Femme

Sarah Voss et l’hypersexualisation des athlètes féminins

De nombreux scandales d'harcèlements sexuels ont éclaté ces dernières années dans le milieu du sport. Que nous enseigne le cas de la jeune athlète allemande Sarah Voss ?

Sarah Voss, une jeune gymnaste allemande de 21 ans a participé ce 21 avril aux Championnats d’Europe à Bâle en portant une combinaison lycra couvrant ses bras jusqu’à ses chevilles. Elle n’a remporté aucune médaille et pourtant c’est bien elle qui a marqué les esprits durant cette compétition. Délaissant le justaucorps échancré traditionnel, la tenue de Sarah Voss pourtant conforme au règlement de la Fédération internationale de gymnastique a fait polémique.  

Malgré son jeune âge, Sarah Voss a pu s’expliquer à la radio allemande ZDF, et a manifesté son agacement. Elle explique que : 

« Nous, les femmes, nous voulons simplement nous sentir bien dans notre peau. Or, en gymnastique, plus vous grandissez et quittez votre corps d’enfant, plus cela devient difficile. Quand j’étais petite, je n’avais aucun problème avec le justaucorps et sa coupe échancrée, mais quand la puberté est arrivée, là j’ai senti un inconfort, un malaise croissant. »

La Fédération allemande a apporté tout son soutien à sa gymnase Sarah Voss et d’ailleurs, deux de ses compatriotes ont suivi son exemple en revêtant une combinaison similaire couvrant leurs bras et leurs jambes pendant la compétition. On peut ici se demander si le port d’une combinaison a un impact sur la performance du sportif. Cependant un justaucorps ou une combinaison n’entrave pas à la compétence sportive. On peut d’ailleurs se demander ici, pourquoi un gymnaste n’a pas de soucis à couvrir ses jambes contrairement à la gymnaste, qui elle est confrontée à la beauté du corps de la femme de par sa nudité. 

L’hypersexualisation des femmes dans le milieu sportif est un débat qui relève souvent des questionnements sur les abus que subissent les sportives. En 2016, la gymnastique a connu le plus grand scandale de l’histoire du sport. Larry Nassar, un ostéopathe américain qui exerçait depuis trente ans au sein de la clinique sportive de l’université de Michigan State et de la Fédération de gymnastique américaine (USA Gymnastics) a été condamné à perpétuité en janvier 2018 pour avoir agressé sexuellement plus de 265 femmes et adolescentes. Il y a d’ailleurs un documentaire sur Netflix intitulé « Team USA : Scandale dans le monde de la gymnastique » qui retrace ces terribles faits à travers les témoignages des victimes à visage découvert.

Depuis ce scandale, la parole s’est peu à peu libérée et beaucoup d’athlètes racontent les pressions subies dans ce milieu. Cinq anciennes gymnastes ont raconté leurs histoires lors d’un entretien accordé à la BBC Sport, à la lumière des allégations généralisées d’abus qui ont secoué le sport ces dernières semaines. L’ex-gymnaste Abbie Caig raconte son expérience pendant les Jeux Olympiques de Londres en 2012, et estime que la priorité est donnée au succès plutôt qu’au bien-être des individus. Elle explique : 

« Ce n’était pas un endroit heureux, et cela aurait dû être un endroit heureux et un endroit amusant. C’était un sport que nous aimions tous, mais pour moi, c’est devenu un sport que je détestais absolument. » 

Ces femmes dénoncent la pression quotidienne subie lors des entrainements et des compétitions et ça dès leur plus jeune âge. La plupart des gymnastes n’ont raconté leurs expériences à leurs parents qu’après leur retraite, tandis que d’autres parents n’ont appris ce que leurs enfants ont subi que depuis que les premières allégations ont été rendues publiques ces dernières semaines. Amber Leyland raconte que pendant un entrainement à la poutre, elle s’était faite mal au pied provoquant un craquement et puis a chuté. Malgré ça il lui a été demandé de continuer son entrainement pour une obligation de résultat. Dès qu’elle s’est rendue à l’hôpital, le verdict était sans appel ; elle s’était fracturé la cheville à quatre endroits ! 

Ces différents abus subis par ces femmes ont provoqué un sentiment de dégout, de tristesse et voir même d’anxiété. L’une d’elle raconte même avoir mis tous ses trophées de côté car la gymnastique lui faisait rappeler des souvenirs douloureux. D’ailleurs sur les réseaux sociaux et notamment sur Instagram, l’hashtag #GymnastAlliance a été créé afin de partager les expériences de chacune mettant en évidence les abus verbaux et physiques auxquelles elles ont dû faire face. 

Les gymnastes ont partagé des histoires horribles leur faisant honte, étouffant leurs émotions, subissant des pressions quotidiennes physiques et morales et les forçant à s’entraîner avec des blessures, en utilisant la course aux médailles comme moyen de rationaliser des comportements honteux. Le milieu sportif doit prendre ses responsabilités en instaurant des mesures de protection vis-à-vis de chaque athlète, et ça dès leur jeune âge, afin de prévenir les risques psychosociaux et pervers, espérons-le avant les Jeux Olympiques de Tokyo prévus cet été.

De nos jours, il semble que la perversion soit devenue la norme dans notre société. Nous avons été si accoutumés et programmés à l’exhibition du corps féminin, devenue une banalité, qu’il y a un certain malaise dès lors qu’une femme décide de se couvrir comme dans le cas de Sarah Voss. Très souvent les témoignages d’athlètes et de femmes ayant subies un harcèlement sexuel fait la une des journaux pendant quelques semaines puis leurs cas sombrent dans l’oubli sans que personne n’envisage de trouver une solution à ces problèmes majeurs et récurrents.

L’islam est une des religions qui s’intéresse au fond du problème : la nature de l’interaction des deux sexes. A travers l’injonction du voile, destinée aux hommes et aux femmes, l’islam prône l’instauration d’un mode de vie modeste et appelle spécifiquement à préserver la dignité de la femme.

Dans le Saint Coran verset 27 du chapitre 7, Dieu affirme à l’ensemble des croyants, sans distinction de sexes, à se couvrir :

« Ô enfants d’Adam, Nous avons en vérité fait descendre sur vous des vêtements pour couvrir votre nudité et pour servir de parure ; mais c’est le vêtement de la piété qui est le meilleur. »

Le Saint Coran, 7:27

Pour instaurer un modèle de modestie réussi, l’islam enjoint d’abord aux hommes de restreindre leurs regards et exercer une maîtrise sur leurs pulsions, de sorte qu’ils n’entretiennent aucune pensée malsaine envers les femmes :

« Dis aux croyants de restreindre leurs regards et de préserver leurs parties intimes. Cela est plus pur pour eux. »

Le Saint Coran, 24: 31-32

Que la femme choisisse ou non de porter un voile, l’islam n’accuse pas les femmes d’inviter l’homme à l’harcèlement. Au contraire, la dignité féminine constitue un aspect éminent des enseignements islamiques refusant la capitalisation du corps féminin.


A propos de l’auteure : Touba WASIM est une française de confession musulmane. Elle travaille actuellement en tant que comptable dans une société à Paris. Elle est passionnée par l’actualité sportive.


REFERENCES : 

Sarah Voss, la gymnaste allemande qui a osé porter une combinaison intégrale aux championnats d’Europe – Madame Figaro (lefigaro.fr) 

Gymnastique : une combinaison interpelle sur la sexualisation des corps – Elle 

BBC – #GymnastAlliance 

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