Ahmadiyya

La force d’âme et la confiance inébranlable : l’exemple du Calife

Avant et après son intervention chirurgicale, Sa Sainteté le Calife a fait preuve d’une confiance indéfectible en Dieu. Il n’était absent de son bureau qu’un seul jour : celui de l’opération. En voici le récit émouvant.

Par Abid Khan, Royaume-Uni

Introduction :

J’écris quelques jours après le sermon du vendredi prononcé par Hazrat Khalifatul Massih V (a.b.a.) le 3 mai 2024. À présent, les ahmadis du monde entier sont au courant que vers la fin du sermon, Sa Sainteté (a.b.a.) a mentionné, avec beaucoup d’humilité, de simplicité et de grâce, qu’il avait récemment subi une chirurgie cardiaque.

S’adressant aux membres de la communauté, Sa Sainteté (a.b.a.) a déclaré :

« Priez qu’Allah me donne une vie active et saine aussi longtemps qu’il voudra bien me garder en vie. »

Assis dans la mosquée, j’ai ressenti une inspiration collective lorsque Sa Sainteté (a.b.a.) nous a informé de sa récente intervention chirurgicale. Un sentiment de choc face au fait que Sa Sainteté (a.b.a.) avait été malade, suivi d’un sentiment de soulagement que la chirurgie était une réussite. Les Ahmadis du monde entier ont partagé leurs émotions en regardant le sermon en direct ou en apprenant l’état de santé de leur bien-aimé Calife à travers les nombreux messages en ligne où d’innombrables Ahmadis exprimaient leur amour et leurs prières pour le Califat.

Sans aucun doute, chaque aspect de la vie du Calife est exemplaire pour nous tous, témoignant de sa dévotion à accomplir la mission du Messie Promis et de son amour pour les membres de la communauté. Dans cette perspective, je souhaite partager quelques anecdotes sur la façon dont j’ai observé Sa Sainteté (a.b.a.) réagir à ses problèmes de santé ces derniers jours.

Le sentiment du malaise

J’ai eu l’immense privilège de servir Sa Sainteté (a.b.a.) et la Jama’at en tant que Waqf-e-Zindigi (dévoué à vie) depuis 2007 et, pendant les 15 premières années, je n’ai jamais entendu Sa Sainteté (a.b.a.) évoquer la moindre inquiétude concernant sa santé.

Au fil des années, il est arrivé que Sa Sainteté (a.b.a.) soit affecté par une grippe ou un rhume, mais il continuait malgré tout sa routine et son travail habituels. Je lui suggérais parfois de se reposer, mais il rétorquait que s’il le faisait, les dossiers sur son bureau s’accumuleraient davantage. Parfois, il me rappelait que des ahmadis étaient venus le voir et que, même s’il ne se sentait pas bien, il ne voulait pas les décevoir en annulant leurs rencontres.

Ce n’est qu’au cours des deux dernières années que, très occasionnellement, Sainteté (a.b.a.) a fait part de quelques inquiétudes.

Par exemple, je me souviens qu’il y a plusieurs mois, je suis allé voir Sa Sainteté (a.b.a.) pour présenter mon rapport quotidien. Après avoir conclu le rapport, Sa Sainteté (a.b.a.) m’a permis de rester dans son bureau pendant qu’il continuait à examiner sa correspondance. Bien que la durée exacte de cette réunion m’échappe, je pense que je suis resté dans son bureau pendant environ trente minutes de plus.

Lorsque j’ai commencé à servir comme secrétaire de presse, Sa Sainteté (a.b.a.) me permettait souvent de rester dans son bureau pendant de longues périodes alors qu’il examinait sa correspondance. C’était une période de bénédictions et d’une immense formation pour moi. Récemment, Sa Sainteté (a.b.a.) m’accorde souvent un congé après nos discussions ou la présentation de mon rapport. Ce jour-là, alors que j’étais dans son bureau, j’ai observé Sa Sainteté travailler, ce qui m’a ramené à ces moments passés. J’ai ressenti du bonheur et de la joie à passer ces instants supplémentaires en compagnie du Calife.

Cependant, je n’étais pas préparé à ce que Sa Sainteté (a.b.a.) a dit en terminant son travail et en se levant pour retourner chez lui.

Il a dit :

آج مجھے کچھ گھبراہٹ تھی۔ طبیعت ٹھیک نہیں ہے اور اسلئے میں نے تمہیں پاس رکھا۔ اسلئے شائد تمہیں آج تھوڑا سا کم ٹائم ملا ہے گھر میں بچوں کے ساتھ۔

C’est-à-dire :

« Aujourd’hui, je me suis senti un peu mal à l’aise car je ne me sens pas bien, c’est pourquoi je vous ai gardé avec moi. Il se peut donc qu’aujourd’hui vous passiez un peu moins de temps à la maison avec vos enfants. »

Les paroles de Sa Sainteté (a.b.a.) ont suscité en moi un élan d’amour intense. J’aurais voulu lui exprimer toute mon affection, mais les mots me manquaient. Je me suis contentée de le remercier de m’avoir permis de rester à es côtés et j’ai prié pour son prompt rétablissement.

Le malaise pendant un voyage en Allemagne

Vers la fin du mois d’août de l’année dernière, Sa Sainteté (a.b.a.) s’est rendu en Allemagne pour honorer la Jalsa Salana de sa présence après un intervalle de 4 ans.

Comme d’habitude, la Qafila a emprunté le tunnel sous la Manche pour se rendre en Allemagne. En arrivant à Folkestone, point de départ de l’Eurotunnel, la Qafila a fait une brève halte à une station de service.

Sa Sainteté (a.b.a.) s’est assis à l’extérieur de la cafétéria et j’ai profité de l’occasion pour lui demander s’il voulait du thé ou du café.

Il m’a répondu qu’il ne se sentait pas bien et qu’il prendrait simplement un peu d’eau. Sa Sainteté (a.b.a.) avait l’air physiquement très faible, cela m’inquiétait, étant donné que le plus gros du voyage était encore devant nous et qu’il nous restait de longues heures avant d’atteindre Baitus Sabuh à Francfort. Je lui ai apporté de l’eau, le cœur serré par l’inquiétude et la tristesse en le voyant souffrir.

Quelques minutes plus tard, Sa Sainteté (a.b.a.) est retourné à sa voiture et nous sommes rapidement montés à bord du train. Sa Sainteté (a.b.a.) est resté dans sa  voiture pendant la traversée de la Manche. Peu après le départ, Mahmood Khan Sahib, qui conduisait la voiture de Sa Sainteté (a.b.a.), est venu me voir et a dit que Sa Sainteté (a.b.a.) demande si j’avais apporté des biscuits ou des encas.

J’ai rapidement saisi le sac que j’avais à côté de moi et en ai sorti ce que je pensais être les meilleurs biscuits et autres encas. Je les ai remis à Mahmood Khan Sahib qui les a apportés à la voiture de Sa Sainteté (a.b.a.) et les lui a présentés.

J’ai prié pour que Sa Sainteté (a.b.a.) et Khala Saboohi (l’épouse du Calife) les apprécient et que Sa Sainteté (a.b.a.) se sente mieux après avoir mangé quelque chose.

À notre arrivée en France, nous avons poursuivi notre trajet pendant un certain temps avant de nous arrêter pour déjeuner. Sa Sainteté (a.b.a.) n’a montré aucun signe de son malaise aux responsables de la Jama’at de l’Allemagne qui étaient venus l’accueillir et a dirigé les prières de Zuhr et d’Asr comme s’il n’était de rien. Par la suite, pendant plusieurs jours, y compris la période de la Jalsa Salana, Sa Sainteté (a.b.a.) est resté un peu malade, mais cela n’a pas affecté son travail.

Aucun repos

Chaque fois que Sa Sainteté (a.b.a.) m’indiquait qu’il n’était pas en bonne santé, j’ai toujours souhaité l’aider. Je regrettais ne pas avoir étudié la médecine car si j’étais devenu médecin, j’aurais pu être plus utile au Calife.

Peut-être discernant mes pensées, Sa Sainteté (a.b.a.) a fait la remarque suivante :

ڈاکٹرز مشورے دیتے رہتے ہیں، لیکن شفاء صرف اللہ تعالیٰ کے ہاتھ میں ہے۔

C’est-à-dire

« Les docteurs donnent leurs avis mais seul Dieu possède le pouvoir de guérir. »

Même si nous souhaitons que Sa Sainteté (a.b.a.) se repose ou prenne du temps pour lui, il le fait rarement, voire jamais.

L’été dernier, quelques semaines avant la Jalsa Salana du Royaume-Uni, j’étais à la maison avec mes enfants lorsqu’ils m’ont demandé s’il serait possible de partir quelques jours en vacances d’été.

L’idée m’a traversé l’esprit qu’il serait peut-être possible de visiter l’Espagne pendant 3 ou 4 jours entre les Jalsas du Royaume-Uni et de l’Allemagne. Cependant, ce n’était qu’une pensée et je n’avais pas encore envisagé de demander la permission au Calife.

Plus tard ce jour-là, j’ai rencontré le Calife pour lui soumettre mon rapport quotidien. Il s’est assis sur sa chaise et, en souriant, m’a demandé s’il y avait autre chose.

Bien que je n’avais pas prévu d’en parler, et avant même d’avoir eu le temps de réfléchir à la faisabilité de mon plan, j’ai fini par demander à Sa Sainteté (a.b.a.) s’il nous serait permis de nous rendre en Espagne cet été.

Tout d’un coup, j’ai remarqué Sa Sainteté (a.b.a.) prendre un air sérieux. Je ne me souviens pas de ses mots exacts, mais j’ai senti que Sa Sainteté (a.b.a.) n’était pas content. En quelques instants, il a indiqué que la rencontre était terminée et que je devais quitter son bureau.

J’étais stupéfait et dévasté. Je m’en voulais d’avoir fait une telle demande sans y avoir réfléchi ni prié à ce sujet.

Auparavant, chaque fois que je demandais un congé, Sa Sainteté (a.b.a.) me l’accordait et m’encourageait à passer du temps avec ma famille. Il en était de même pour les autres Waqf-e-Zindigis ou responsables. Par conséquent, en plus de mes regrets, je suis arrivé à la conclusion que c’était une erreur de demander un congé pendant une période aussi chargée. J’avais honte.

J’ai immédiatement écrit une lettre d’excuses au Calife, implorant son pardon. J’ai passé le reste de la soirée dans l’appréhension.

Le lendemain, alors que je me présentais pour rencontrer le Calife, j’étais extrêmement nerveux et inquiet. Je me demandais si Sa Sainteté (a.b.a.) avait déjà reçu ma lettre et j’appréhendais sa réaction si elle lui avait déplu.

En entrant dans son bureau, j’ai ressenti un soulagement immédiat en le voyant lever les yeux et m’accueillir avec un sourire éclatant et chaleureux.

Avant que j’ai eu la chance de prendre la parole, Sa Sainteté (a.b.a.) a dit :

« Hier, lorsque vous avez parlé de visiter l’Espagne, j’ai mal compris et j’ai pensé que vous suggériez que je fasse une pause et que j’aille en Espagne entre les Jalsas du Royaume-Uni et de l’Allemagne ! Je me demandais ce qui vous avait pris de me proposer cela. »

Puis il a dit :
« Si vous souhaitez y aller avec votre famille, allez-y ! »

Le lourd fardeau de culpabilité qui pesait sur moi depuis 24 heures s’est instantanément dissipé.

J’ai répondu :

« Huzoor, l’envie de partir en Espagne m’est complètement passée. Je ne sais même pas pourquoi j’en ai parlé. C’était une erreur de ma part. »

Sa Sainteté (a.b.a.) m’a rassuré en me disant de ne pas m’inquiéter et que si je souhaitais prendre congé, je devais en prendre. Il a même pris le calendrier sur son bureau et m’a indiqué les dates précises auxquelles je pouvais prendre congé. Je l’ai remercié, mais personnellement, j’avais décidé de ne pas prendre de vacances.

Pourtant, Sa Sainteté (a.b.a.) n’avait pas oublié et quelques semaines plus tard, il m’a demandé quand j’envisageais de prendre un congé. Je lui ai dit que je n’en plus l’intention, mais il a insisté, me disant que même si je ne souhaitais pas partir à l’étranger, je devrais quand même offrir une escapade à ma famille au Royaume-Uni. Nous avons donc suivi son conseil et on a passé un agréable séjour dans le nord de l’Angleterre en août, un souvenir cher à nos enfants.

La réaction du Calife lorsqu’il a pensé que je lui demandais de prendre une pause démontre son dévouement absolu à l’accomplissement de ses responsabilités en tant que Khalifatul Masih (le Calife du Messie). Quels que soient ses désirs ou son temps personnel, il les sacrifie tous au service de la communauté.

Une rencontre après mon retour du Canada

En début d’année, j’ai été invité par la Majlis Khuddamul Ahmadiyya du Canada à assister à une « Jalsa Khilafat » qu’ils organisaient à Peace Village.

Sa Sainteté (a.b.a.) avait approuvé leur demande et m’avait chargé d’y assister, tout en me demandant de faire en sorte que la visite soit la plus courte possible. J’ai pensé que, peut-être en raison de l’agitation mondiale, Sa Sainteté (a.b.a.) préférait que je ne m’absente pas trop longtemps. Quelle qu’en soit la raison, j’étais content de savoir que le temps passé loin de Sa Sainteté (a.b.a.) serait réduit au minimum.

Mon départ était prévu le soir du 2 février et mon vol retour pour le Royaume-Uni le soir du 4 février, arrivant à Londres tôt le matin du lundi 5 février.

La veille du départ, lors de la Mulaqat, j’ai informé Sa Sainteté (a.b.a.) que je devais partir le lendemain et lui ai demandé sa permission.

Sa Sainteté (a.b.a.) m’a demandé quand je reviendrais et je lui ai répondu que, si Dieu le veut, je serais de retour lundi matin.

Sur ce, Sa Sainteté (a.b.a.) a dit très affectueusement :

چلو پھر انشاءاللہ تمہارے سے منڈے کو ملاقات ہو گی۔

C’est-à-dire,

« En ce cas, si Dieu le veut, je vous reverrai lundi. »

Par la grâce d’Allah, la visite s’est bien déroulée, mais tout au long de mon séjour au Canada, j’étais impatient de rentrer chez moi et je priais pour que mon vol de retour ne soit pas retardé.

Par la grâce d’Allah, je suis rentré au Royaume-Uni à l’heure et j’ai atteint Islamabad en milieu de la matinée. À peine arrivé chez moi, j’ai reçu un message du bureau du secrétaire privé m’informant que Sa Sainteté (a.b.a.) s’enquérait de mon retour. Mubarak Zafar Sahib (Wakilul Maal adjoint) m’a également informé que Sa Sainteté (a.b.a.) avait posé la même question lors de sa Mulaqat ce matin-là. J’étais profondément touché par la sollicitude et l’affection de Sa Sainteté (a.b.a.) et j’attendais avec impatience de le rencontrer plus tard dans la journée.

Plus tard, lors de notre rencontre, Sa Sainteté (a.b.a.) s’est enquis du déroulement de mon voyage. Il était au courant qu’à mon arrivée au Canada, j’avais oublié ma sacoche d’ordinateur contenant un iPad dans l’avion. Heureusement, une hôtesse de l’air l’avait retrouvé et on me l’avait restitué plus tard dans la soirée.

Sa Sainteté (a.b.a.) a souri et a dit : « Vous avez toujours tendance à faire les choses à la hâte et vous avez donc probablement quitté l’avion le plus rapidement possible en oubliant votre sac ! » 

J’ai répondu que c’était exactement ce qui s’était passé !

Sa Sainteté (a.b.a.) m’a alors raconté un incident qui lui était arrivé avant son califat, où il avait oublié un petit sac contenant les passeports de sa famille dans l’avion. Par la grâce d’Allah, on avait retrouvé le sac et on le lui a restitué.

J’ai relaté à Sa Sainteté (a.b.a.) les événements auxquels j’avais assisté au Canada, et comment, lors d’une réunion avec mes hôtes, j’ai mentionné que le niveau de protocole et de déférence dont ils me faisaient l’honneur était excessif. Je ne me sentais pas à l’aise avec cela et je ne trouvais pas cela approprié.

Heureusement, Sa Sainteté (a.b.a.) a exprimé son appréciation du fait que j’aie mentionné ce point publiquement.

À la fin de la rencontre, Sa Sainteté (a.b.a.) a mentionné que je ne devais pas me présenter le lendemain car il serait à l’hôpital pour une endoscopie.

Cette nouvelle m’a rendu très inquiet et j’ai prié pour que Sa Sainteté (a.b.a.) ne ressente aucune gêne et que les examens et tests effectués conduisent à un traitement approprié pour les symptômes qu’il éprouvait depuis un certain temps.

La rencontre après l’endoscopie

Le lendemain de l’endoscopie, je me suis présenté au bureau du Calife et j’ai immédiatement demandé à Sa Sainteté (a.b.a.) s’il allait bien et comment les tests s’étaient déroulés.

Sur ce, Sa Sainteté (a.b.a.) m’a répondu :

« Louange à Allah, je n’ai ressenti aucune douleur. J’ai choisi de ne pas être anesthésié, et donc ils ont tout simplement pulvérisé le point d’entrée de l’endoscope. Le médecin qui a pratiqué l’intervention a ensuite dit qu’elle n’a jamais vu quelqu’un qui a choisi de rester éveillé pendant la procédure et n’a pas montré une réaction ni manifester la moindre gêne. »

Sa Sainteté (a.b.a.) a continué en souriant :

« J’ai répondu au médecin que c’était sans doute son expertise qui m’avait évité toute douleur ! Elle a beaucoup apprécié. De retour à Islamabad, je n’ai pas dirigé la prière d’Isha car j’avais un léger mal de gorge, mais je suis quand même venu au bureau le soir, comme d’habitude. »

Sa Sainteté (a.b.a.) a ensuite déclaré :

« En tout cas, vos prières ont certainement aidé aussi. Maintenant, attendons de voir quels sont les résultats. »

La nouvelle de la procédure médicale de Sa Sainteté (a.b.a.)

Quelques semaines plus tard, j’ai appris que les Ijtemas nationaux Waqf-e-Nau du Royaume-Uni, prévus fin avril, avaient été reportés sur instruction de Sa Sainteté (a.b.a.).

Je me suis demandé quelle en était la raison et j’ai pensé que c’était peut-être lié à la santé du Calife et qu’il devait suivre un traitement.

Un jour, début avril, j’ai mentionné à Sa Sainteté (a.b.a.) que les Ijtemas avaient été reportés et il m’a confirmé que c’était en raison d’un traitement médical prévu durant ces jours.

Quelques jours plus tard, lors d’une rencontre, j’ai demandé à Sa Sainteté (a.b.a.) des détails sur sa prochaine intervention. J’étais conscient que Sa Sainteté (a.b.a.) ne souhaitait peut-être pas partager les détails, mais il m’a très aimablement informé qu’il devait subir un remplacement de valve cardiaque.

Sa Sainteté (a.b.a.) a ensuite dit :

« Je vais devoir rester une nuit à l’hôpital, à moins qu’il ait une complication. »

En entendant cela, un frisson me parcourut l’échine et je tremblai à l’idée que quelque chose puisse mal tourner.

Cependant, j’étais également émerveillé par le calme et la confiance totale qui se lisaient sur le visage de Sa Sainteté (a.b.a.) face à ce qu’Allah avait décrété.

Ensuite, Sa Sainteté (a.b.a.) m’a indiqué de commencer mon rapport quotidien et la partie habituelle de ma Mulaqat a commencé. Sa Sainteté (a.b.a.) écoutait et donnait des instructions comme d’habitude.

Néanmoins, je me sentais distrait et, tout en parlant à Sa Sainteté (a.b.a.), je pensais en même temps à sa santé et à son traitement à venir.

Alors que la rencontre touchait à sa fin et que je me dirigeais vers la porte, Sa Sainteté (a.b.a.) m’a rappelé et m’a dit :

« N’en parlez à personne de ce que je vous ai dit au sujet de mon traitement. »

La grâce profonde de Sa Sainteté (a.b.a.)

Le 27 avril, l’une de mes nièces devait se marier à Islamabad. Toute notre famille souhaitait ardemment que Sa Sainteté (a.b.a.) honore le mariage de sa présence. Bien que je le désirais aussi pour ma nièce et ma famille, je craignais aussi que cela ne soit un fardeau pour Sa Sainteté (a.b.a.), vu qu’il ne restait que quelques jours avant son opération cardiaque.

Cependant, grâce à l’immense bonté du Calife, le secrétaire privé m’a confirmé le matin du mariage que, si Dieu le veut, Sa Sainteté (a.b.a.) y serait présent.

Lors de notre rencontre ce jour-là, je lui ai dit :
« Huzoor, toute ma famille est remplie de joie et de gratitude pour votre présence au mariage. Cependant, ma famille ignore que vous avez une intervention médicale dans deux jours, et je ne peux exprimer la gratitude que j’éprouve. Jazak’Allah Huzoor. »

Sa Sainteté (a.b.a.) a simplement souri et m’a invité à poursuivre mon rapport habituel.

Moments précieux avec Sa Sainteté (a.b.a.)

Le lendemain, le 28 avril, était la veille de l’opération. Si j’avais pensé même pour un moment qu’il serait anxieux ou inquiet, je me serais complètement trompé.

Au contraire, ce jour-là, Sa Sainteté (a.b.a.) semblait tout à fait détendu. Le matin, il a rencontré très chaleureusement une délégation de Khuddam de la Norvège.

Le soir, lors de ma rencontre avec Sa Sainteté (a.b.a.), il s’est enquis du mariage de ma nièce.

Lors du mariage, mon frère aîné Fareed a eu l’honneur de s’asseoir à côté de Sa Sainteté (a.b.a.). Plus tard, il m’a raconté qu’il avait complimenté à Sa Sainteté (a.b.a.) la qualité de la cuisine de l’équipe du Ziafat pendant le dîner.

Lorsque j’ai mentionné cela à Sa Sainteté (a.b.a.), il m’a répondu :

« En effet, votre frère m’a demandé qui avait formé les chefs de l’équipe Ziafat et je lui ai répondu que c’était moi. Par exemple, à leurs débuts, ils avaient l’habitude d’utiliser du garam masala (épices), qui est nocif pour la santé. Je leur ai donc appris à utiliser des épices fraîches, moulues sur place plutôt que d’acheter des mélanges tout prêts. »

Bien que Sa Sainteté (a.b.a.) était de très bonne humeur, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à l’intervention médicale. Tout à coup, je lui ai demandé :

« Huzoor, comment puis-je vous être utile demain ? Quel service puis-je vous rendre ? »

Il a souri. Je crois qu’il a apprécié ma sollicitude, mais il m’a aussi rappelé, avec bienveillance, l’importance d’être réaliste et de connaître ses limites.

Sa Sainteté (a.b.a.) a dit :

!تم دعا کرتے رہنا، یہ تمہاری خدمت ہو گی۔ اور کیا کر سکتے ہو؟ تم ڈاکٹر تو نہیں ہو

C’est-à-dire,

« Continuez à prier, c’est ce que vous pouvez faire de mieux. Que pourriez-vous faire d’autre? Vous n’êtes pas médecin ! »

Par la suite, l’un des moments les plus précieux que je chérirai à jamais, Sa Sainteté (a.b.a.) a mentionné avec beaucoup d’affection l’opportunité que j’avais eue d’être à ses côtés pendant de nombreuses années.

Sa Sainteté (a.b.a.) a déclaré :

« Abid, tu as passé plus de temps avec moi qu’avec le quatrième calife (r.h.) et même plus qu’avec tes parents. Ainsi, bien que ton père t’ait donné une bonne éducation, c’est moi qui ai pu te former et t’éduquer plus que quiconque. »

Déjà ému à l’idée de la chirurgie cardiaque de Sa Sainteté (a.b.a.), ses paroles me bouleversèrent davantage. J’avais tant de choses à dire, mais je savais que ma réponse ne pourrait jamais égaler sa grâce et son amour.

Je lui ai répondu :

« Huzoor, je suis très faible et je commets encore beaucoup d’erreurs, mais je sais que votre formation a apporté des changements positifs dans ma personnalité. Par exemple, quand j’étais jeune, je partageais absolument tout ce que je voyais et entendais avec les autres. Grâce à vous, j’ai appris l’importance de la discrétion et de la confidentialité. »

Sa Sainteté (a.b.a.) a répondu en souriant :

« Certes, certaines personnes ne peuvent s’empêcher de tout raconter aux autres, croyant gagner en popularité, en reconnaissance ou en importance. Mais ce n’est absolument pas la bonne approche. »

Sa Sainteté (a.b.a.) a ensuite placé une boîte de chocolats sur son bureau pour moi et ma famille, me signifiant ainsi que je pouvais partir.

Alors que je quittais le bureau, l’inquiétude concernant le traitement m’envahissait et je me demandais quand je le reverrais.

Je me suis retourné et j’ai demandé :

« Huzoor, quand est-ce que je vous reverrai ? »

Sur ce, Sa Sainteté (a.b.a.) a répondu :

« La chirurgie est prévue pour demain (lundi). Vous pourrez donc vous renseigner mercredi pour une audience. »

J’étais surpris que Sa Sainteté (a.b.a.) avait l’intention de retourner au bureau deux jours après la chirurgie et, une fois de plus, j’étais émerveillé par son dévouement absolu à servir la cause de l’Ahmadiyya. Je pensais qu’il se reposera pour au moins une semaine.

En fin de compte, Sa Sainteté (a.b.a.) n’a même pas pris deux jours de repos.

« Alhamdulillah, je vais bien et je prie pour que tout continue à aller bien à l’avenir. »

Le 29 avril 2024, le jour de l’intervention cardiaque, j’ai vu Sa Sainteté (a.b.a.) diriger la prière du Fajr comme d’habitude. Plus tard dans la matinée, il s’est rendu à Londres pour l’intervention.

Tout au long de la journée, j’ai prié pour la santé du Calife. Je ne savais pas exactement quand l’intervention devait avoir lieu ni combien de temps elle durerait. J’ai donc attendu plusieurs heures, jusqu’au soir, avant d’appeler le fils de Sa Sainteté (a.b.a.), Sahibzada Mirza Waqas Ahmad Sahib, pour demander de ses nouvelles.

À mon grand soulagement, il m’a informé que la chirurgie était terminée et que Sa Sainteté (a.b.a.) allait bien. Toutes les louanges sont à Allah.

Peu après, j’ai envoyé un message à Sa Sainteté (a.b.a.) pour m’enquérir de sa santé. Je ne m’attendais pas à une réponse, mais avec beaucoup de bienveillance, Sa Sainteté (a.b.a.) a répondu :

« Alhamdulillah, je vais bien et je prie pour que tout continue à aller bien à l’avenir. »

J’attendais avec impatience le retour de Sa Sainteté (a.b.a.) à Islamabad le lendemain et, j’espérais avoir l’opportunité de le rencontrer rapidement.

La rencontre après le retour de Sa Sainteté (a.b.a.)

Le mardi 30 avril, vers 12h45, Sa Sainteté (a.b.a.) est rentré à Islamabad.

Quelques minutes plus tard, j’ai reçu un message de sa part me demandant de me présenter pour une rencontre plus tard dans la journée.

J’étais extrêmement heureux que Sa Sainteté (a.b.a.) se sente suffisamment bien pour retourner au bureau le jour même, mais j’aurais aimé qu’il prenne au moins une journée complète de repos. Du coup, le seul jour où Sa Sainteté (a.b.a.) n’est pas venu au bureau été le jour de l’intervention.

Bref, après la prière d’Asr, je me suis présenté dans son bureau et j’ai ressenti un grand soulagement et de la joie en le voyant en bonne forme, assis à son bureau.

Le seul signe que Sa Sainteté (a.b.a.) avait subi une chirurgie cardiaque était peut-être une légère rougeur et un très léger gonflement de son visage. En l’observant, je trouvais Sa Sainteté (a.b.a.) plus rayonnant et plus beau que jamais. Il n’y avait aucune trace de l’épreuve qu’il venait de traverser. J’étais émerveillé et convaincu qu’une telle force et une telle endurance ne sont accordées qu’au Khalifa-Waqt (Calife actuel) par Allah le Tout-Puissant.

Je lui ai demandé comment il allait et il m’a répondu par une phrase en ourdou que je n’ai pas comprise.

Voyant mon incompréhension, Sa Sainteté (a.b.a.) m’a expliqué et a dit :

« Cela signifie que si les actions et le comportement sont bons, alors tout va bien. »

J’ai affirmé que selon cette définition, Sa Sainteté (a.b.a.) se portait à merveille et bien mieux que nous tous !
J’ai demandé à Sa Sainteté (a.b.a.) comment la procédure s’était passée.

Il m’a répondu :

« Toutes les louanges reviennent à Allah, le remplacement de la valve s’est bien passée. J’étais semi-conscient pendant toute la procédure et je priais constamment. Le chirurgien était compétent, mais en fin de compte, tout est dû aux bénédictions d’Allah. »

Sa Sainteté (a.b.a.) a poursuivi :

« Naturellement, j’ai ressenti un certain inconfort et une sensation de lourdeur dans la poitrine après la chirurgie. Cependant, bhai (Sahibzada Dr Mirza Maghfoor Ahmad) m’a informé que c’était normal, car le flux sanguin provenant du cœur avait soudainement augmenté et qu’il fallait un certain temps pour s’adapter. »

J’ai répondu :
« Huzoor, avant la procédure, vous m’aviez demandé de me présenter pour une rencontre mercredi, et j’ai pensé que c’était optimiste et que vous auriez besoin de vous reposer plus longtemps. Pourtant, en moins de 24 heures, vous êtes de retour à votre bureau ! »
Sa Sainteté (a.b.a.) a souri et a dit :

« Le secrétaire particulier vient de me voir avant votre arrivée et m’a demandé si je n’allais pas me reposer. Cependant, pour moi, se reposer, c’est être à mon bureau et assis dans mon siège. C’est ainsi que je me sens à l’aise. »

J’ai hésité à présenter des sujets officiels ou d’actualité à Sa Sainteté (a.b.a.), mais il m’a demandé les nouvelles de Gaza et d’autres événements d’actualités récents.
Au bout d’une vingtaine de minutes, Sa Sainteté (a.b.a.) m’a indiqué que je pouvais partir et, alors que je sortais, je l’ai entendu dire à Munir Javed Sahib (son secrétaire) :

« Apportez-moi maintenant mon daak (courrier). »


Et Sa Sainteté (a.b.a.) a ainsi repris son travail.

Comme Sa Sainteté (a.b.a.) l’a mentionné dans son sermon du vendredi, d’après les conseils de ses médecins, il n’a pas dirigé les prières pendant quelques jours. Cependant, mis à part cela, son emploi du temps professionnel a repris son cours habituel.

Par la grâce d’Allah, depuis lors, j’ai constaté que la santé de Sa Sainteté (a.b.a.) continue de s’améliorer.

Que Dieu Tout-Puissant accorde à Sa Sainteté (a.b.a.) une vie longue, saine et pleinement active. Et que tous les ahmadis du monde entier soient une source de réconfort et de joie pour notre Imam bien-aimé. Amine.

À propos de l’auteur : Abid Khan est le secrétaire de presse international de la Communauté musulmane Ahmadiyya.

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