À chaque nouvelle année, le monde se met en émoi et les appels à la paix se multiplient d’un point de vue mondial, sans oublier le « bonne année et bonne santé » coutumier à tous les francophones. Il n’en demeure pas moins qu’en tant que musulman, nous avons l’obligation d’aller plus loin. Notre conception de la vie doit nécessairement s’accommoder de l’état du monde et plutôt que de se contenter de résolutions, nous devons prendre des actions concrètes afin d’avancer spirituellement.
Tout musulman Ahmadi se souvient de l’incident raconté par le quatrième Calife de notre communauté qui était à une station de train lorsque minuit sonna et qu’il déploya son tapis de prière afin de prier pour la nouvelle année et l’état du monde. C’est alors qu’un individu, pleurant aux larmes, vint à sa rencontre pour lui dire que pendant que le monde s’alcoolise, vous êtes le premier individu que je vois se souvenir de Son Créateur.
Car dans un monde dominé par le matérialisme et l’athéisme, le souvenir de Dieu est bien absent des résolutions de tout un chacun pour la nouvelle année. Au contraire, on se souhaite une nouvelle année de « bonheur », avec beaucoup de « sous » et de « paix ». Toutefois, force est de constater qu’au fur et à mesure des années qui passent, notre bonheur s’amenuise (il suffit de regarder les statistiques de dépression d’année en année), le monde « riche » est en voie de paupérisation, et la paix semble être une conception bien lointaine que peu d’entre nous aurons la chance de rencontrer.
Si ce constat est pour le moins sombre, Dieu n’a pas démuni le croyant d’outils afin de pallier l’ambiance morose. En effet, Dieu dit dans le Qur’ān : « Ceux qui croient et dont les cœurs trouvent la tranquillité dans le souvenir d’Allah. Oui, c’est dans le souvenir d’Allah que les cœurs trouvent la tranquillité »[1]. Bien que cette affirmation soit simple en apparence, elle est remplie d’une sagesse dont les contours sont difficilement traçables tant elle est profonde.
Si nous, en notre qualité de musulman, décidons, pour cette nouvelle année qui commence, de placer notre tranquillité dans le souvenir d’aller, nous allons naturellement attraire le bonheur à notre porte. Il faut quelque peu expliciter cette affirmation pour la comprendre. Le Saint Prophète[2] disait qu’en tout temps il faut garder une vision optimiste de la vie. Pendant les plus grandes batailles, nous avons vu le Saint Prophète[3] faire preuve d’un optimisme déconcertant. Le fait de se contenter des choses que l’on a et de ne pas aspirer à plus en revanche toujours regarder celui qui a moins et de remercier Dieu pour ce qu’Il nous a donné, est un premier pas majeur vers le bonheur. D’aucuns pensent que dire « Alhamdolilah » (toutes les louanges appartiennent à Allah) est devenu un verbiage de la langue courante : il faut refuser cette simplification outrancière. Il s’agit en réalité d’un premier pas vers le bonheur puisque nous nous contentons de ce qu’Allah nous donne et nous ne sommes pas dans l’idée d’une prédation constante d’un bonheur hypothétique et matérialiste.
Ensuite, si nous réfléchissons au vœu, de fait pieux, qui est de souhaiter d’avoir une année riche en fortune et en richesse matérielle, il va de soi que les années passées démontrent que la population mondiale s’appauvrit et qu’une infime minorité s’enrichit. C’est bien que les résolutions prises en début d’année ne marchent pas, ou ne produisent qu’un effet très relatif sinon microscopique. En revanche, si nous suivons un seul verset, dans l’océan des versets contenus dans le Qur’ān qui enjoint ceux qui croient de se souvenir d’Allah, alors nous nous contenterons de ce qu’Allah nous a donné et encore une fois, nous nous exclamerons du terme « Alhamdolilah » (toutes les louanges appartiennent à Allah). Non seulement nous ne regarderons pas le voisin plus riche que nous avec des intentions matérialistes, mais bien plus encore, nous nous attirons la satisfaction de Dieu qui pourra, dans Sa Grande Miséricorde, nous récompenser par davantage de richesse. Si nous entendons conquérir des richesses par l’aide mondaine, cette quête est vaine et n’est qu’une idylle sans lendemains prospères.
Nous entendons également, lorsque nous nous souhaitons la nouvelle année, une résolution qui est formulée de la manière suivante : « on espère la paix dans le monde ». Or, on voit que le monde a pris la direction opposée à la paix. Toutes les recettes typiques qui visent à créer et perpétuer le désordre sur la Terre sont suivies à la lettre par les puissances mondiales. Cela est constamment rappelé par notre Calife, Hadhrat Mirza Masroor Ahmad[4] et pourtant peu nombreux sont les dirigeants qui tendent l’oreille. Or, encore une fois, si nous décidons de suivre ce que le Qur’ān nous enjoint de faire, à savoir se souvenir d’Allah, implorer Son pardon et Sa miséricorde, alors nous avons une chance d’établir une paix intérieure qui pourra aboutir à une paix à l’extérieur.
Enfin, dans toutes les résolutions que nous souhaitons, nous entendons également nous souhaiter une excellente santé. Or, dans la Sourate At-Taubah, verset 116, Dieu dit : « Assurément, c’est à Allah qu’appartient le Royaume des cieux et de la terre. Il donne la vie, et Il donne la mort ; et vous n’avez ni ami ni aide hormis Allah ». Ce verset induit de nombreuses conséquences. Lorsque nous sommes malades, nous avons tendance à nous souvenir des membres de la famille que nous avons négligés ou encore à placer notre confiance en Allah. Mais bien souvent, ces membres de la famille nous en veulent de les contacter qu’en période de maladie et les médecins se contentent de délivrer un diagnostic professionnel de ce qui se passe d’un point de vue anatomique. C’est ainsi et dans ce sens précis qu’Allah dit que dans toute votre vie, et à votre mort, vous n’avez pas d’autres amis à part Allah. C’est pourquoi, que le gouvernement donne le droit de s’euthanasier ou pas, qu’il nous donne l’impression que c’est une liberté fondamentale ou pas, elle demeure liée à une conception purement matérialiste de la vie.
Il est temps, face à l’échec de toutes ses résolutions que nous nous souhaitons chaque année avec l’ambition qu’elles se réalisent au cours de l’année à venir de dresser le constat de leurs échecs. Il est tout aussi important de se focaliser sur le souvenir d’Allah, seul remède aux maux que nos cœurs peuvent ressentir et aux maux que le monde traverse et auxquels nous assistons, spectateurs. Que Dieu nous pardonne et qu’il donne l’occasion de se souvenir de Lui, avec profondeur et entièreté, tel que cela nous a été enjoint par le Messie Promis[5]. Ameen[6].
À propos de l’auteur : Asif Arif est membre de la Communauté musulmane Ahmadiyya, avocat aux Barreaux de Paris et de Californie, et auteur spécialiste des questions de religions et laïcité.
[1] Qur’ān (13:29).
[2] Que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui.
[3] Que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui.
[4] Que Dieu lui vienne en aide et lui accorde une longue vie.
[5] Que la paix soit sur lui.
[6] Ainsi soit-il.
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