Christianisme

La cruxifixion de Jésus : une lecture rationnelle des Evangiles

Jésus et les voleurs sur la croix.
Jésus est-il réellement mort sur la croix? La réponse se trouve dans les Evangiles.

Les derniers jours de Jésusas à Jérusalem sont probablement les plus étudiés de sa vie. Les quatre Évangiles du Nouveau Testament fournissent une multitude d’informations à propos des évènements qui ont mené à sa crucifixion.

Cette étude propose au lecteur un aperçu sur les derniers jours de Jésusas. De plus, le lecteur découvrira si Jésusas souhaitait se sacrifier de son plein gré pour porter tous les péchés de l’humanité.

Avant la visite de Jésusas à Jérusalem, les sacrificateurs s’étaient réunis et avaient décidé que l’intérêt de la nation résidaient dans la mort de Jésusas. Il semblerait que Jésusas ait été informé de ce plan grâce à une révélation divine ou par l’un de ses disciples secrets. Troublé par cette nouvelle, Jésusas alla prier dans le jardin de Gethsémané afin de retrouver sa sérénité.

L’arrestation et le procès de Jésusas

Étant un prophète, Jésusas se tourna surtout et en premier lieu vers Dieu, l’implorant de réduire à néant les desseins de ses ennemis : « Là-dessus, Jésus alla avec eux dans un lieu appelé Gethsémané, et il dit aux disciples : Asseyez-vous ici, pendant que je m’éloignerai pour prier. »  Il était très « accablé et inquiet », il cherchait à être seul, il s’assit sur le sol et pria. Ses supplications étaient, en effet, si intenses que certains manuscrits disent qu’il suait du sang. Il pria Dieu avec ferveur d’éloigner cette coupe de lui : celle-ci désignant symboliquement le destin.

Jésusas ne s’inquiétait guère pour sa vie, mais uniquement du plan des sacrificateurs qui avaient ordonné une exécution publique : s’ils réussissaient, cela mettrait fin à sa mission divine. Ses disciples et ceux qui le considéraient comme étant le Messie auraient répudié leur foi, car il aurait connu une mort maudite. En effet, selon l’Ancien Testament, le châtiment pour de tels imposteurs était d’attacher leurs corps aux arbres, ou sur le bois, suivi d’une exécution qui dissuaderait les autres. Le message était clair : de telles personnes sont maudites par Dieu. C’est pour cette raison que Jésusas pria Dieu, afin qu’Il réduise les plans de l’ennemi à néant et qu’il ne connaisse pas une mort maudite sur la croix.

Peu après, alors que Jésusas priait encore, des soldats juifs vinrent du Temple pour l’arrêter. Il se rendit à eux, et fut emmené devant le sanhédrin (conseil suprême juif) pour un procès rapide et mensonger. « Les principaux sacrificateurs et tout le sanhédrin cherchaient un témoignage contre Jésus, pour le conduire à sa mort, mais ils n’en trouvaient point. ». Cependant le sanhédrin était convaincu du blasphème et prononça une peine de mort. Mais une telle condamnation ne pouvait être exécutée que par les Romains : Jésusas fut donc apporté à Pilate, le gouverneur romain de la Judée.

Jésusas présenté devant Pilate

Devant Pilate, l’accusation de blasphème à l’encontre de Jésusas a été transformée en incitation aux troubles à l’ordre public. Or d’après les Évangiles, Pilate n’a trouvé aucune raison pour le mettre à mort. Pilate dit aux principaux sacrificateurs et à la foule : « Je ne trouve rien de coupable en cet homme.»  Pilate essaya de son mieux pour le libérer, il l’interrogea en personne, essaya de confier cette responsabilité à Hérode Antipas, il alla même jusqu’à libérer un meurtrier dans le but de le sauver. Précisons que ces efforts ne peuvent pas être entièrement attribués à sa compassion, car d’autres textes contemporains, et moins biaisés, présentent de Pilate une image plus négative. Philo, le philosophe juif et contemporain de Jésusas, énumère les maux répandus sous la gouvernance de Pilate : « Corruptions, insultes, vols, blessures scandaleuses et gratuites, une vague d’exécutions sans procès, une cruauté omniprésente, une barbarie effroyable et constante. »

Pilate avait sûrement des raisons solides pour agir de telle sorte, probablement le rêve de sa femme à propos de l’innocence de Jésusas. Mais il ne pouvait rien faire, car les sacrificateurs étaient à la tête d’une foule qui aurait causé des troubles et des querelles si jamais il refusait leur demande. « Et le gouverneur dit : Pourquoi ? Quel crime a-t-il commis ? Mais ils crièrent par-dessus tout, scandant : “Laisse-le être crucifié !” » Face à cette lourde menace, Pilate n’eut d’autre choix que d’ordonner la crucifixion de Jésusas.

La crucifixion

Jésusas a été emmené à Golgotha où on lui proposa du vin afin d’atténuer sa douleur, mais il refusa d’en prendre, car il avait la certitude que ses prières seraient exaucées, et qu’il ne subira pas une mort maudite. Au fil des heures passées sur la croix, Jésusas tombait progressivement dans un état d’inconscience. Ayant peur que Dieu ne l’ait abandonné, il cria dans un élan de désespoir : « Eli, Eli, lama sabach-thani ? » signifiant : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? ». 

Mis à mal par ce cri de désespoir, de nombreux exégètes déclarent qu’il citait le verset un du vingt-deuxième livre des Psaumes. Selon eux, Jésusas était à la fois Dieu et homme. Dieu ne peut en aucun cas s’approcher des péchés, or comme Jésus se sacrifiait pour racheter les transgressions de l’humanité, la partie divine de Jésusas devait le quitter, laissant sa partie humaine livrée au désespoir. 

Cette théorie pose un problème majeur : ces mots ont été prononcés par Jésusas en araméen. En hébreu, dans les Psaumes on trouve : « Eli, Eli, lama azabtani  ?  » alors que Jésus cria : « Eli, Eli, lama sabach-thani ?», s’il ne faisait que citer les Psaumes, pourquoi aurait-il crié la traduction en araméen ? À l’époque les juifs connaissaient une bonne partie des Psaumes, il en est de même pour Jésusas. Pourquoi aurait-il récité ce passage dans une autre langue ? Il s’agissait en fait d’un cri de désespoir, car les choses ne se passaient pas du tout comme il le souhaitait. Il était convaincu que Dieu allait entendre les supplications de son Prophète et de son Messie, mais il sentait que sa force oscillait et ne voyant aucune échappatoire, il cria : « Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Ceci montre que jusqu’au dernier moment, Jésusas avait foi en Dieu et il avait espoir que son appel serait entendu par le Tout-Puissant et qu’Il y répondra.

Il est aisé de comprendre par cet événement que Jésusas ne souhaitait pas se sacrifier pour racheter les péchés de l’humanité, au contraire, toute lueur d’espoir se dissipant, il lança un appel à Dieu pour que sa vie soit épargnée. Celui-ci y répondit en sauvant Jésusas de la mort sur la croix. Si nous ne partageons pas cette version, l’autre option sera d’accepter que Jésusas est mort d’une mort maudite – que Dieu nous en préserve.

Jésusas toujours vivant

La Sabbat débutant au crépuscule le vendredi, les criminels devaient être descendus de la croix et être tués rapidement selon la loi juive. Les soldats romains brisèrent les jambes des deux voleurs qui étaient de part et d’autre de Jésusas, afin que ceux-ci meurent rapidement par asphyxie, mais lorsqu’ils virent Jésusas inconscient, ils le crurent mort. « Quand ils vinrent auprès de Jésusas et virent qu’il était déjà mort, ils ne brisèrent pas ses jambes. Mais un des soldats perça son flanc avec sa lance et il en sortit du sang et de l’eau. » Afin de s’assurer que Jésusas était bien mort, l’un des soldats perça son flanc d’où jaillit du sang et de l’eau, un signe médical indiquant clairement que son cœur battait encore et qu’il était toujours vivant.

Certains exégètes défendent l’idée que Jésusas était mort avant ce coup de lance, et s’il ne l’était pas encore, ce fut la blessure qui l’aurait tué. On peut aussi évoquer l’auteur grec des Évangiles. Celui-ci décrit l’action du soldat en utilisant le verbe ηΰσσω (nussow) signifiant : piquer, donner un coup de couteau, ou percer, ce qui implique une petite entaille, ou percer, le but étant simplement de s’assurer que Jésusas était bien mort. Dans le cas contraire, le coup l’aurait fait réagir. Mais Jésusas ne montra aucune réaction, convainquant les soldats de sa mort. Certains commentateurs ont présenté des théories et des conditions médicales exceptionnelles qui pourraient expliquer que « du sang et de l’eau » aient jailli de l’entaille, mentionnant notamment la possibilité qu’un flux de fluide s’était formé dans les poumons ou autour du cœur. Cependant il ne faut pas oublier qu’il s’agissait d’un petit coup de lance superficielle et non d’un coup profond qui aurait pu endommager les organes vitaux de Jésusas. Le chercheur et écrivain Holger Kersten écrit :

« L’expression “du sang et de l’eau” est un idiome traditionnel de la langue arabe, utilisé pour mettre l’accent sur un événement. Aujourd’hui on peut dire qu’une personne transpire du sang. En allemand, on dit de quelqu’un qu’il “transpire du sang et de l’eau” — Blut und Wasser schwitzen — lorsqu’il travaille dur ou est très anxieux, sans pour autant signifier que du sang sort littéralement de ses pores. La même expression est utilisée lorsqu’on observe une plaie, et peut signifier simplement que beaucoup de sang en sort. Les témoins ont sûrement dû être très étonnés de voir autant de sang sortir d’une petite entaille faite sur le corps d’un prétendu mort, et ils ont simplement exprimé cet étonnement. » 

Comme les soldats romains ne remarquèrent aucun mouvement sur le corps de Jésusas, ils le considérèrent comme étant mort, et rapportèrent cela à leurs supérieurs. Le corps de Jésusas fut ensuite remis à ses disciples, Joseph d’Arimathée et Nicodème. « Nicodème, qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d’environ cent livres de myrrhe et d’aloès. »  Il appliqua environ 45 kg de myrrhe et d’aloès sur le corps de Jésusas. L’utilisation de ces deux plantes est très significative et cruciale, car cela fournit d’autres preuves significatives. Les disciples savaient que Jésusas était encore vivant. En effet, les deux plantes accélèrent la cicatrisation des plaies et étaient utilisées pour leurs vertus médicinales. L’aloès est une plante comprenant plus de 500 espèces, la plus connue étant l’Aloe Vera qui pousse en Afrique et au Moyen-Orient. Elle est très recherchée pour ses propriétés.

Le grand penseur Aristote, ayant eu connaissance de ses vertus thérapeutiques, notamment celle de la cicatrisation, et persuadé qu’elle serait très efficace pour soigner les soldats, ordonna à son élève Alexandre le Grand de conquérir toutes les terres où cette plante poussait, notamment l’île de Socotra et les côtes de l’Afrique de l’Est.

De même, Pedanius Dioscoride, un médecin de l’armée romaine, mentionne l’aloès médicinal dans son encyclopédie Greek herbal de Materia de Medica (environ 75 avant J.-C.). La myrrhe est aussi une plante médicinale très efficace : « Dans le passé, elle était utilisée pour des cérémonies religieuses, et comme agent cicatrisant. Dans la Bible elle est mentionnée comme un cadeau offert à la naissance du Christ.

Les Égyptiens étaient convaincus de ses propriétés cicatrisantes et ils en brûlaient tous les jours au cours de leurs rituels d’adoration. Lorsque les soldats grecs partaient au combat, la myrrhe faisait partie de leurs provisions, car elle possède des propriétés antiseptiques et anti-inflammatoires, elle était utilisée pour soigner les blessures et prévenir ainsi les infections, elle était aussi utilisée pour limiter la gangrène dans les parties du corps qui étaient déjà infectées. 

De nombreux exégètes ont débattu sur ce sujet : ils avancent l’explication que ces plantes étaient utilisées afin d’embaumer le corps du défunt, ou qu’elles étaient appliquées sur un trépassé conformément à la tradition juive. Il est important de préciser ici que l’embaument n’est pas une tradition juive : cela implique la découpe du corps et le retrait des organes internes, une pratique totalement étrangère aux coutumes juives. Selon ces dernières, des huiles sont certes appliquées sur la dépouille du défunt, mais uniquement dans le but de le parfumer et à des fins hygiéniques. Pendant la toilette du corps, des pommades et des plantes étaient utilisées, mais jamais de l’aloès ou de la myrrhe en raison de leurs coûts importants : elles étaient utilisées uniquement comme médicament. Les seules raisons expliquant l’utilisation d’une telle quantité de ces plantes thérapeutiques étaient de cicatriser rapidement les plaies de Jésusas et d’arrêter les saignements.

Les deux disciples, qui disposaient du corps de Jésusas, étaient convaincus de sa survie : d’où leurs efforts pour tenter de guérir ses plaies en y appliquant une grande quantité de ces plantes médicinales. Sinon il serait insensé d’appliquer une quantité si importante de ces produits coûteux sur les plaies d’une personne morte.

Jésusas placé dans la sépulture 

Une fois le problème des saignements résolus, Jésusas fut placé dans une large sépulture dont Joseph était le propriétaire.

Le lendemain, les sacrificateurs et les pharisiens rendirent visite à Pilate et lui demandèrent de placer des gardes devant la tombe, car Jésusas de son vivant avait dit : « Après trois jours, je ressusciterai. », par conséquent ils craignaient que les disciples ne dérobent le corps et ensuite proclament que Jésusas fut ressuscité. Mais cette raison est absurde, car même si les disciples avaient pris le corps qu’en auraient-ils fait avec ? S’ils avaient proclamé que Jésusas a été ressuscité, la simple question « Où est-il ? » les auraient mis à mal.

Les sacrificateurs exigèrent que des gardes soient postés devant la sépulture parce qu’ils doutaient de la mort de Jésusas. Il était jeune et vigoureux et il était mort beaucoup trop tôt selon eux. Leur doute les conduisit auprès de Pilate pour lui demander une surveillance, au cas où les disciples reviendraient et aideraient Jésusas à sortir. Pilate accepta finalement de poster des gardes, sans que cela n’ait pu compromettre le plan de Dieu, qui était de sauver Jésusas.

Les événements rapportés avant, durant et après la crucifixion dans le Nouveau Testament, montrent que Jésusas n’a pas été crucifié de son plein gré. Au contraire il pria dans le jardin de Gethsémané afin d’être sauvé du supplice que les sacrificateurs préparaient pour lui, et il démontra une foi inébranlable au cours de ces épreuves. Ses prières furent exaucées. Le plan de Dieu se déroula comme décrit dans les Évangiles. Jésusas présentait des signes de vie, il fut ensuite soigné à l’aide de pommades (faites) à base de plantes médicinales et placé dans une sépulture où il reprit force.  Bien qu’il ait été mis à rude épreuve par les sacrificateurs, qui annoncèrent « Que le Christ, le roi d’Israël, descend maintenant de la croix, afin que nous voyions et que nous croyions ! », finalement ses prières furent entendues. Sa survie du supplice prouve qu’il était le Messie envoyé par Dieu, comme l’atteste le Saint Coran :

« Et qu’ils ont dit : “Nous avons en vérité tué le Messie, Jésus, fils de Marie, Messager d’Allah” ; ils ne l’ont ni tué ni crucifié, mais il leur a été fait apparaître comme crucifié ; et ceux qui ne s’accordent pas là-dessus sont assurément dans le doute à ce sujet ; ils n’en ont aucune connaissance sûre, mais ne font que poursuivre une conjecture, et ils ne l’ont certainement pas tué. Tout au contraire, Allah l’a exalté à Lui. Et Allah est Tout-Puissant, Sage. »

Hazrat Mirza Ghulam Ahmadas, l’Imam Al-Mahdi et Messie Promis, explique dans son livre Jésus en Inde :

« Le fait que Jésus rencontre les disciples après la crucifixion, qu’il voyage jusqu’en Galilée, qu’il mange du pain et de la viande, les marques de blessures sur son corps, le fait qu’il est resté une nuit à Emmaüs avec l’un de ses disciples, le fait qu’il réussisse à échapper à la juridiction de Pilate et à émigrer de cet endroit, comme le faisaient les prophètes précédents, et qu’il voyage sous l’ombre de la peur ; l’ensemble de ces événements prouvent qu’il n’est pas mort sur la croix, il resta un mortel et ne changea pas. » 


Bibliographies et références

  1. Jean 11 : 49-50
  2. Marc 14 : 18-21, Jean 13 : 21-30
  3. Matthieu 26 : 36-46
  4. Codex Sinaiticus and Bezae
  5. Matthieu 20 : 22
  6. Deutéronome 21 : 22
  7. Jean 18 : 2-4, 10-12
  8. Marc 14 : 53-55, 61-64
  9. Jean 18 : 31
  10. Luc 23: 2
  11. Luc 23: 4
  12. Marc 15: 2-5
  13. Luc 23: 6-12
  14. Matthieu 27: 15-23
  15. Philo, On The Embassy of Gaius, Livre XXXVIII, p.299-305
  16. Matthieu 27 : 19
  17. Matthieu 27 : 24-26
  18. Jean 19 : 16
  19. Marc 15 :22-27
  20. Marc 15 : 34
  21. Jean 19: 31-34
  22. Friberg Miller, Analytical Lexicon of the Greek New Testament
  23. Kersten Holger, The Jesus Conspiracy: The Turin Shroud & The Truth About The Resurrection, 1995, p.251
  24. Jean 19: 38-42
  25. Aristotle’s view on Aloe : www.aloe-spectrum.com/body_aloes.htm
  26. Myrrh properties explore : mdmd.essortment.com/whatismyrrh_riss.htm
  27. Jean 19 : 40
  28. Jean 19 : 41-42
  29. Matthieu 27 : 62-66
  30. Marc 15 : 17-32
  31. Le Saint Coran, chapitre 4, versets 158-159
  32. Mirza Ghulam Ahmadas, Jesus en Inde, chapitre 1

Article écrit par S. M. Ahmad, publié dans l’édition de mars 2012 de la Review of Religions.

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