s’agit d’un concept illogique que personne n’osera accepter, ne serait-ce que pour une minute. Chaque fois que les nations des prophètes précédents ont refusé d’accepter la direction divine, Dieu leur a dit :

أَنُلْزِمُكُمُوهَا وَأَنْتُمْ لَهَا كَارِهُونَ

«… si vous ne souhaitez pas [être guidés], allons-nous vous y contraindre ? »

Malheureusement, il existe parmi les musulmans contemporains ceux qui rejettent cette vérité. Aujourd’hui, nous constatons que la majorité des musulmans y croient (dans la contrainte). Si le monde comprend ce problème, certainement il n’y aura plus d’oppression ou d’agression dans les affaires religieuses et politiques. Les uns n’imposeront plus leur doctrine sur d’autres et [les États] ne tenteront pas d’imposer leur système politique dans d’autres pays. »

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « J’ignore d’où et de qui nos adversaires ont entendu dire que l’islam s’est propagé par l’épée. Dieu affirme dans le Saint Coran :

لَا إِكْرَاهَ فِي الدِّينِ

« Il n’y a pas de contrainte dans la religion de l’islam. Qui a ordonné la coercition ? Et quels étaient les outils d’oppression ? Ceux qui se sont convertis de force à l’islam possédaient-ils la sincérité et la foi pour combattre, sans toucher aucun salaire, des milliers d’hommes tandis qu’ils n’étaient que deux ou trois cents – et lorsqu’ils étaient un millier, pour se battre et vaincre des centaines de milliers d’ennemis, se faisant égorger à l’instar de moutons et chèvres pour sauver la religion de l’attaque de l’ennemi et sceller la vérité de l’islam avec leur sang ? Et pouvaient-ils avoir une passion si ardente à répandre le monothéisme de Dieu qu’à l’instar de derviches ils ont enduré maintes épreuves pour atteindre les déserts de l’Afrique pour y propager le message de l’islam ?

En endurant toutes sortes de difficultés, ils ont atteint la Chine non pas comme des guerriers mais comme de simples derviches pour ensuite prêcher l’islam dans ce pays, de sorte que des millions de musulmans ont pris naissance sur cette terre grâce à leurs prédications bénites. Ensuite, comme de simples derviches, ils se sont rendus en Inde et ont converti de nombreux hindous à l’islam ; et ils ont transmis l’appel de La ilaha ill-Allah jusqu’aux frontières de l’Europe. Croyez-vous que c’est là le travail de ceux qui ont été contraints de se convertir à l’islam ? Non, ce sont les œuvres de ceux dont les cœurs sont emplis de la lumière de la foi, et dans les cœurs desquels Dieu a fait Sa demeure. »

Extrait préparé en collaboration avec le Bureau Francophone.

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