Souvent, la foi et la religion sont des aspects intégrés de leur vie depuis l’enfance, mais à cause des défis qu’elles ont rencontrés, elles abandonnent leur foi au fil du temps. Cependant, elles ressentent un vide spirituel qu’elles cherchent à combler. Dans cet article, nous explorerons le parcours d’une personne qui a fait ce chemin, sa motivation derrière sa recherche ainsi que les implications de ce changement sur sa vie.
Comment définit-on l’athéisme ?
Selon l’Encyclopædia Universalis, le terme « athée » signifie littéralement « sans dieu ». L’athéisme désigne par conséquent celui qui nie l’existence de Dieu ou ne croit pas en l’existence de Dieu.[1] Il y a maintenant autant d’athées que de croyants au Québec. Selon un sondage Léger-Le Devoir, à la question « Personnellement, croyez-vous en Dieu ? », 51 % des Québécois ont répondu oui et 49 %, non.[2] Ces résultats peuvent être mis en comparaison avec le portrait de groupe réalisé récemment en France par l’Institut français d’opinion publique, où là aussi la moitié des répondants ont dit ne pas croire en Dieu, une première au pays de l’invention de la laïcité.
Le Saint Coran ne parle pas directement de l’athéisme, mais plusieurs versets font référence à des idées qui y sont liées par exemple dans le chapitre Al-Baqarah verset 29, Allah dit :
« Comment pouvez-vous ne pas croire en Allah ? Vous étiez sans vie et Il vous a donné la vie. Ensuite, Il vous fera mourir, puis Il vous rendra à la vie, et alors vous serez ramenés à Lui ».
Ou encore dans At-Tur verset 36 où Il dit : « Ont-ils été créés de rien ou sont-ils eux-mêmes les créateurs ? »
Pendant la conférence en ligne organisée par The Review of Religions, The God Summit, nous avons la chance de débattre sur l’existence et la pertinence de Dieu et de découvrir les histoires personnelles d’expériences avec Dieu. Au cours de la conférence de cette année, nous avons pu entendre le témoignage d’Alexandre, jeune réalisateur suisse qui a découvert l’Ahmadiyyat en 2021.
Né dans une famille chrétienne protestante, Alexandre fut baptisé par tradition plutôt que par conviction. Pour sa famille, la religion ne faisait pas partie intégrante de leur vie quotidienne. Il n’y avait pas de pratiques religieuses régulières comme aller à la messe, mais on fêtait quand même Noël. Aussi, sa grand-mère lui lisait régulièrement la Bible et c’est elle qui lui transmet la foi en l’existence de Dieu. Cependant, à l’âge de 14 ans, il perd son père subitement et c’est là que commence le questionnement sur la religion, mettant en cause les raisons de cette souffrance et il cherche à comprendre le sens de la foi.
Pendant une bonne dizaine d’années, Alexandre se considère comme athée, mais sa vie ne change pas drastiquement comme on ne faisait pas de chose ou de rites particuliers dans sa famille. Mais au bout de ces 10 ans, il a en tête d’étudier la Bible et la Torah pour essayer de trouver des arguments pour démontrer que Dieu n’existe pas. En même temps, pour son parcours professionnel, il sent qu’il a besoin de découvrir le monde et donc décide de visiter l’Inde pour découvrir les pratiques spirituelles. Avec le yoga et la méditation, il trouve une certaine spiritualité, mais trouve qu’il manque encore un bien être profond dans son âme. Malgré les recherches dans les livres hindous, il ressent toujours un vide intérieur et est en quête des enseignements qui pourront lui montrer comment vivre sa vie et de notre objectif sur cette terre. La Bible non plus ne lui avait pas apporté ces réponses.
Après l’Inde, Alexandre visite le Sri Lanka et par la suite l’Égypte où pour la première fois, il voit des gens offrir la salât (prière islamique). La scène se déroule devant le Nil après le coucher du soleil, pour les prières de Maghrib (prière du coucher du soleil). Ce fut un moment magnifique et émouvant même s’il ne comprenait pas ce qu’ils faisaient. Il y a eu une attirance qui a piqué sa curiosité et qui l’a emmené vers la lecture du Saint Coran. Malgré l’objectif de trouver des arguments contre la religion dans la Torah et la Bible, dans le Saint Coran il y trouve certaines choses qui lui plaisent et certaines choses qui remettent en question son point de vue sur la vie jusqu’à présent.
Son voyage se poursuit vers le sud de l’Égypte, proche du Soudan, et Alexandre sent qu’il faut qu’il aille à un endroit sur une petite île qu’il connaissait déjà où il n’y avait rien. Là-bas, après un moment d’attente, il voit quelqu’un arriver et les deux commencent à discuter sur le but de la création de l’être humain. Cette personne, Abdel Majeed Warraich, musulman ahmadi et originaire du Pakistan, était en Égypte pour apprendre l’arabe. Il devient son ami et lui offre un livre « La philosophie des enseignements de l’Islam[3] ». Pendant la journée, Alexandre lisait le livre et le soir rencontrait Abdel Majeed pour lui poser des questions et discuter de l’Islam. C’était son premier contact avec cette religion.
Le voyage se poursuit au Soudan et parce qu’il n’avait que ses cartes bancaires et pas d’argent comptant sur lui, Alexandre se rend à son ambassade qui lui conseille de rentrer, car c’était dangereux ici. L’ambassade n’a pu faire grand-chose pour lui, mais un employé l’emmène chez une personne, Zuruk, qui s’avère être musulman, pour qu’il puisse se faire loger. Alexandre le voit prier et lui demande s’il peut se joindre à lui question d’essayer. Une première prière un peu dans l’inconnu, mais qui l’a apaisé. Après cette expérience, Alexandre décide de prier seul dans sa chambre tout en demandant à Dieu « si Tu es là, ouvre (comme si Dieu devait lui ouvrir la porte). » Pendant sa prière, il entend frapper à la porte et pense que c’est Zuruk. Cependant, par après lorsqu’Alexandre est allé lui voir, ce dernier lui dit que ce n’était pas lui. Le symbolisme de frapper à la porte au même moment où Alexandre demande à Dieu de lui ouvrir la porte sera un des nombreux signes de la manifestation et de la présence de Dieu dans la vie d’Alexandre. Cela ne fait que renforcer son désir de prier et de se rapprocher de Dieu.
Il poursuit ensuite son voyage en Turquie où il rencontre des musulmans qui lui donnent des livres sur l’Islam. Il apprend sur la vie du Saint Prophète (s.a.w.), continue ses recherches et lit le Coran, mais sent que ce qu’il avait appris en Égypte était différent. Il poursuit son voyage vers la frontière syrienne, mais celle-ci était fermée. Il décide alors de retourner en Égypte là où il avait rencontré le musulman ahmadi et y passe trois mois. Il continue à lire des livres, à discuter de l’Islam et découvre pour la première fois le Ramadan. Il apprend les bases solides de l’Islam sans vraiment approfondir sur l’Ahmadiyyat. Ces trois mois, Alexandre les dédie à sa recherche de spiritualité et essaye de trouver les réponses à ses questions.
De retour en Suisse, Alexandre continue à prier cinq fois par jour et commence à délaisser certaines habitudes comme l’alcool et la cigarette. Ensuite fut le temps d’annoncer à sa famille qu’il était musulman. Comme il y a toujours eu des conversations ouvertes, sa mère et sa sœur l’ont soutenu et respecté sa décision. Après plusieurs mois d’observance religieuse dans un contexte européen, il trouve que sa foi est la même et décide de prendre contact avec la communauté islamique Ahmadiyya pour continuer l’apprentissage et des discussions avec des missionnaires. Au bout de quelques mois, Alexandre prendra la Bai’ah (serment d’allégeance) le 8 octobre 2021 qui se trouve être la date de son anniversaire. Un beau symbole de nouveau départ et d’engagement.
Même Alexandre l’avoue, il y a eu une évolution dans sa personnalité. Il a trouvé une certaine paix et a appris encore plus ce qu’est le respect envers les autres plus particulièrement envers sa mère. Ce qui m’a touché dans l’histoire d’Alexandre c’est comment en si peu de temps, il a réussi à faire de Dieu son meilleur ami. En citant le Messie Promis (a.s.), qui parle de Dieu comme son Bien-aimé, Alexandre a compris qu’Allah est comme un meilleur ami qui prend toujours soin de lui.
Le parcours vers l’Ahmadiyyat d’Alexandre est une expérience unique marquée par une quête de sens, de vérité et de spiritualité. Avec sa sincérité et son ouverture d’esprit, il a pu trouver la paix, la guidance et un but. L’Islam, avec ces enseignements riches et l’Ahmadiyyat, avec sa communauté vibrante lui a offert une voie pour explorer sa spiritualité.
« Les croyants sont seulement ceux qui croient vraiment en Allāh et en Son Messager, et ensuite ne doutent pas, mais luttent avec leurs biens et leurs personnes pour la cause d’Allāh. Ceux-là sont les véridiques. » (Le Saint Coran, 49:16)
À propos de l’auteure: Rabia R-Toraubally est une Mauricienne installée au Canada depuis 2016. Elle détient un Baccalauréat (licence) en traduction de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Elle est membre de l’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec.
[1] https://shs.cairn.info/atlas-des-religions-passions-identitaires-et-tensions-geopolitiques–9782080430410-page-48?lang=fr
[2] https://www.ledevoir.com/societe/642084/l-adieu-a-dieu
[3] https://islam-ahmadiyya.org/images/stories/pdf/la_philosohie_des_enseignements_de_lislam.pdf
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